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Titre Les alpinistes et les limites terrestres du vivant : une contribution atypique à la connaissance scientifique
Auteur Cédric Dentant, Pascal Mao, Sébastien Lavergne, Philippe Bourdeau
Mir@bel Revue Revue de Géographie Alpine
Numéro vol. 109, no 2, 2021 La montagne et les nouvelles manières de faire connaissance
Résumé La haute montagne a longtemps été considérée comme un espace dépourvu de vie. Si la science a dès les premières explorations des hautes altitudes été un puissant moteur de légitimation et de mise en récit, les sciences du vivant (biologie, écologie) n'y ont occupé qu'une place marginale. Même l'inventeur de la biogéographie, Alexander von Humboldt, ne voyait que peu d'intérêt à l'étude de ces marges de la biosphère. Toutefois, des pionniers de l'alpinisme ont abordé ces terra incognita au-delà du seul prisme de l'inconnu géographique. Des personnalités comme Edward Whymper ont perçu que l'engagement de leur corps dans ces milieux extrêmes pouvait être un puissant moyen de faire connaissance, grâce à la collecte d'organismes vivants insoupçonnés, et par extension devenir contributeurs de science. Il a fallu pour ce faire que des scientifiques professionnels s'emparent de ces objets intermédiaires, et se fassent eux-mêmes médiateurs entre le terrain et la théorie ; qu'ils deviennent des « êtres médiateurs », jusqu'à l'émergence d'un nouvel assemblage scientifique, impliquant de nouveaux acteurs issus de la biologie de la conservation. Les alpinistes se sont alors mués de corps collecteurs en co-producteurs de science.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais High mountain environments have long been considered to be devoid of life. If science has been a relevant means of legitimization and narrative from the very first explorations of high altitudes, life sciences (biology, ecology) have occupied only a marginal place. Even the inventor of biogeography, Alexander von Humboldt, saw little interest in studying these margins of the biosphere. However, the pioneers of alpinism have approached these terra incognita beyond the sole prism of the geographical unknown. Personalities such as Edward Whymper perceived that the involvement of their bodies in these extreme environments could be a powerful means of producing knowledge, through the collection of unsuspected living organisms, and by extension to become contributors to science. Professional scientists had to take hold of these intermediate objects, and make themselves mediators between the field and theory; they had to become « mediating beings ». Until the emergence of a new scientific assemblage, involving new actors from conservation biology. Mountaineers have thus mutated from collector bodies to co-producers of science.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/rga/9093