Titre | Territorialiser la domination ethnique : le ghetto musulman de Juhapura à Ahmedabad (Inde) | |
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Auteur | Charlotte Thomas | |
Revue | L'Espace Politique | |
Numéro | no 42, 2020/3 Frontières et souveraineté : quelles déclinaisons américaines ? + Varia | |
Rubrique / Thématique | Varia 2021 |
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Résumé |
Le présent article examine les dynamiques territoriales ayant présidé aux pogroms anti-musulmans survenus en 2002, en Inde, dans l'État du Gujarat, et menés par des hindouistes. En prenant le cas particulier de la capitale économique, Ahmedabad, et en mobilisant une ethnographie fine et de longue durée, l'article défend la thèse selon laquelle la spatialisation des attaques a engendré une dynamique singulière de ségrégation. En l'espèce, le ciblage systématique des espaces mixtes, c'est-à-dire ceux fréquentés à la fois par des hindous et des musulmans, a conduit l'ensemble de la minorité à se ségréger à Juhapura, un espace périphérique d'Ahmedabad. En quête d'un entre-soi ethnique perçu comme protecteur, les musulmans de castes inférieures, moyennes et supérieures se sont ainsi retrouvés à partager un espace commun. Cette reconfiguration contrainte est inédite au regard des dynamiques traditionnelles de peuplement fondées sur l'organisation économique de l'espace urbain, et non pas ethnique. Le territoire musulman ainsi formé est analysé comme un ghetto (Wacquant) et appréhendé comme un dispositif spatial de domination (Foucault) des autorités hindouistes à l'égard des musulmans. Notamment caractérisé par le retrait choisi de la puissance publique, le ghetto est conséquemment aménagé par ses habitants. De façon a priori paradoxale, cet auto-développement induit le retournement de l'identité dégradée associée au ghetto et permet à ses habitants de résister à la domination qui s'exerce sur eux par le truchement de ce dispositif spatial. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
This article analyses the spatial dynamics underneath the pogroms that took place in 2002, in Gujerat, India. Attacks were carried by Hinduist militants and solely targeted Muslims. Based upon a long-term ethnography, the article assesses the specific case of Ahmedabad, the economic main city of Gujerat. It defends the main argument that the specific location of violence nurtured a unique dynamic of segregation. Namely, the systematic targeting of mixed areas –spaces that were lived by both Hindus and Muslims– pushed the Muslim minority to gather in a peripheric area named Juhapura. Hence, high-, middle- and low-casts Muslims all gathered at the same place to look for a safe and secure ethnic entre-soi. This is an unprecedent reconfiguration of Indian residential patterns for space was traditionally organized according to economic cleavages, not ethnic ones. I analyze this newly constituted territory as a ghetto (Wacquant) and consider it to be a spatial dispositive of domination in a Foucaldian sense. From a Hinduist perspective, the ghetto intends to dominate the Muslim minority. One of the main features of the ghetto is indeed the selective neglect from the authority that its inhabitants have to face. But the lack of public amenities pushes them to manage the territory of the ghetto by themselves. In an apparent paradox though, by doing so the inhabitants consequently reverse the identity stigma that goes with the fact of living in a ghetto. Ultimately, they hence resist the domination that the ghetto aims at exerting on them via the ghetto. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/espacepolitique/9055 |