Titre | Moires et émois. L'étoffe des émotions à la fin du Moyen Âge, chez Jean Renart, Christine de Pizan et Antoine de la Sale | |
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Auteur | Tristan Fourré | |
Revue | Le Moyen Age | |
Numéro | tome 126, no 3, 2020 Le Moyen Age 2020/3-4 | |
Rubrique / Thématique | Articles |
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Page | 493-509 | |
Résumé |
Alors que le paraître acquiert de plus en plus d'importance à la fin de l'ère médiévale, nous examinons l'évolution de l'écriture de l'intime, corrélative d'un glissement du statut du motif vestimentaire : habituellement relégué au rang descriptif et considéré comme secondaire par rapport au récit, l'habit s'y trouve désormais privilégié. Cela nous invite à comprendre comment se dit l'affectivité dans une littérature qui préfigure ou entérine la fin des idéaux courtois. Traversant la frontière entre émotions trahies par le corps et émotions traduites par le vêtement, nous montrons que le vêtement fonctionne comme un langage émotionnel codifié qui permet d'afficher des émotions choisies pour mieux s'intégrer au sein des communautés émotionnelles curiales et participer au jeu de l'amour (encore faut-il ne rien laisser au hasard et déjouer les mauvais tours de l'atour, qui bien souvent parle trop). Tout se passe comme si les personnages préféraient vêtir l'amour plutôt que de le dire… Mais ce langage du vêtement peut aussi souligner la fracture entre l'être et le paraître et paraît propice à tous les détournements : le vêtement dit alors moins la puissance du sentiment amoureux que son dévoiement. Il contribue à façonner un type de personnage d'une nouvelle étoffe, confronté à des logiques de cour inédites, à la maîtrise de son image et doté d'une véritable épaisseur psychologique, que nous sommes invités à lire sous toutes les coutures. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
As the importance of appearances was constantly increasing at the end of the medieval period, we examine how the writing of affectivity evolved, in connection with a shift in the status of the motif of clothing. Usually considered as a simple descriptive tool and a secondary element in narratives, clothing is brought to the forefront in the texts of the corpus at hand. This invites us to comprehend how affectivity is expressed in a literature that foreshadows or endorses the end of courtly love ideals. Crossing the border between emotions betrayed by the body and emotions translated by clothing, we demonstrate that clothing functions as a codified emotional language fit to display select emotions in order for an individual to become better integrated with the emotional courtly communities and to partake in the game of love (still, it is necessary not to leave anything to chance, and to beware of the tricks of clothing, which can reveal too much). Everything occurs as if the characters preferred to wear love rather than to state it.... But such a language of clothes can also emphasize the divide between being and appearance, and seems to be conducive to all subversions: clothes then say less about the power of love than its perversion. This language contributes to shaping a type of character made of a new material, confronted with new rules in court and the need to control his or her image. We are thus invited to study the resultant psychological depths from every angle. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RMA_263_0493 |