Titre | L'émergence d'un commun en matière d'assainissement urbain : les toilettes sèches séparatives en habitat participatif | |
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Auteur | Aurélie Joveniaux, Bernard De Gouvello, Marine Legrand | |
Revue | Flux | |
Numéro | no 124-125, 2021/2-3 Communs et services urbains : un croisement fructueux | |
Page | 27-40 | |
Résumé |
Les excrétats humains contiennent des éléments valorisables en agriculture (carbone, phosphore et azote notamment). La généralisation du tout-à-l'égout concomitante au développement du phénomène urbain au cours du 20e siècle a massivement orienté leur gestion vers des modalités linéaires génératrices d'externalités négatives du point de vue environnemental. Cette logique est remise en question. Dès les années 1990, des projets de séparation à la source ont été menés en Suède. L'intérêt pour cette pratique s'affirme aujourd'hui en France avec des projets d'immeubles ou d'aménagement de quartier envisageant la mise en œuvre de filières de collecte et valorisation des excrétats. Ces projets réinterrogent l'assainissement urbain d'un point de vue technique, organisationnel, social et territorial, en instituant l'échelon décentralisé comme producteur non plus d'un déchet, mais d'une ressource que les habitants se réapproprient.La dynamique de l'habitat participatif semble fournir un cadre privilégié pour expérimenter la séparation à la source en ville, en l'insérant dans une logique de communs. C'est ce que donne à voir le cas de l'immeuble Au Clair du quartier situé à Grenoble et habité depuis 2017 par cinq familles qui ont opté pour l'adoption de toilettes sèches séparatives dans leurs appartements et le compostage des matières fécales dans le jardin géré en commun. Cet article analyse les conditions ayant conduit à ce choix, ainsi que les règles adoptées afin de maintenir fonctionnels ces dispositifs techniques. Cet exemple permet de s'interroger sur les mutations du système d'assainissement urbain qui pourraient être engendrées par le développement de projets de séparation à la source tel que celui d'Au Clair du Quartier. Se dessine ainsi une troisième voie entre l'assainissement non collectif (individuel) et collectif (public), avec des collectifs d'habitants et d'usagers qui prennent part à la production du service d'assainissement, invitant à penser la mise en place de nouveaux communs dans la gestion des flux en milieu urbain. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Human excrement contains elements that can be used in agriculture (carbon, phosphorus, nitrogen…). The widespread use of sewerage following the urban development during the 20th century has massively oriented their management towards linear modalities generating negative environmental externalities. This logic is called into question. Source separation projects have been carried out in Sweden since the 1990s. Interest in this practice is now growing in France, with building or neighbourhood development projects considering the implementation of excreta collection and recovery systems. These projects re-examine urban sanitation from a technical, organisational, social and territorial point of view : the decentralised level, that was defined as a source of waste, becomes a resource producer, thus enabling inhabitants to initiate a reclaiming process.The dynamics of co-housing seems to provide a privileged framework for experimenting with separation at source in the city, by inserting it into a logic of commons. This can be seen in the case of the Au clair du Quartier building in Grenoble, inhabited since 2017 by five families who have adopted separating dry toilets in their apartments and the composting of faecal matter in their shared garden. This article analyses the conditions that led to this choice, as well as the rules adopted in order to keep these technical devices functional. This example raises questions about the changes in the urban sanitation system that could be brought about by the development of source separation projects such as the one in Au Clair du Quartier. A third way is thus emerging between non-collective (individual) and collective (public) sanitation, with groups of inhabitants and users who take part in the production of the sanitation service, inviting us to think about the implementation of new commons in the management of flows in urban areas. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=FLUX1_124_0027 |