Titre | La vocation comme subversion - Artistes femmes et anti-académisme dans la France révolutionnaire | |
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Auteur | Séverine Sofio | |
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales | |
Numéro | no 168, juin 2007 Vocations artistiques | |
Rubrique / Thématique | Vocations artistiques |
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Page | 34 | |
Résumé |
La notion de vocation s'impose comme un enjeu essentiel dans les débats qui précèdent et accompagnent la réforme des organes officiels de formation et de reconnaissance des artistes au cours de la Révolution. S'opposent alors, en effet, deux partis : l'un, mené par le peintre Jacques-Louis David, réclame la suppression de l'Académie royale de peinture et de sculpture au nom de la liberté, afin de refonder la politique artistique nationale au moyen d'une succession de concours officiels, autour du respect de la vocation, critère « naturel » de sélection entre les artistes ; l'autre parti, mené notamment par la portraitiste Adélaïde Labille-Guiard, consciente de l'importance de la période de formation dans les carrières artistiques, prône plutôt une vaste réforme de l'Académie autour de l'idéal d'égalité : égalité entre les arts, entre les artistes et entre les sexes. Le débat, qui voit se recomposer les alliances nouées à ce sujet dans les dernières années de l'Ancien Régime et se solde par le triomphe du parti de David, se cristallise en fait autour de la question de l'acceptation ou non des femmes au sein des sociétés d'artistes, c'est-à-dire de la conciliation – finalement jugée impossible – entre vocation artistique et « vocation domestique ». Les artistes femmes, qui avaient jusque là largement bénéficié du soutien des partisans de David, ayant en commun avec eux la nécessité de subvertir les règles du système académique, se retrouvent donc, à la fin des années 1790, dans une situation tout à fait paradoxale : majoritairement formées par ceux mêmes qui leur refusent la reconnaissance institutionnelle au nom d'une vocation dont elles ne peuvent théoriquement pas (ou plus) se réclamer, elles sont pourtant, dans le contexte économique difficile de la France révolutionnaire, plus nombreuses que jamais à exercer l'art professionnellement. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
The notion of vocation was central to the intense debates held during the Revolution about the necessity to reform the institutions of artistic formation and recognition. The artists were then divided in two groups: the first one, led by Jacques-Louis David, demanded the suppression of the Académie royale de peinture et de sculpture in the name of freedom, so that national artistic politics could be centred on the respect of the vocation as a way to make a “natural” selection among the artists, thanks to a succession of official competitions; the second one, led by the portraitist Adélaïde Labille-Guiard who was particularly conscious of the importance of formation in an artist's career, proposed a vast reform of the Academy according to the principle of equality: equality of arts, of artists and of sexes. These debates actually, which led to a shifting of the alliances previously established in the late Ancien Régime and were finally solved by the triumph of David's party, soon focused on the question of women's admission to artists' societies, that is to say on the question of the coexistence –eventually considered as impossible– of artistic vocation and “domestic vocation”. Women artists who, until that time, had largely benefited from the support of David and his political allies, sharing with them a common interest in the necessary subversion of academic rules, were therefore, at the end of the 1790s, in a rather paradoxical situation: despite the fact that a majority of them had received an artistic formation in the studios of those same men who now refused them the right to be officially recognized as artists in the name of a vocation that, as women, they could no more invoke for themselves, they were nonetheless, in the context of the terrible economic crisis of Revolutionary France, more numerous than ever to practice art professionally. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_168_0034 |