Titre | Une « école du bonheur » en Suède ? Reflets médiatiques d'une utopie, entre projections et fantasmes | |
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Auteur | Piero Colla | |
Revue | Nordiques | |
Numéro | no 41, automne 2021 Le bonheur nordique | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Le bonheur nordique |
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Résumé |
L'article se penche sur la manière dont la topique du « bonheur à l'école » a dominé, à partir du milieu du XXe siècle, le regard français sur le système d'enseignement suédois et une prétendue culture suédoise du rapport à l'enfance. En s'inscrivant dans une histoire sociale du transfert culturel, l'auteur interroge en parallèle l'action déployée par les pourvoyeurs et par les récepteurs d'un paradigme moral. Les corpus interrogés sont les reportages et flashes d'information que la télévision française a consacrés à la situation en Suède à partir des années 1960 et les fonds documentaires des appareils suédois de diplomatie culturelle qui ont tout à la fois nourri et orienté idéologiquement le message des médias. Au cours des années 1960, le reportage sur l'école suédoise s'est établi comme un genre narratif en soi, animé par des lieux (le laboratoire de mécanique, la cuisine), des enjeux récurrents (la place de l'éducation sexuelle dans les curricula) et un questionnement de fond : la question de savoir si la réorganisation de l'enseignement autour des nécessités psychologiques et sociales des enfants a bénéficié à leur épanouissement intérieur, à leur « bonheur ». Dans l'ombre de mai 68, cette problématique se fond avec l'agenda de la présidence Pompidou – alors qu'elle permet aux autorités (scolaires et diplomatiques) suédoises de présenter leurs projets les plus récents sous les dehors d'une utopie prête à l'exportation : une école moderne et flexible pour la société post-industrielle. L'analyse de la programmation plus récente – dans un paysage médiatique bien plus diversifié – atteste de la ténacité de l'investissement utopique de l'école suédoise, mais aussi, à partir de 2012, du retournement du mythe vers son opposé, avec un jeu de miroirs entre les attentes déçues des observateurs français et les échos des classements internationaux des prestations des élèves, qui ont assimilé l'évolution libérale du système scolaire suédois à la trahison de ses anciennes promesses égalitaires. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
This article examines the way in which – from the mid-twentieth century onward – the theme of “happiness at school” dominated the French view of the Swedish educational system and a supposedly Swedish culture of relations to childhood. Drawing on a social history of cultural transfer, the author examines in parallel the actions taken by “providers” and “recipients” of a moral paradigm. The corpus examined is divided into two parts: on the one hand, the reports and news flashes that French television devoted to the situation in Sweden from the 1960s onwards, and, on the other hand, the archives of the Swedish cultural diplomacy apparatus, which both nourished and gave ideological shape to the media message. During the 1960s, the report on Swedish schools established itself as a narrative genre in its own right, animated by places (the mechanics laboratory, the kitchen), recurring issues (the place of sex education in the curricula) and a fundamental question: whether the reorganisation of education around the psychological and social needs of children benefitted their self-fulfilment, their “happiness”. In the shadow of May 1968 in France, this issue merges with the agenda of the presidency of Georges Pompidou – while it allows the Swedish school and diplomatic authorities to present their most recent projects in the light of an export-ready utopia: a modern and flexible school for the post-industrial era. An analysis of more recent programming – in a much more multifaceted media landscape – attests to the persistence of the utopian investment in the Swedish school, and also, from 2012 onwards, to the reversal of the myth towards its opposite. The disenchantment of French observers was then supported by the echoes of international rankings of student performance, which identified the commodification of the Swedish school system as a betrayal of its former egalitarian promises. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/nordiques/2795 |