Titre | Briser les « chaînes extérieures » : le combat commun de la Révolution française et de la Doctrine de la science de Fichte | |
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Auteur | Thomas Van der Hallen | |
Revue | Astérion | |
Numéro | no 24, 2021 Échos de La Marseillaise : l'héritage des Lumières et de la Révolution française dans les constructions nationales aux XIXe et XXe siècles | |
Rubrique / Thématique | Dossier I/ Échos contemporains : la Révolution française, l'Europe et le monde (1789-1830) |
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Résumé |
Dans sa violente charge contre la Révolution française, Edmund Burke avait élevé le débat politique à un niveau philosophique. Son argument le plus profond consistait à reprocher aux révolutionnaires de pécher par apriorisme, en cherchant à déduire, comme des géomètres, une nouvelle constitution à partir des principes abstraits énoncés dans la Déclaration des droits de l'homme. Reprise par les disciples allemands de Burke, cette critique de la méthode adoptée par la Constituante tirait des postulats empiristes des Lumières anglo-écossaises toutes les implications conservatrices que recelaient déjà les textes politiques et historiques de Hume. Or c'est d'emblée sur ce terrain spéculatif que se joue, chez Fichte, la défense du droit de révolution. Reprochant à l'empirisme de réduire l'esprit au « mécanisme aveugle de l'association des idées », passivement déterminé par une extériorité en soi, Fichte entend au contraire fonder l'expérience elle-même sur l'activité d'un « Moi-en-soi », absolument indépendant. Conçu comme causalité libre, pouvant donc s'affranchir des « conjonctions coutumières » humiennes pour commencer une nouvelle série dans l'ordre des phénomènes, l'homme, pour Fichte, n'a pas seulement la « faculté de se perfectionner », mais la loi de sa liberté lui en fait même un devoir. Au regard de cet impératif catégorique de perfectionnement, il n'y a pas de Common Law qui tienne. Aussi Fichte ne recule-t-il pas devant la révolution, si les institutions du passé font obstacle à la destination de l'homme. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
In his violent charge against the French Revolution, Edmund Burke elevated the political debate to a philosophical level. His deepest argument consisted in reproaching revolutionaries for sinning by apriorism, seeking to deduce, like geometricians, a new constitution from the abstract principles set out in the Declaration of Human Rights. Taken up by the German disciples of Burke, this criticism of the method adopted by the Constituent Assembly drew from the empiricist postulates of the Anglo-Scottish Enlightenment all the conservative implications already concealed in Hume's political and historical texts. Yet, it is from the outset on this speculative ground that the defence of the right of revolution is played out in Fichte. Reproaching empiricism for reducing the mind to the “blind mechanism of the association of ideas”, passively determined by an exteriority in itself, Fichte intends, on the contrary, to base the experience itself on the activity of an absolutely independent “I-in-itself”. Conceived as a free causality, thus being able to free oneself from Humian “customary conjunctions” in order to begin a new series in the order of phenomena, man, for Fichte, not only has the “faculty of self-improvement”, but the very law of his freedom even makes it his duty. With regard to this categorical imperative of self-improvement, there is no Common Law, nor Ancient Constitution, nor “inheritance from our forefathers” that can stand. Hence, Fichte does not shrink from revolution if these venerable institutions of the past are an obstacle to man's destiny. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/asterion/5629 |