Titre | « Sous un sour silence » | |
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Auteur | Anna Le Pennec | |
Revue | Socio-anthropologie | |
Numéro | no 41, 2020 Bruits et chuchotements | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Bruits et chuchotements |
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Page | 89-102 | |
Résumé |
Dans un monde astreint au silence, tel que l'était la prison au XIXe siècle, les bruits prennent une signification particulière. L'interdiction de parler agit sur les sociabilités et le quotidien dans les maisons centrales de femmes du Sud de la France aux XIXe et début XXe siècles. L'atmosphère sonore se caractérise par les bruits volontairement introduits par la pénitentiaire à des fins disciplinaires – tout comme le silence – mais aussi par ceux, transgressifs, que ce cadre normatif proscrit et génère. Ils sont l'expression de l'acharnement avec lequel les prisonnières rusent pour communiquer entre elles, avides de rompre ce silence étouffant, matérialisation de leur esseulement. Certains sonnent le signal de la rébellion, individuelle ou collective. Mais, plus souvent, les cris, et leur alter ego les larmes, ne sont que l'écho de la souffrance emmurée, à travers laquelle s'esquisse un vécu de l'incarcération d'ordinaire insaisissable. L'approche sensorielle offre par ailleurs un nouvel angle de lecture de la généalogie de la pensée pénale dans laquelle s'inscrit l'injonction de se taire. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
In a committed world to silence, like prison was during the 19th century, noises take on a specific meaning. The prohibition to speak affects prisoners' daily life and their sociabilities in Cadillac's and Montpellier's central women prisons in the south of France, from the 19th century to the early 20th century. Sonic atmosphere is characterized by sounds voluntarily introduced by prison administration for disciplinary purpose—like silence itself—but also by transgressive sounds that this framework proscribes and creates. They are the expression of detainees' determination to find ways to communicate together, eagerly seeking to break this breathless silence, materialization of their loneliness. Some are the signal of individual or collective rebellion. But, more often, screams and their alter ego tears, are just prison suffering echoes, through which the usual elusive personal experience of seclusion takes shape. Sensory approach also offers a new angle of penal theory genealogy, to which silent order conforms. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/socio-anthropologie/6788 |