Contenu de l'article

Titre « L'urgence sociale » : entre souci de la mort physique et de la « mort sociale » (années 1940 – années 2010)
Auteur Axelle Brodiez-Dolino
Mir@bel Revue Histoire@Politique
Numéro no 39, septembre-décembre 2019 Le temps, histoire contemporaine d'un enjeu politique et scientifique
Rubrique / Thématique
Dossier
Résumé Quelles sont, depuis 1945, les temporalités de l'urgence sociale ? Quels sont les impacts de la conjoncture économique, du marché du logement, de la « politique du thermomètre », de l'évolution sociologique des publics concernés, de l'inventivité associative ? Comment évolue le rapport entre offre et demande d'hébergement ? Vise-t-on d'abord l'inconditionnalité de l'accueil et la mise à l'abri humanitaire, ou la réinsertion des personnes ? Ces interrogations conduisent à dégager quatre temps. De 1945 à la fin des années 1950, dans un contexte de sans-abrisme polymorphe et de crise du logement massive, la domination de la mise à l'abri sur un temps très court (règle des « trois nuits ») conduit à l'entassement dans des asiles de nuit vétustes et non professionnalisés, et à un fort turn over. Puis jusqu'au milieu des années 1970, dans un contexte de moindres besoins et de hausse des moyens pour y faire face, le développement de la « réadaptation sociale » opère un ralentissement du tempo et un travail social mieux adapté aux besoins. Des années 1980 au milieu des années 2000, la dégradation du contexte économique et la médiatisation de ses conséquences sociales scellent un retour à l'urgence et au principe de réactivité – étouffant dans l'œuf toute velléité de réinsertion, pourtant prônée par les politiques publiques. Depuis 2007 enfin, le principe de la stabilisation conduit à reprendre le temps de la réinsertion, mais reporte l'embouteillage dès l'entrée du dispositif et malmène le principe d'inconditionnalité de l'accueil.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais What have been the temporalities of social emergency since 1945 ? What has been the impact of the economic conjuncture, the housing market, the “thermometer policy”, the sociological evolution of the populations concerned, associative inventiveness ? How has the relationship between housing supply and demand evolved ? Has the primary target been to welcome all without condition and the humanitarian provision of shelter or rather social reintegration ? These questions allow one to distinguish between four periods. From 1945 to the late 1950s, a time of polymorphic homelessness and mass housing crisis, the dominant goal was to provide short-term shelter (the “three night” rule), leading people to be crammed into dilapidated and non-professionalized night shelters and a high rate of turnover. From then until the mid-1970s – a time of reduced demand and more ample resources for meeting it – the principle of “social rehabilitation” acted to slow the tempo and better adapt social work to different needs. From the 1980s to the mid-2000s, the deterioration of the economic context and increased media attention for its social consequences generated a return to a state of emergency and the principle of reactivity – nipping in the bud any desires for the reintegration advocated by public policy. Since 2007, finally, the principle of stabilization has led to a return to the period of reintegration but has postponed the bottleneck at the system's point of entry and rides roughshod over the principle of unconditional reception.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/histoirepolitique/3133