Titre | Spatialisation et territorialisation du grand éolien en France : le gigantisme contre l'utopie ? | |
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Auteur | Jimmy Grimault | |
Revue | Bulletin de l'Association de Géographes Français | |
Numéro | no 2020/4 Transition(s) | |
Rubrique / Thématique | Approches géographiques de la transition : transition énergétique, transition écologique |
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Page | 529-546 | |
Résumé |
Avant d'apparaître à l'agenda des politiques publiques au tournant du siècle, les énergies renouvelables étaient initialement portées par des acteurs proposant un projet alternatif de société. Profondément monopolistique, centralisée, polluante, l'énergie nucléaire était alors fustigée au profit d'une diversité d'énergies renouvelables (conviviales, démocratiques, écologiques). Aujourd'hui, les caractéristiques techniques de celles-ci ont profondément évolué. L'éolien, à l'origine bricolé par de petits groupes, devient une véritable industrie à la poursuite du gigantisme. Cet article montre que la spatialisation inégalitaire et la territorialisation imposée et conflictuelle de cette énergie sont à rebours des aspirations initiales. L'éolien moderne est d'abord concentré dans certains espaces agricoles faiblement peuplés alors qu'il était censé rapprocher la production de la consommation. Par ailleurs, dans les communes où se développe le grand éolien les classes populaires sont sur-représentées et les cadres sous-représentés. En outre, les éoliennes sont passées de techniques intégrées aux milieux naturels à des technologies qui en sont spatialement exclues. Enfin, la définition des objectifs par l'État, l'injection de l'électricité sur le réseau national et le monopole technologique des groupes techno-industriels privent les populations locales d'une réelle appropriation. À bien des égards le gigantisme renouvelable est incompatible avec un projet d'émancipation sociale. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
Before appearing on the public policy agenda at the turn of the century, renewable energies were initially promoted by actors proposing an alternative project for society. Deeply monopolistic, centralised and polluting, nuclear energy was then castigated in favour of a diversity of renewable energies (conviviality, democratic, ecological). Today, the technical characteristics of these energies have changed profoundly. Wind power, originally tinkered with by small groups, is becoming a real industry in the pursuit of gigantism. This article shows that the unequal spatialization and the imposed and conflicting territorialization of this energy are contrary to the initial aspirations. Modern wind energy is initially concentrated in certain sparsely populated agricultural areas, whereas it was supposed to bring production closer to consumption. Moreover, in the municipalities where large wind turbines are developing, the working class is are over-represented and the middle-upper class under-represented. Furthermore, wind turbines have moved from techniques integrated into the natural environment to technologies that are spatially excluded from it. Finally, the definition of objectives by the State, the injection of electricity into the national grid and the technological monopoly of techno-industrial groups deprive local populations of a real appropriation. In many ways, renewable gigantism is incompatible with a project of social emancipation. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/bagf/7559 |