Titre | La norme à l'épreuve de l'idéologie : le franc-tireur en droit allemand et la figure du terroriste judéo-bolchevique dans les prétoires militaires allemands en France pendant la Seconde Guerre mondiale | |
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Auteur | Gaël Eismann | |
Revue | Histoire@Politique | |
Numéro | no 45, septembre-décembre 2021 Des terroristes dans le prétoire : qualifier et punir la violence politique d'hier à aujourd'hui | |
Rubrique / Thématique | Dossier |
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Résumé |
Pendant l'Occupation, plus de 1 500 civils désignés comme « terroristes » sont jugés pour acte de « franc-tireur » par les tribunaux militaires allemands implantés en France occupée dont près de 1 300 durant les seules années 1943 et 1944. 90 % de ces prévenus ont été condamnés à mort et la plupart d'entre eux exécutés. Fondé sur une relecture critique de sources secondaires et sur l'exploitation systématique des fonds de la justice militaire allemande en France occupée, cet article propose d'éclairer par les outils mentaux (militaires, politiques, idéologiques et juridiques) forgés à l'occasion des conflits précédents, la manière dont les tribunaux militaires allemands mobilisent en France occupée la qualification de « franc-tireur », introduite dans le droit pénal militaire allemand en 1938. Il s'efforce de montrer qu'à compter de l'invasion de l'URSS par l'Allemagne, la figure du franc-tireur est perçue en France à travers le prisme déformant du judéo-bolchevisme, ce qui conduit à une criminalisation à la fois juridique et idéologique de la Résistance dont les conséquences se font vite sentir dans les prétoires militaires allemands, avec la multiplication des procès contre les militants de la branche armée du parti communiste, accusés pénalement d'actes de « francs-tireurs » mais qualifiés de « terroristes judéo-bolcheviques » par l'ensemble des récits qui informent leurs procès, de l'instruction des affaires jusqu'à leur exploitation par la propagande en passant par les attendus de leurs jugements ou l'instruction de leurs recours en grâce. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
During the Occupation, more than 1,500 civilians designated as “terrorists” were tried as “franc-tireurs”, or “free shooters,” by the German military tribunals set up in occupied France, including nearly 1,300 in 1943 and 1944 alone. 90% of these defendants were sentenced to death and most of these were executed. Based on a critical rereading of secondary sources and on the systematic exploitation of the funds of German military justice in occupied France, this article proposes to shed light through the mental tools (military, political, ideological and legal) forged on the occasion of the previous conflicts, the way in which the German military tribunals mobilized in occupied France the qualification of "franc-tireur", introduced into German military criminal law in 1938. This article will demonstrate that, following Germany's invasion of the USSR, the figure of the franc-tireur came to be seen in France through the distorting lens of Jewish Bolshevism. This led to the legal and ideological criminalization of the Resistance, the consequences of which were quickly felt in German military courtrooms, with the proliferation of trials against militants from the armed wing of the Communist Party being criminally accused of franc-tireur acts but referred to as “Judeo-Bolshevik terrorists” in all courtroom accounts (from investigations, sentencings, and petitions for clemency), as well as in all propaganda materials. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/histoirepolitique/1874 |