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Revue | Revue historique |
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Numéro | no 698, avril 2021 |
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- "Vade in pace". La fortune littéraire et historiographique de la prison monastique du Moyen Âge au XXe siècle - Élisabeth Lusset p. 279-321 Attestés depuis le ive siècle, les cachots monastiques destinés à punir les religieux ont longtemps été occultés par les historiens du monachisme. Ils ont néanmoins survécu dans les mémoires à travers leur légende noire, celle du vade in pace ou in pace. Depuis le XVe siècle, cette locution latine désigne le cachot obscur, souterrain et insalubre dans lequel croupiraient les moines et les moniales fautifs, enfermés à perpétuité. L'article entend retracer quelques-uns des jalons du « grand récit » historiographique forgé à propos de l'in pace, qui s'est constitué par une sédimentation successive entre le XVe et la fin du XVIIIe siècle, avant de se fossiliser au XIXe siècle. Il montre en particulier le rôle décisif du mauriste Jean Mabillon et de ses Réflexions sur les prisons des ordres religieux, parues en 1724, qui confèrent à l'in pace une épaisseur historique. Il analyse ensuite la manière dont les Lumières, les dramaturges révolutionnaires, les romantiques, la science pénitentiaire et l'historiographie des XIXe-XXe siècles se sont saisis de l'in pace, symbole du despotisme monastique, et l'ont investi de significations variées et renouvelées.Despite clear historical evidence, until recently the historians of monasticism failed to mention the existence of monastic prisons. Nevertheless, they were not forgotten, as we learn from the dark legend of Vade in Pace or In Pace (“Go in peace”). From the 15th century, this term referred to the dark squalid dungeons in which monks and nuns guilty of some offence were locked up for life. This article aims to trace some of the stages of this historical “meta-narrative”, which is made up of successive sedimentations over a period running from the 15th to the end of the 18th century, before becoming fossilized in the 19th century. It especially highlights the decisive role played by the Maurist Jean Mabillon and his Reflections on the Prisons of the Religious Orders (1724) which put the Vade in Pace into an historical context. Then the article examines the way the Vade in Pace which had become a symbol of the despotism of the monks was reinterpreted by the Enlightenment, Revolutionary Theatre, the Romantic Movement, Penal Science and the writings of the historians in the course of the 19th and 20th centuries.
- « Prendre garde ». Les acteurs de la surveillance politique sous le règne d'Henri IV (vers 1598-1610) - Fabrice Micallef p. 323-363 Au lendemain des guerres de Religion, de nombreux opposants à Henri IV choisissent l'exil. Protégés par l'Espagne et la Savoie, ils complotent contre le Bourbon et gardent des complicités en France. Cet article étudie les dispositifs de surveillance mis en place par la monarchie française pour faire face à ce défi sécuritaire. Si le personnel diplomatique est fortement impliqué dans la surveillance des exilés, la mobilité transnationale des comploteurs implique également de mettre à contribution le personnel judiciaire et administratif des provinces frontalières. Les partages d'informations entre différentes ambassades ou entre diplomates et officiers provinciaux donnent à ce système de surveillance une dimension transnationale et polycentrique, même si le gouvernement royal joue un important rôle de redistribution des informations. À un niveau inférieur, un rôle essentiel est joué par une foule d'acteurs de première main de la surveillance : exilés retournés, espions infiltrés, dénonciateurs plus ou moins désintéressés. Les suspects eux-mêmes tentent par diverses manières d'infléchir la surveillance dont ils font l'objet. Ainsi, ce système, marqué par ses incertitudes et ses fragilités, ne donne pas tant à voir le fonctionnement d'un appareil d'État que les interactions permanentes entre des agents d'État et de multiples forces sociales.In the aftermath “Being on our guard”. Actors of political surveillance under Henri IV's reign (1598-1610) of the French Wars of Religion, many opponents to Henry IV chose exile. Protected by Spain and Savoy, they conspired against the Bourbon and maintained accomplices in France. This article focuses on the surveillance systems installed by the French monarchy to face this security challenge. While diplomatic agents were heavily involved in the surveillance of exiles, the transnational mobility of conspirators also involved the implication of judicial and administrative officers of border provinces. The sharing of information between different embassies or between diplomats and provincial officers gave to this surveillance system a transnational and polycentric dimension, even if the royal government played an important role by redistribuying information. At a lower level, an essential role was played by a host of first-hand surveillance actors: returned exiles, undercover spies, more or less disinterested narks. The suspects themselves tried in various ways to inflect the surveillance they were subjected to. Thus, this system, marked by its uncertainties and its weaknesses, does not show the functioning of a state apparatus, but the permanent interactions between agents of government and multiple social forces.
- « Captations d'héritages » : les enjeux juridiques et judiciaires d'un combat anticlérical (France, 1880-1905) - Inès Anrich p. 365-386 Pendant l'âge d'or de la « République anticléricale » (1880-1905), le clergé français est régulièrement accusé de captation d'héritage, un motif qui n'a pas été étudié par l'historiographie de l'anticléricalisme, pourtant foisonnante. Ce terme désigne les manœuvres déployées par les clercs pour faire main basse sur la fortune de certains catholiques, tout particulièrement les malades et les vieillards. Il constitue le moyen d'une attaque en règle contre la générosité pieuse. Bien qu'utilisées dans la presse pour désigner des procès intentés par des héritiers, à des membres du clergé ayant reçu un don ou legs, de la part de leur parent défunt, les captations d'héritages ne correspondent pas vraiment à une catégorie juridique. Elles n'ont dans le Code civil qu'une acception restreinte, tandis que de nombreuses dispositions dérogatoires encadrent et limitent la générosité pieuse. Trois affaires passées devant les tribunaux civils entre 1880 et 1905 montrent que si les héritiers s'estimant lésés s'efforcent de prouver qu'il y a bien eu captation d'héritage, les juges écartent ce motif. Ils décident d'annuler les donations litigieuses en appliquant le régime d'exception juridique qui encadre les dons et legs au clergé. Cela n'empêche la presse de désigner ces affaires comme des captations d'héritages, en leur appliquant une grille de lecture anticléricale et fictionnalisante. Ce motif imprègne ainsi l'imaginaire social, au point d'influencer le comportement des héritiers qui attaquent en justice certains membres du clergé, et, dans un cas, celui des magistrats chargés de rédiger le jugement, alors pétri par l'imaginaire anticlérical.During the golden age of the « anticlerical Republic » (1880-1905), the French clergy was frequently accused of heritage captation, a pattern that was never studied by the historiography of anticlericalism, in spite of its dynamism. This expression defined the tactics used by clergymen in order to steal some Catholics' fortune, especially the sick and the old. This category was a means of attacking pious generosity. The press used it in order to describe trials initiated by heirs to priests who had received a gift or a bequest from their deceased relative. But heritage captation was not really a legal category. In the Code civil, they had a limited signification, but many derogatory dispositions limited pious generosity. Three cases jugged by civil courts between 1880 and 1905 show that the heirs who felt prejudiced tried to prove that there had been a captation, but the judges refused that argumentation. They decided to cancel the litigious donations by using the derogatory regime around gifts and bequests to the clergy. It did not prevent the press from calling these cases heritage captation, by applying an anticlerical and fictionalising frame of analysis. This pattern shaped the anticlerical imaginary as to influencing the behaviour of heirs attacking some clergymen in court. In one case, it also influenced the judges in charge of redacting a judgement that appears to be highly anticlerical.
- « La rigueur des règlements » contre « le levier de la faveur » : la professionnalisation des consuls de France face au clientélisme (1815‑1852) - Alexandre Massé p. 387-408 Au cours du premier XIXe siècle, la professionnalisation des consuls de France se poursuit. Nommés par le roi et rétribués par l'État, ils suivent désormais une véritable carrière caractérisée par des mutations fréquentes, souvent dans des espaces géographiques et culturels hétérogènes. Le ministère des Affaires étrangères exige d'eux des compétences généralistes. Des ordonnances fixent les règles de fonctionnement de la carrière, qui se ferme entre 1833 et 1845, le passage par le statut d'élève vice-consul devenant obligatoire. La professionnalisation ne met pas un terme à la pratique de la faveur. À partir des recommandations contenues dans les dossiers personnels des consuls, cet article étudie aussi les liens entre les consuls et leurs soutiens, l'objectif des recommandations et leur prise en compte par le ministère. Il en ressort que la mobilisation par les consuls de leur capital social est utile pour leur carrière, mais que leurs compétences constituent l'élément déterminant de leur réussite professionnelle, ce qui fait du ministère un espace relativement méritocratique.During the first XIXth century, the professionalization of the consuls of France continues. From now on, all appointed by the king and remunerated by the State, follow a true career characterised by frequent mutations, often in heterogeneous geographical and cultural areas. The ministry of Foreign Affairs demands non-specialised competences. Orders fix the rules of functioning of the career, which closes up between 1833 and 1845, passage by vice-consul pupil's status becoming compulsory. The professionalization doesn't put an end to the practice of favour. From recommendations contained in the personal files of the consuls, this article studies also links between the consuls and their support, objective of recommendations and their consideration by the ministry. It emerges from it that the mobilisation by the consuls of their social capital is useful for their career, but that their competences constitute the decisive element of their professional success, what makes the ministry a space relatively méritocratic.
- L'itinérance carcérale durant la guerre d'indépendance algérienne : entre logique de répression étatique et stratégie de résistance individuelle - Marc André p. 409-445 La guerre d'indépendance algérienne s'est déroulée non seulement sur un front militaire, avec l'envoi du contingent et le recours aux appelés, mais aussi sur un front judiciaire. Résultat, en Algérie comme en France, des milliers d'individus, Algériens, Français, hommes, femmes, militaires, civils, ont été envoyés en prison. Au lieu d'examiner la situation dans les établissements pénitentiaires, cet article opte pour une démarche au plus près des trajectoires carcérales. Grâce aux archives de la direction pénitentiaire et notamment du bureau de l'application des peines, des dossiers de détenus et des registres d'écrou, comme à de nombreux entretiens oraux, à la collecte d'archives privées et à la lecture d'autobiographies d'anciens prisonniers, on constate que la prison, parce qu'elle est une peine, est mobile. L'itinérance carcérale conduit en effet les détenus à migrer d'un site à l'autre non seulement en France et en Algérie, mais aussi entre la France et l'Algérie (dans les deux sens). Cette itinérance, qui définit un espace transméditerranéen de répression et de migration forcée, s'explique à la fois par une stratégie de répression coloniale et étatique, dont les racines remontent à la conquête de l'Algérie, mais aussi par des stratégies de résistances et de subversions individuelles. Car, si chaque détenu dessine une cartographie carcérale singulière, le trajet donne la possibilité d'alerter l'opinion sur la situation, la traversée des prisons facilite la comparaison (donc la lutte) pour une uniformisation vers le haut des conditions de détention et, finalement, le transfert permet de piéger l'État à son propre jeu répressif.The Algerian war of independence did not unfold solely on a military front, with the drafting and dispatching of troops, but also on a judicial front. As a result, in Algeria as well as in France, thousands of people – Algerian and French, men and women, soldiers and civilians – were sent to prison. Rather than examining the situation in penal institutions, this article focuses on carceral trajectories. Drawing on prison administration archives, prisoner files and prison records, numerous interviews, personal archives, and former prisoners' biographical accounts, the article shows that incarceration can become a mobile punishment. Prisoners are transferred from one carceral site to another, not just in France or in Algeria, but also between France and Algeria, and in both directions. This continuous movement, which demarcates a trans-Mediterranean space of repression and forced migration, is explained by a state strategy of repression whose roots go back to the conquest of Algeria, but also by individual prisoners' strategies of resistance and subversion. If each prisoner traces out a distinct carceral map, their common journey makes public awareness of the situation possible, their passage through various prisons facilitates comparison, encouraging the fight for better detention conditions, and the practice of the prison transfer itself ultimately allows prisoners to beat the state at its own repressive game.
- Les bénéficiaires du cursus publicus : des privilégiés ? - Sylvie Crogiez-Pétrequin p. 447-462 Le service de transport officiel de l'Empire romain, le cursus publicus, est pendant cinq siècles un service administratif réservé à l'État. Seul un petit nombre de personnes bénéficient de l'autorisation d'en utiliser ses infrastructures. Ces personnes sont-elles des privilégiées ? À partir des sources écrites, inscriptions, textes littéraires ou codes juridiques à notre disposition, on étudiera qui sont les bénéficiaires des voyages effectués dans ce cadre, comment ces voyages sont vécus par les utilisateurs, et enfin quel jugement porte les populations provinciales sur le service de transport et ses bénéficiaires ? Le droit de voyager par le cursus publicus est-il l'expression de la faveur impériale, la marque de l'importance du personnage qui l'utilise ou un instrument de domination et de contrôle du pouvoir politique ?The official transport service of the Roman Empire, the cursus publicus, was for five centuries an administrative service reserved for the state. Only a small number of people were allowed to use its facilities. Were these people privileged? From the written sources, inscriptions, literary texts or legal codes at our disposal, we will study who were the beneficiaries of the journeys made in this framework, how these journeys were experienced by the users, and finally what judgement the provincial populations made about the transport service and its beneficiaries. Was the right to travel through the cursus publicus an expression of imperial favour, a mark of the importance of the person using it, or an instrument of domination and control of political power?
- Hiérarchie sociale et classement des routes. Ce que les itinéraires royaux nous apprennent sur les déplacements au XIVe siècle - Boris Bove, Laurent Costa p. 463-499 L'article croise l'étude statistique et spatiale des itinéraires des rois du XIVe siècle avec le témoignage des contemporains et les cartes des routes au XVIe-XVIIIe siècle pour tenter, à travers la construction de ce référentiel, une sociologie des usages de la route dans le royaume en général, et en Beauvaisis en particulier. On constate alors que la mobilité est inversement proportionnelle au rang social et qu'à rang égal, le rayon d'action des femmes est nettement plus limité que celui des hommes, avec une correction notable à cette règle : les princes et plus encore les princesses en position de maîtriser leur patrimoine sont beaucoup plus mobiles que le roi, qui voyage ponctuellement mais sort peu de sa région de résidence francilienne au quotidien, et la reine ne quitte guère les environs de Paris. Croiser les voyages vers la Flandre avec la hiérarchie des routes permet de confirmer que les contraintes logistiques du roi en voyage le poussent à suivre les mêmes routes que les caravanes marchandes, et au même rythme – quoiqu'il ignore la voie d'eau et soit capable d'accélérations ponctuelles. L'étude sérielle des voyages du sacre permet néanmoins de nuancer cette constatation : si le voyage du sacre suppose un itinéraire stable avec comme étapes Paris, Reims, Corbeny, et dans une moindre mesure Laon et Soissons, son tracé entre ces géosymboles est extrêmement variable et emprunte même régulièrement des chemins non répertoriés sur les cartes modernes. Cette capacité du cortège royal à emprunter des chemins secondaires est confirmée par l'éloignement des étapes royales dans les itinéraires en général : entre la moitié et le tiers des étapes sont en effet situées à plus de 3 km des grands axes de circulation, ce qui suppose non seulement de faire passer des chariots sur des chemins de traverse, mais aussi de loger dans des gîtes médiocres puisque la moitié des étapes se situe dans des lieux uniques et en général obscurs. La sociologie des voies routières proposée par Philippe de Beaumanoir dans ses coutumes du Beauvaisis est donc une rationalisation en partie idéologique des pratiques contemporaines. La variété des routes empruntées par les rois s'explique par l'hétérogénéité des modelés des divers tracés qui composent chaque itinéraire.This article crosses the statistical and spatial study of the itineraries of 14th-century kings with the testimony of contemporaries and maps of roads drawn during the 16th-18th centuries to attempt, through the construction of this reference system, a sociology of roads used in the kingdom in general, and in Beauvaisis in particular. This confirms that mobility is inversely proportional to social rank, and for equal rank, women's range of action is much more limited, with a notable correction to this rule: princes, and even more so princesses in a position to control their wealth, are much more mobile than the king, who travels occasionally but remain mostly in his « region residence » of Ile-de-France, and the queen who hardly ever leaves the outskirts of Paris. Crossing royal mobility with the hierarchy of routes confirms that the logistical constraints of the king on his travels push him to follow the same routes as the merchant caravans, and at the same pace – although he ignores the waterways and is capable of punctual acceleration. The serial study of the voyages of the coronation nevertheless makes it possible to qualify this observation: if the voyage of the coronation presupposes a stable itinerary with Paris, Reims, Corbeny, and to a lesser extent Laon and Soissons as stops, its route between these geosymbols is extremely variable and even regularly takes paths not listed on modern maps. This ability of the royal procession to use secondary roads is confirmed by the distance of the royal stages in the itineraries in general: between half and a third of the stages are in fact located more than 3 km from the main traffic routes, which implies not only the use of carts on side roads, but also accommodation in mediocre lodgings since half of the stages are located in unique and generally obscure places. The sociology of roadways proposed by Philippe de Beaumanoir in his Beauvaisis customs is thus a partly ideological rationalization of contemporary practices that can be explained by the heterogeneity of the models of the various routes that make up each itinerary.
- Le genre documentaire, une forme partagée d'écriture de l'histoire - Christian Delage p. 501-522 Le genre du film documentaire procède-t‑il d'un partage entre les compétences de la réalisation et celles de l'écriture de l'histoire ? Les expériences inaugurales conduites dans l'Amérique de la Grande Dépression et la France du Front populaire montrent l'importance du collectif ou l'apport de chercheurs individuels dans le processus de réalisation. En France, l'implication du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale dans l'écriture du film d'Alain Resnais Nuit et Brouillard restera sans suite : la plupart des grands documentaristes travaillent à distance de l'expertise historienne. Si certains historiens ont développé une véritable familiarité avec l'outil audiovisuel, il faut attendre les années 1990 pour voir des chercheurs devenir eux-mêmes réalisateurs, dans un contexte où la création de la chaîne ARTE, en lien avec une politique d'aide à la création conduite par les pouvoirs publics, permet à la France d'ouvrir un espace exigeant de collaboration entre le monde de la recherche et celui de la production de films. Aujourd'hui, le passage, la translation du langage de la connaissance scientifique vers celui du film est devenu un terrain d'expérimentation davantage partagé dans l'écriture de l'histoire.Does the documentary film result from a collaboration between the skills of directing and those of writing history? The inaugural experiments conducted in the America of the Great Depression and France of the Popular Front show the importance of the collective or the contribution of individual researchers in the process of realization. In France, the involvement of the History Committee of the Second World War in the writing of Alain Resnais' film Nuit et Brouillard will go unanswered: most of the great documentary filmmakers work at a distance from historical expertise. If some historians have developed a real familiarity with the audiovisual tool, it was not until the 1990s to see researchers themselves become directors, in a context where the creation of the ARTE channel, in connection with a public policy of support for creation, allows France to open up a demanding space for collaboration between the world of research and that of film production. Today, the passage, the translation of the language from scientific knowledge to that of film has become a more shared field of experimentation in the writing of history.
- Comptes rendus - p. 523-546