Titre | Statistiques ethniques : tabous et boutades | |
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Auteur | Monique Meron | |
Revue | Travail, genres et société | |
Numéro | no 21, 2009 Égalité et diversité | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Égalité et diversité |
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Page | 55-68 | |
Résumé |
Les tabous statistiques existent depuis toujours mais diffèrent selon les pays et les époques. En France, la polémique autour des statistiques dites « ethniques » est particulièrement intense. Ravivés notamment à l'occasion de la mise en place concrète d'une enquête de l'Ined, « Trajectoires et origines » (teo) sur les parcours de vie des immigrés et enfants d'immigrés, les débats sur cette question ont aussi rebondi face à la loi préparée par le ministre en charge de l'immigration et sont toujours très âpres. D'un côté, on trouve les convaincus du fait que mesurer et identifier les origines permettrait de mettre en évidence les discriminations et de lutter contre les inégalités de traitement liées à ces différences (éventuellement dans une logique d'encouragement à la discrimination positive). De l'autre, ceux qui perçoivent l'identification « ethno-raciale » comme contradictoire avec le principe républicain d'indifférenciation, mettent en avant le risque, en banalisant une vision ethnique de la société, de renforcer les stéréotypes racistes, aux dépens d'une analyse approfondie des inégalités sociales. Les catégories statistiques sont toujours des constructions sociales, particulièrement difficiles lorsqu'il s'agit de critères physiques et personnels aux frontières aussi floues et discutables que l'ethnie et/ou la couleur de peau. Peut-on poser n'importe quelle question dans une enquête statistique ? C'est un peu comme le dilemme des humoristes : peut-on rire de tout ? Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Statistical taboos have always existed, but vary according to the country and the time. In France, the controversy around so-called “ethnical” statistics is particularly intense. Revived by the set-up of a study by the Ined, “trajectories and origins”, about life paths of immigrants and immigrants' children, debates also gained strength as a law was prepared by the ministry in charge of immigration and became very harsh. On the one hand, some are persuaded that measuring and identifying origins would reveal discriminations and enable to fight unequal treatment linked to these differences (eventually by encouraging positive discrimination). On the other hand, some perceive “ethno-racial” identification to be contrary to the Republican principle of non-discrimination. They highlight the risk of reinforcing racist stereotypes by presenting an ethnical vision of society as banal. Such an approach would furthermore play against an in-depth analysis of social inequalities. Statistical categories remain social constructions that are particularly difficult when it comes to physical or personal criteria, as blurred and disputable as ethnic origin and/or color of skin. Can any question be asked in a statistical enquiry? This is similar to the humorists' dilemma: can one laugh about everything? Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=TGS_021_0055 |