Titre | Le Cameroun et le tabou de la marginalisation de sa diaspora | |
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Auteur | Raoul Nkuitchou Nkouatchet | |
Revue | L'Espace Politique | |
Numéro | no 43, 2021/1 | |
Résumé |
Parmi les efforts que fournissent les nations du Sud pour se doter en capacités nécessaires à leur développement, le rapatriement des compétences nationales de l'étranger (CNE) figure en bonne place. Depuis plusieurs décennies, la diaspora de la connaissance peut constituer une véritable aubaine pour l'essor des pays de départ. Les migrants hautement qualifiés (MHQ) peuvent ainsi faciliter les transferts scientifiques et technologiques, les investissements et d'autres capitaux vers les pays d'origine (Gaillard et Gaillard 2006 ; World Bank 2019). L'Afrique du Sud, l'Égypte, le Nigeria, le Maroc ou le Ghana l'ont fait au cours des dernières années. Alors, pourquoi cette tendance de la géopolitique du développement ne se généralise-t-elle pas en Afrique ?La faiblesse de l'option diaspora est traditionnellement analysée en termes d'insuffisance des moyens pratiques ou institutionnels de la réaliser. Dans cet article, nous examinerons l'hypothèse d'une marginalisation volontaire de sa diaspora par les autorités camerounaises ; afin de tenter de briser un tabou. Dans la mesure où il est extrêmement difficile d'apporter la preuve d'une telle assertion, nous procéderons par une approche empirique, proche de l'anthropologie ou de la sociologie qualitative, considérant que l'expérience est la source essentielle et le lieu de vérification de nos propositions. Après avoir insisté sur le défi méthodologique et épistémologique que pose l'étude d'un tel sujet qui relève de la stratégie politique, nous soulignerons la disposition de la plupart des MHQ à contribuer à l'effort de développement de leur pays d'origine. Nous aborderons ensuite la complexité des rapports entre les expatriés et les résidents, avant d'exposer de quelle manière les autorités mettent en scène une coupure entre « le pays » et « la diaspora », choisissant ainsi la sécurité de leur pouvoir plutôt que le risque de mettre en péril l'ordre établi en tirant parti de leur diaspora. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
The repatriation of national skills from abroad (NSA) is one of the most important efforts of Southern nations to build capacity for development. For several decades, the knowledge diaspora has been a real boon to the development of sending countries. Highly skilled migrants (HSMs) can facilitate science and technology transfers, investments and other capital to home countries (Gaillard and Gaillard 2006; World Bank 2019). South Africa, Egypt, Nigeria, Morocco or Ghana have done so in recent years. So why isn't this trend in the geopolitics of development becoming more widespread in Africa?The weakness of the diaspora option is traditionally analyzed in terms of the inadequacy of the practical or institutional means to realize it. In this article, we will examine the hypothesis of a voluntary marginalization of its diaspora by the Cameroonian authorities, in an attempt to break a taboo. Since it is extremely difficult to prove such an assertion, we will proceed by an empirical approach, close to anthropology or qualitative sociology, considering that experience is the essential source and place of verification of our proposals. After stressing the methodological and epistemological challenge of studying such a subject, which is a matter of political strategy, we will emphasize the willingness of most HSMs to contribute to the development efforts of their country of origin. We will then discuss the complexity of the relationship between expatriates and residents, before exposing how the authorities stage a split between “the country” and “the diaspora”, thus choosing the security of their power rather than the risk of jeopardizing the established order by taking advantage of their diaspora. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/espacepolitique/9610 |