Titre | Eigensinn : espaces d'action et pratiques de domination | |
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Auteur | Thomas Lindenberger, Alf Lüdtke | |
Revue | Le Mouvement social | |
Numéro | no 273, octobre-décembre 2022 | |
Rubrique / Thématique | Autour d'Alf Lüdtke |
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Page | 67-89 | |
Résumé |
Dans son court avant-propos, Thomas Lindenberger rappelle que l'article publié en français par Le Mouvement social constitue l'introduction d'un volume collectif paru en polonais autour de la notion d'Eigensinn. Ce texte, écrit en allemand à quatre mains, constitue, comme la plupart des textes d'Alf Lüdtke, une « aventure intellectuelle » collective qui demande à être poursuivie.L'article d'Alf Lüdtke et Thomas Lindenberger livre une réflexion sur la notion d'Eigensinn et sur la manière dont elle permet de comprendre et d'analyser des comportements et situations sociales de domination, dans les régimes autoritaires et de dictature d'abord, mais aussi dans des démocraties. Il commence par l'analyse du terme lui-même, insiste sur son caractère polysémique et met en lumière les connotations positives comme négatives qu'il adopte, dans l'usage quotidien comme dans la littérature allemande. Fondamentalement, le terme renvoie à un certain rapport au pouvoir et a pu à cet égard être utilisé aussi bien par la sociologie que par la psychologie ou la pédagogie dans des contextes interprétatifs divers. Les auteurs voient dans ce flou et cette polysémie une richesse à faire fructifier. Loin d'être un concept surplombant, la notion prend sens dans et à travers un travail empirique précis. Celui-ci doit permettre de mettre en évidence la manière dont les acteurs pris dans des relations de domination peuvent rester « eux-mêmes » (bei sich). Ce que Hegel interprète dans un passage de La phénoménologie de l'esprit comme une « habileté » constitue dans ce contexte une ressource essentielle pour les protagonistes : maître et valet impliqués dans une relation de domination. Le texte offre ensuite des exemples de la fécondité de la notion pour comprendre les comportements des agents dans les bureaucraties autoritaires (Prusse) ou violentes (nazisme) comme des victimes de ces mêmes bureaucraties pour lesquelles l'Eigensinn peut ultimement désigner la capacité de saisir les dernières possibilités d'agir dans une situation d'impuissance totale et mortelle. La dernière partie du texte s'interroge sur l'usage qu'on pourrait en faire pour analyser des relations de pouvoir dans des contextes démocratiques. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
In his short foreword, Thomas Lindenberger reminds us that the article published in French by Le Mouvement social is the introduction to a collective volume published in Polish around the notion of Eigensinn. Like most of Alf Lüdtke's texts, this text written in German in collaboration with a co-author is a collective “intellectual adventure” that needs to be continued.This paper gives a reflection on the concept of Eigensinn and how it allows us to understand and analyse behaviour and social situations of domination in authoritarian regimes and dictatorships, first of all, but also in democracies. It begins with an analysis of the term itself, emphasising its polysemy and highlighting the positive and negative connotations that it takes on in everyday use and in German literature. Basically, the term refers to a certain relationship to power and has been used in sociology, psychology and pedagogy in various interpretive contexts. The authors view this vagueness and polysemy as a richness that can be exploited. Far from being an overarching concept, it acquires meaning in and through specific empirical work. This should make it possible to highlight the way in which actors caught up in relations of domination can remain “themselves” (bei sich). What Hegel interprets in a passage of Phenomenology of Mind as “skill” constitutes in this context an essential resource for the protagonists: master and slave involved in a relationship of domination. The text then offers examples of the richness of this concept to understand the behaviour of agents in authoritarian bureaucracies (Prussia) or violent ones (Nazism) as victims of these same bureaucracies for whom Eigensinn ultimately designates the ability to seize the last opportunities to act in a situation of total and mortal powerlessness. The last part of the text explores the use that could be made of this concept to analyse power relations in democratic contexts. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=LMS1_273_0067 |