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Titre L'invention de l'accouchement sans douleur, France 1950-1980
Auteur Marilène Vuille
Mir@bel Revue Travail, genres et société
Numéro no 34, 2015 Corps sous emprises
Rubrique / Thématique
Dossier : Corps sous emprises. Biopolitique et sexualité au Nord et au Sud
Page 39-56
Résumé La méthode psychoprophylactique d'accouchement sans douleur, développée en Union soviétique, a été introduite en France au début des années 1950 par des médecins proches du Parti communiste français. A son objectif médical – supprimer la douleur sans recours à des moyens pharmacologiques, en apprenant aux femmes à accoucher – était couplé l'objectif politique de participer à l'avènement d'une société socialiste. En dépit de ses hautes ambitions, cette méthode ne s'appuyait pas sur des technologies de pointe, mais sur des techniques modestes et sur des dispositifs usuels. Ces techniques ne lui ont permis d'atteindre ni son objectif médical (éradiquer la douleur) ni son objectif politique (changer la société). Elles ont en revanche déployé des effets importants et durables, en renforçant l'autorité professionnelle sur les femmes enceintes et les acculturant aux pratiques médicales. L'étude de l'accouchement sans douleur permet ainsi de repenser l'histoire de la naissance au-delà de l'opposition classique entre, d'un côté, des instruments, des technologies et des produits pharmacologiques jugés responsables de la médicalisation de la naissance et de l'instrumentalisation du corps des femmes, et, de l'autre, des techniques peu instrumentées, plus « naturelles », censées présenter une alternative à la médicalisation et respecter l'autonomie des femmes.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The psychoprophylactic method of natural childbirth, developed in the Soviet Union, was introduced in France at the beginning of the 1950s by doctors close to the French Communist party. Its medical goal – to suppress pain without resorting to drugs by teaching women how to give birth – was coupled with the political objective to participate in the realization of a Socialist society. Despite its high ambitions, this method did not rely on the latest technology, but on modest techniques and on common operations. These techniques did not result in the completion of the medical objective (to eradicate pain), neither did they achieve the political one (to change society). However, they had an important and durable impact by reinforcing professional authority on pregnant women and by imposing their acculturation to medical practices. The study of psychoprophylaxis questions the history of birth beyond the classical opposition between, on the one hand, instruments, technologies and pharmacological producs that are thought to be responsible for medicalization of birth and instrumentalization of women's bodies, and on the other hand, techniques that are more « natural » and are supposed to both offer an alternative to medicalization and respect women's autonomy.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=TGS_034_0039