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Titre Comment mobiliser des salariées isolées ? Le cas des femmes de ménage
Auteur Camille Peugny
Mir@bel Revue Sociologie du travail
Numéro vol. 63, no 2, avril-juin 2021
Rubrique / Thématique
Articles
Résumé Dans cet article, nous rendons compte d'une tentative de construction d'une action syndicale menée par la CFDT dans une grande entreprise de services à la personne employant plus de 10 000 femmes de ménage réparties dans plus de 150 agences locales. Outre les difficultés bien identifiées par la littérature et notamment liées au cumul de précarités qui caractérise les femmes de ménage, les quelques militantes et élues syndicales mobilisées depuis plusieurs années constatent un obstacle qui leur semble indépassable : l'extrême isolement dans lequel travaillent les salariées. Nous montrerons qu'en effet, il est bien difficile de dessiner les contours d'un collectif de travail, même lâche ou ténu : inhérent à l'activité du ménage au domicile de clients particuliers, cet isolement est encore renforcé par des transformations dans l'organisation de l'entreprise et de ses agences locales. Cet isolement, toutefois, doit aussi être lu au prisme de l'attrait pour l'indépendance ressenti par la plupart des femmes de ménage qui se stabilisent dans l'entreprise. Occupées à développer une activité d'indépendante, elles ne cherchent pas vraiment de collectif de travail au sein de l'entreprise, ce qui amène à questionner la frontière entre salariat et indépendance et constitue un défi particulièrement redoutable pour l'action collective.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais In this article, we analyse an attempt by a French trade union confederation to build a collective action in a large personal services company employing more than 10,000 cleaning ladies in more than 150 local agencies. In addition to the difficulties clearly identified in the literature, particularly those linked to the various forms of insecurity that characterise cleaning ladies, the small number of union activists who have been mobilised for several years have noted one obstacle that would appear to be insurmountable: the extreme isolation in which the employees work. In fact, we show that it is very difficult to draw the contours of a work collective, however loose or tenuous: inherent to the very activity of cleaning in the homes of private clients, this isolation is further reinforced by changes in the company's organisation. However, this isolation must also be viewed through the prism of the attraction for independence felt by most cleaning ladies who remain with the company for several years. Busy developing a self-employed activity, they do not really look for a work collective within the company, which raises questions about the boundary between salaried employment and independence and constitutes a particularly huge challenge for collective action.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/sdt/39083