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Titre Les turbulences alimentaires
Auteur Guillaume Routier, Florian Lebreton, Éric Boutroy, Julie Hallé
Mir@bel Revue Socio-anthropologie
Numéro no 44, 2021 Turbulences
Page 65-84
Résumé Poursuivant l'hypothèse que l'ultra-trail endosse une fonction « déroutinisante », voire suscite des formes d'état « astructurels », nous montrerons en quoi manger, boire, excréter pendant la course révèle et produit une rupture des habitudes et de la normalité dans un espace-temps intensifié de défoulement individuel et collectif. L'intérêt porte sur des fulgurances émotionnelles qui n'en restent pas moins délimitées dans un espace-temps de course organisé, balisé et mesuré, en cela similaires à certaines formes contemporaines de la fête institutionnalisée. Dans une perspective eliasienne, nous interrogeons le rôle joué par une alimentation de « l'extrême » dans le relâchement des émotions et pulsions et, en même temps, dans le contrôle de ces dernières. Nous décrirons selon quelles étapes ritualisées la structure sociale et symbolique du quotidien peut être débridée, si ce n'est renversée, au profit d'un (dés)ordre paradoxal entre réduction énergisante de la nutrition, alimentation excessive, festive et régressive ou au contraire une dénutrition transgressive. Cette turbulence alimentaire n'est donc pas un phénomène anomique, mais davantage une suspension voire une subversion des normes du « bien-manger » révélatrice des valeurs contrastées de l'ultra.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Following the hypothesis that ultra-trail assumes a “disconcerting” function or even gives rise to “astructural” forms of state, we will show how eating, drinking, excreting during the race reveals and produces a break in habits and normality in an intensified space-time of individual and collective release. The interest is in emotional outbursts that nevertheless remain delimited in an organized, marked out and measured running space-time, similar to certain contemporary forms of institutionalized festivities. From an Eliasian perspective, we question the role played by a nourishment of the “extreme” in the release of emotions and impulses and, at the same time, dans the control of these. We will describe according to which ritualized stages the social and symbolic structure of daily life can be unbridled, if not reversed, dans favor of a paradoxical (dis)order between energizing reduction of nutrition, excessive, festive and regressive eating or, on the contrary, transgressive undernutrition. This dietary turbulence is therefore not an anomic phenomenon, but rather a suspension or even a subversion of the norms of “eating well” revealing the contrasting values of ultra.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/socio-anthropologie/10522