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Titre Bricolage médical. Savoirs et pratiques des oncologues cambodgiens
Auteur Meriem M'zoughi
Mir@bel Revue Moussons : Recherche en Sciences Humaines sur l'Asie du Sud-Est
Numéro no 38, 2021 La biomédecine en Asie du Sud-Est
Rubrique / Thématique
Articles
Page 137-165
Résumé Cet article analyse les manières dont les cancérologues exercent la médecine au Cambodge. Il s'agit de s'intéresser aux pratiques courantes du quotidien et de décrire les processus d'adaptation et d'appropriation biomédicaux, autrement dit, de décrire comment les médecins adaptent leurs savoirs et leurs savoir-faire, en s'appropriant les outils et les ressources dont ils disposent, afin de soigner leurs patients. Je montre comment les médecins cambodgiens s'appuient sur la « médecine des preuves » (la médecine basée sur les essais cliniques randomisés) afin de légitimer le bien-fondé de leurs pratiques. Ils se réfèrent à la science – à une « vérité scientifique » entendue comme un savoir positiviste – en mobilisant des statistiques issues d'études médicales occidentales lorsqu'ils doivent convaincre les malades et leur famille de suivre un traitement. Or, ces médecins font face à un certain nombre de contraintes locales qui les conduisent à adapter les traitements standards. Ils s'ajustent au cas par cas pour « ne pas tuer le patient » comme ils disent. Certes ils sont confrontés aux incertitudes liées aux effets délétères des médications et à l'évolution de la maladie. Mais ils doivent aussi prendre en compte les ressources financières des malades. Médecins et usagers sont ainsi confrontés à des dilemmes thérapeutiques qui incitent les premiers à faire preuve d'une flexibilité dans leurs pratiques. La médecine repose ici sur une transformation des savoirs résultant des formes complexes d'accommodement de l'exercice médical, elle est produite par des professionnels de santé confrontés à des réalités empiriques en décalage avec les savoirs formels et théoriques.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais This article analyzes the ways in which oncologists practice medicine in Cambodia. It focuses on everyday practices and describes the processes of biomedical adaptation and appropriation, in other words, to describe how physicians adapt their knowledge and skill, by appropriating the tools and resources at their disposal, in order to treat their patients. I illustrate how Cambodian physicians rely on “evidence-based medicine” (medicine based on randomized clinical trials) to legitimize the validity of their practices. They refer to science—to a “scientific truth” understood as positivist knowledge—by mobilizing statistics from Western medical studies when they must convince patients and their families to undergo treatment. However, these doctors face a certain number of local constraints that lead them to adapt standard treatments. They adjust on a case-by-case basis to “not kill the patient” as they say. Of course, they are confronted with uncertainties related to the deleterious effects of medications and the evolution of the disease. But they must also consider the financial resources of patients. Doctors and users are thus confronted with therapeutic dilemmas that encourage the former to be flexible in their practices. Medicine is based here on a transformation of knowledge resulting from the complex forms of accommodation of medical practice, it is produced by health professionals confronted with empirical realities that are out of step with formal and theoretical knowledge.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/moussons/8102