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Titre Elle dépense, il(s) consomme(nt), il place, qui possède ? : L'appropriation de la production domestique et de son surplus au sein des couples parentaux de sexe différent
Auteur Angèle Jannot
Mir@bel Revue Sociétés contemporaines
Numéro no 122, 2021/2 Frontières policières
Rubrique / Thématique
Varia
Page 155-187
Résumé Les inégalités patrimoniales de genre sont désormais solidement documentées grâce à des travaux qui se sont centrés sur les moments où les membres des ménages comptent ce qui avait été mis (ou non) en commun, lors des séparations ou lors des héritages. Malgré une mise en commun plus forte des ressources lorsqu'il y a au moins un enfant, les mères sont les grandes perdantes de ces moments de comptabilité des biens domestiques. Elles le seraient de plus en plus, notamment avec le développement des régimes matrimoniaux qui tendent à individualiser les patrimoines des conjoints. Les arrangements économiques qui visent à conserver et transmettre un patrimoine à un enfant leur sont défavorables et leur prise en charge du travail domestique gratuit est moins valorisable sous la forme d'un patrimoine que du travail rémunéré. Face au constat d'un renforcement de ces inégalités, cette contribution tente de saisir les processus qui y aboutissent : comment des inégalités de revenus engendrent-elles des inégalités de possession de biens et des inégalités de patrimoine au sein des couples parentaux ? Pour comprendre ces mécanismes au bas et en haut de l'échelle sociale, cet article propose une analyse des correspondances multiples sur des données représentatives au niveau national, qui questionne l'influence des niveaux absolus et relatifs de revenus, de diplôme et de patrimoine. L'ethnographie d'une dizaine de couples de parents de sexe différent appartenant aux classes populaires stables et aux classes moyennes tente de mieux comprendre ce qui se passe dans les familles situées relativement bas dans l'espace social dont les ressources en jeu sont mal saisies par les catégories de la statistique publique. Les égalités de placements souvent très faibles dans ces familles, masquent d'autres types d'appropriation de la production domestique qui ne concernent pas des capitaux monétaires.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Gender inequalities in wealth are now well documented thanks to research that has focused on the moments when household members count what has been pooled (or not), at the time of separation or inheritance. Despite a stronger pooling of resources when there is at least one child, mothers are the big losers in these moments of accounting for household goods. This is becoming increasingly the case, particularly with the development of matrimonial regimes which tend to individualize the assets of spouses. Economic arrangements aimed at preserving and passing on an estate to children are unfavorable to mothers and their strong participation in domestic work, unlike paid work, is difficult to value as an asset. This paper attempts to understand the processes that lead to these increasing inequalities: how do income disparities generate inequalities in property ownership and wealth inequalities within parental couples? To understand these mechanisms at the bottom and top of the social ladder, this article proposes a multiple correspondence analysis on nationally representative data, which questions the influence of absolute and relative levels of income, education and wealth. The ethnography of a dozen couples of different sexes belonging to the stable working classes and the middle classes attempts to better understand what happens in families situated relatively low in the social space whose resources are poorly captured by the categories of public statistics. The often very low investment equality in these families masks other types of appropriation of domestic production that do not involve monetary capital.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SOCO_122_0155