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Titre Le Dostoïevski de George Steiner entre ancienne et nouvelle critique
Auteur Victoire Feuillebois
Mir@bel Revue Revue des Etudes Slaves
Numéro Vol. 92, no 3, 2021 Lectures de Dostoïevski
Rubrique / Thématique
Prismes critiques
Page 535-547
Résumé L'essai Tolstoï ou Dostoïevski que le critique George Steiner (1929-2020) fait paraître en 1959 a connu des fortunes diverses et est souvent critiqué pour son caractère subjectif et non-scientifique. Cet article propose de revenir sur le contexte de publication de l'ouvrage et sur le projet intellectuel de l'auteur pour expliquer certains défauts du texte, mais aussi pour mettre en relief la centralité de la figure dostoïevskienne dans la réflexion de Steiner : ce dernier réagit à une configuration critique particulière, celle de la dostoïevskologie nord-américaine naissante, et il lui oppose dans une large mesure la critique russe existante sur l'auteur. Mais cette mise en regard interroge fondamentalement la manière de lire et d'analyser le romancier russe de l'autre côté de l'Atlantique et déploie dès lors un geste critique marqué par une forte dimension géographique, ce qui, au-delà d'une apparente fétichisation de « l'ancien », constitue en réalité un tournant théorique majeur : il ouvre la voie à l'étude d'un Dostoïevski transnational, pris dans un canon qui dépasse les frontières de la seule Russie et offert à l'appréciation d'un lecteur profondément individualisé et potentiellement situé à tout point du globe.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais George Steiner's 1959 essay Tolstoy or Dostoevsky has since its publication been met with some defiance and is often criticized for its subjective and unscientific character. This article seeks to frame the intellectual project of the author by reminding its context of publication, in order to explain some of the flaws of the text. Such a perspective highlights the centrality of the Dostoevskian figure in Steiner's reflection: the critic responses to a particular critical configuration, that of the emerging North American Dostoevskology, and he confronts it to the existing Russian criticism of the author. Such a confrontation, however, fundamentally questions the way of reading and analyzing the Russian novelist on the other side of the Atlantic, and thus deploys a critical gesture marked by a strong geographical dimension. Beyond an apparent fetishization of the “old”, it constitutes in reality a major theoretical turning point: it paves the way to the study of a transnational Dostoevsky, understood as part of a canon that goes beyond the borders of Russia alone and opened to the appreciation of a deeply individualized reader potentially located at any point of the globe.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/res/4757