Titre | Faire territoire : logiques de la dénomination des communes nouvelles françaises | |
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Auteur | Gabriel Bideau, Frédéric Giraut | |
Revue | L'Espace Politique | |
Numéro | no 43, 2021/1 | |
Résumé |
Cet article étudie les noms des communes nouvelles françaises, soit 778 nouvelles entités créées par la fusion de 2 517 communes historiques entre 2012 et le 1er janvier 2021. Sont utilisées les données de la statistique publique pour créer une typologie exploratoire, d'abord élaborée à partir des régularités de construction (confirmation, juxtaposition ou innovation dénominatives entre autres). La réalisation de cette typologie est détaillée et les principaux résultats analysés. L'ensemble (données, typologie et code du script) est mis à disposition dans le cadre d'une recherche ouverte et reproductible. L'analyse du sens des termes utilisés dans les néotoponymes fait l'objet d'une seconde typologie grâce à la consultation de la presse régionale.Cette contribution répond à trois questions de recherche. Alors que la littérature scientifique sur la toponymie s'est particulièrement développée ces dernières décennies, il s'agit d'interroger l'adéquation de ses grandes orientations à l'objet des communes nouvelles. Tout d'abord, comment les acteurs se sont-ils saisis de cette nécessité de création néotoponymique ? Nous montrons le poids déterminant des élus, avec une consultation plus ou moins importante de la population et très rarement des professionnels de la communication. Ensuite, nous observons comment la néotoponymie révèle les rapports de force entre collectifs territorialisés. En effet, les types de dénominations ne sont pas répartis de la même manière selon le nombre de communes participant à la fusion (pour les fusions de deux communes, la juxtaposition est préférée, la confirmation d'un nom unique de commune ou l'innovation emportant davantage l'adhésion pour des groupes plus importants), selon la domination d'une commune centre ou encore le profil des communes par rapport au zonage urbain (les centres urbains vont par exemple davantage choisir la confirmation ou une juxtaposition, les périphéries urbaines préférant l'innovation). Enfin, il s'agit de montrer que là où la référence à la ville-centre ne l'emporte pas, la néotoponymie est alors dominée par deux tendances. D'une part, elle est outil patrimonial et/ou de marketing territorial avec l'utilisation de termes à forts potentiels de promotion et une situation affirmée dans un arrière-pays qui accroît les ressources territoriales mobilisables. D'autre part, on observe fréquemment une forme de banalisation et d'uniformisation des toponymes autour de noms communs, notamment orographiques ou hydrographiques. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
This paper aims at geographically analyze the names of the 778 new municipalities (“communes nouvelles”), created in France between 2012 and January 1, 2021. Public statistics data are used to elaborate an exploratory typology of the 2,517 historical municipalities that have merged into new local bodies of governements, discussing recurring schemes of construction in a first typology (consolidation, juxtaposition, innovation). A second typology explores the meaning of terms used in neotoponymy with assistance of regional press records. All data sets and reproducible code are made available according to reproducible research principles.This contribution is threefold. First, elaborating on a growing scientific literature on toponymy, we examine the relevance of such an analysis on communes nouvelles's toponymy. We examine how actors dealt with the need to create a new toponymy? We show that elected officials had a stronger influence, than inhabitants or marketing experts. We then focus on how neotoponymy has revealed the balance of powers between territorialized groups. The different categories of neotoponymy used are not distributed evenly between mergers (two communes will prefer juxtaposition; confirmation of a central municipality is preferred for larger mergers). Results vary highly between urban centers and urban peripheries. Finally, we analyze how visibility and heritage toponymy, vs a more trivial and standardized use of topographic features are used for territorial marketing. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/espacepolitique/9898 |