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Titre « Je ne pouvais pas vivre sans cette vengeance » : le procès du « terroriste » Samuel Schwartzbard devant la cour d'assises de la Seine (1927)
Auteur Virginie Sansico
Mir@bel Revue Histoire@Politique
Numéro no 45, septembre-décembre 2021 Des terroristes dans le prétoire : qualifier et punir la violence politique d'hier à aujourd'hui
Rubrique / Thématique
Dossier
Résumé C'est à l'automne 1927 que se tient à Paris le procès de Samuel Schwartzbard, auteur quelques mois plus tôt de l'assassinat du leader nationaliste ukrainien Symon Petlioura, qu'il tenait pour responsable des pogromes commis, entre 1918 et 1920, par l'Armée populaire d'Ukraine alors placée sous son commandement. Vengeur héroïque pour ses nombreux défenseurs de l'époque (juifs et humanistes fondateurs de la future Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, LICRA) et dans la mémoire juive, qualifié de « terroriste » par les parties civiles et dans la mémoire nationaliste ukrainienne, Schwartzbard est jugé par une cour d'assises ordinaire, en présence de journalistes du monde entier conscients de la portée historique de ces audiences. Les débats y sont largement dominés par les avocats, figures du barreau de Paris, désignés par les deux parties, dont celui de la défense Henry Torrès qui parvient à retourner le procès pour en faire celui des pogromes. Cette stratégie conduit à l'acquittement de Schwartzbard, acclamé par un public largement acquis à sa cause. Ce procès symbolique, qui se tient alors que le droit pénal international fait l'objet d'intenses réflexions sur la manière de qualifier et juger les crimes du « droit des gens » et ce qu'on nomme alors la « barbarie », constitue un marqueur essentiel de l'entre-deux-guerres.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais In the autumn of 1927, Samuel Schwartzbard was tried in Paris for his assassination, a few months earlier, of the Ukrainian nationalist leader Symon Petliura. Schwartzbard held Petliura responsible for the pogroms committed by the Ukrainian People's Army between 1918 and 1920, which had been under the Petliura's command at the time. Seen as a heroic avenger by his many supporters (Jews and the humanists who would found the future International League against Racism and anti-Semitism) and in Jewish memory more broadly, but simultaneously viewed as a terrorist by many civilians and Ukrainian nationalists, Schwartzbard was tried by an ordinary criminal court, in the presence of journalists from all over the world who were aware of the immense historical significance of this trial. The debates were largely dominated by lawyers on both sides; these prominent figures in the Parisian judiciary included defense lawyer Henry Torrès, who succeeding in turning the trial on its head to denounce pogroms instead. This strategy led to Schwartzbard's acquittal, which was widely acclaimed by a favorable public. This symbolic trial, which took place at a time when many were debating how international criminal law should qualify and judge crimes of jus gentium and what was then called “barbarism,” was an essential marker of the interwar period.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/histoirepolitique/1930