Titre | L'itinérance carcérale durant la guerre d'indépendance algérienne : entre logique de répression étatique et stratégie de résistance individuelle | |
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Auteur | Marc André | |
Revue | Revue historique | |
Numéro | no 698, avril 2021 | |
Page | 409-445 | |
Résumé |
La guerre d'indépendance algérienne s'est déroulée non seulement sur un front militaire, avec l'envoi du contingent et le recours aux appelés, mais aussi sur un front judiciaire. Résultat, en Algérie comme en France, des milliers d'individus, Algériens, Français, hommes, femmes, militaires, civils, ont été envoyés en prison. Au lieu d'examiner la situation dans les établissements pénitentiaires, cet article opte pour une démarche au plus près des trajectoires carcérales. Grâce aux archives de la direction pénitentiaire et notamment du bureau de l'application des peines, des dossiers de détenus et des registres d'écrou, comme à de nombreux entretiens oraux, à la collecte d'archives privées et à la lecture d'autobiographies d'anciens prisonniers, on constate que la prison, parce qu'elle est une peine, est mobile. L'itinérance carcérale conduit en effet les détenus à migrer d'un site à l'autre non seulement en France et en Algérie, mais aussi entre la France et l'Algérie (dans les deux sens). Cette itinérance, qui définit un espace transméditerranéen de répression et de migration forcée, s'explique à la fois par une stratégie de répression coloniale et étatique, dont les racines remontent à la conquête de l'Algérie, mais aussi par des stratégies de résistances et de subversions individuelles. Car, si chaque détenu dessine une cartographie carcérale singulière, le trajet donne la possibilité d'alerter l'opinion sur la situation, la traversée des prisons facilite la comparaison (donc la lutte) pour une uniformisation vers le haut des conditions de détention et, finalement, le transfert permet de piéger l'État à son propre jeu répressif. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
The Algerian war of independence did not unfold solely on a military front, with the drafting and dispatching of troops, but also on a judicial front. As a result, in Algeria as well as in France, thousands of people – Algerian and French, men and women, soldiers and civilians – were sent to prison. Rather than examining the situation in penal institutions, this article focuses on carceral trajectories. Drawing on prison administration archives, prisoner files and prison records, numerous interviews, personal archives, and former prisoners' biographical accounts, the article shows that incarceration can become a mobile punishment. Prisoners are transferred from one carceral site to another, not just in France or in Algeria, but also between France and Algeria, and in both directions. This continuous movement, which demarcates a trans-Mediterranean space of repression and forced migration, is explained by a state strategy of repression whose roots go back to the conquest of Algeria, but also by individual prisoners' strategies of resistance and subversion. If each prisoner traces out a distinct carceral map, their common journey makes public awareness of the situation possible, their passage through various prisons facilitates comparison, encouraging the fight for better detention conditions, and the practice of the prison transfer itself ultimately allows prisoners to beat the state at its own repressive game. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHIS_212_0409 (accès réservé) |