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Titre « La consigne n'est pas de ronfler »
Auteur Sophie Panziera
Mir@bel Revue Socio-anthropologie
Numéro no 41, 2020 Bruits et chuchotements
Rubrique / Thématique
Dossier : Bruits et chuchotements
Page 57-73
Résumé Cet article propose d'étudier le changement de perception du ronflement qui s'opère au XIXe siècle. Cette sonorité corporelle y est en effet l'objet d'une attention sociale toute nouvelle. Alors qu'elle n'intéressait pas jusqu'alors, elle devient intolérable et on cherche à la supprimer par tous les moyens. Les processus d'auto-contrôle des corps que la disqualification du ronflement suscite participent à la construction de l'espace intime comme un espace de silence. Les essais de judiciarisation des problèmes qui sont liés au ronflement sont ainsi révélateurs d'une dynamique plus large d'insonorisation des bruits organiques. Lorsque ses manifestations sonores débordent de la sphère privée, le ronflement devient justiciable d'une attention publique. Éclairant l'intolérance contemporaine face aux ronflements d'autrui, cette mise en perspective historique permet d'interroger les logiques sociales à l'œuvre lors du déplacement des seuils de tolérance auditives au sein de l'intimité.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais This article focuses on the change in perception of snoring taking place in the 19th century—as an object of a brand-new social interest. While this bodily sonority previously triggered no particular scrutiny, it was only within the 19th century that it was perceived as intolerable and had to be suppressed by all means. The disapproval of snoring aroused the demand of self-control of the body thus participated in the construction of the intimate space as a space of silence. Attempts to bring snoring-related conflicts to court are thus indicative of a broader dynamic of soundproofing organic noise. When it extends beyond the private sphere, snoring becomes rightly subject to public attention. This shedding of light on the contemporary intolerance towards the snoring of others, from the historical perspective, allows us to question the social logic at work during the shifting of auditory tolerance thresholds within the private sphere.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/socio-anthropologie/6702