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Titre La dimension socio-économique des barrières frontalières
Auteur Sébastien Piantoni, Stéphane Rosière
Mir@bel Revue Bulletin de l'Association de Géographes Français
Numéro no 99/1, mars 2022 Un monde de frontières ?
Page 31-52
Résumé Les barrières frontalières contemporaines sont souvent considérées comme des systèmes de protection dans des contextes d'insécurité. Cet article se propose de souligner leur dimension socio-économique, moins fréquemment évoquée. Basé sur l'analyse de 60 frontières dotées d'une barrière frontalière, les auteurs ont comparé les niveaux de vie des États « constructeurs » et « limitrophes » afin de souligner l'importance des discontinuités socio-économiques dans le processus d'édification de ces barrières. Cet article revient sur la méthode ayant permis de mesurer les écarts de niveau de vie entre pays « constructeurs » et « limitrophes ». Ces discontinuités mises en exergue valident finalement l'hypothèse selon laquelle les barrières frontalières répondent aux logiques initiales des gated communities dans les villes, c'est-à-dire de séparation des plus riches face aux plus pauvres. Ainsi, la dimension socio-économique serait inhérente à l'édification de ces artefacts et non fortuite.Les auteurs rappellent que nombre de ces barrières sont des dispositifs anti-migratoires inscrits au sein de courants migratoires dont les causes ne s'expliquent pas directement par la situation économique du pays constructeur et du pays limitrophe mais plutôt par la situation de pays tiers « émetteurs de migrants » parfois très éloignés des barrières analysées. Les auteurs soulignent également l'existence d'« hystérésis » (barrières produites par des contextes passés comme en Corée) qui viennent aussi brouiller la vision des barrières contemporaines. Néanmoins, chiffres à l'appui, cet article souligne comment les « murs » aux frontières sont aussi des dispositifs par lesquels les pays les plus riches se protègent des flux en provenance des pays les plus pauvres.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Contemporary border barriers are often considered as protection systems in contexts of insecurity. This article aims to highlight their less frequently mentioned socio-economic dimension. Based on the analysis of 60 borders with a border fence, the authors compare the living standards of the "constructing" and "bordering" states in order to highlight the importance of socio-economic discontinuities in the process of building these barriers. This article reviews the method used to measure the differences in living standards between "constructor" and "border" countries. The discontinuities highlighted in the article finally validate the hypothesis that border barriers respond to the initial logic of gated communities in cities, i.e. the separation of the richest from the poorest. Thus, the socio-economic dimension would be inherent to the construction of these artifacts and not accidental. The authors point out that many of these barriers are anti-migration devices that are part of migratory flows whose causes are not directly explained by the economic situation of the constructing country and the neighboring country, but rather by the situation of third countries, which are "migrant-sending countries", sometimes very far from the barriers analyzed. The authors also point to the existence of "hysteresis" (barriers produced by past contexts, as in Korea) which also blurs the vision of contemporary barriers. Nevertheless, this article highlights how border "walls" are also devices by which the richest countries protect themselves from flows from the poorest countries.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/bagf/8979