Titre | L'équation Managementale | |
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Auteur | NICOLAS BATAILLE, JOSÉPHINE HERBELIN | |
Revue | Terrain | |
Numéro | Hors-série, juin 2021 Bureaucratie sublime | |
Rubrique / Thématique | Formes, Formules, Formulaires |
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Page | 72-81 | |
Résumé |
Pourquoi produire alors que vous pourriez solutionner ? N'améliorez pas, faites des connaissances ! La spécification est dépassée : nous avons besoin de caractérisation, de valeurs et de performances. Vous ne comprenez pas ? Suivez le programme ! L'excursion dans le désert sémiotique du Crédit impôt recherche à laquelle Nicolas Bataille nous convie amène à penser que le caractère et l'existence mêmes de ce dispositif nécessitent une gymnastique mentale. Jusqu'aux années 1970, les entreprises investissaient généralement leurs bénéfices dans la recherche et le développement pour augmenter la productivité et les salaires des travailleurs ; la modification de la taxation des entreprises dans les années 1980 a eu un impact direct sur l'innovation, la recherche et la productivité, comme le remarque David Graeber à partir de l'exemple américain de Bell Labs. Le CIR est une réponse très française à la nécessité d'encourager la recherche et l'innovation dans un contexte où les entreprises sont peu enclines à le faire elles-mêmes : les payer pour qu'elles mènent de la « recherche », un terme qui doit indexer quelque chose, quoi qu'il soit, qui possède intrinsèquement un intérêt. L'ensemble du processus décrit ici commence à ressembler massivement à une pelote savamment enroulée : crédit pour 5 000-7 000 heures de travail des salariés, dont le travail a déjà été facturé à des organismes publics, justifié par la présence du doctorant, dont 1 607 heures de travail par an ont permis d'ajouter trois ou quatre autres années-personnes de travail. Pas mal ! L'œuvre-image de Joséphine Herbelin saisit et transforme cette scène sémiotique de la justification CIR, cette ultime étape de dé-sémiotisation où la forme d'expression devient hiéroglyphe. Heureusement, nous avons le consultant sur place, qui traduit. Deux décennies après le « nouvel esprit du capitalisme », le passage d'un régime industriel à un monde technocratique de connexions « par projets » se vide de son contenu, alors que les sphères publique et privée se nouent dans une toile de signes. À charge pour nos experts de les démêler, si nous avons encore les moyens de les payer… Chapô : EMMANUEL GRIMAUD & ANTHONY STAVRIANAKIS Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/terrain/21784 |