Titre | « Les feuilles amères avaient un goût sucré » : la faim dans le Kampuchéa démocratique (1975-1979) | |
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Auteur | Sarah Privat-Lozé | |
Revue | Tracés | |
Numéro | no 41, 2021/2 Batailles de la faim | |
Rubrique / Thématique | Articles |
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Page | 81-101 | |
Résumé |
Les Khmers rouges des années 1975 à 1979 ont engagé le Cambodge dans une révolution agraire qui a occasionné une des famines les plus meurtrière du xxe siècle. Cette violence produite tant par le travail forcé que par la pénurie de nourriture est à comprendre comme une violence d'État. Toutefois la compréhension de la famine ne saurait se réduire à cette seule logique rationnelle qui rabat l'élimination par la faim à sa dimension mécanique. Nous nous proposons d'aborder cette famine à « hauteur d'homme » dans une perspective micro- historique et de l'interroger dans un « jeu » et « je » d'échelles qui permettent de percevoir l'intimité de cette expérience. Une enquête conduite dans la coopérative de Peam Ek, région de Battambang, permet de saisir l'extrême vulnérabilité d'une population engagée dans une quête obsédante de nourriture, et d'approcher cette expérience de la faim telle qu'elle est restituée dans les récits des survivants. Une attention particulière est portée à l'agir des acteurs sociaux et à l'interaction entre cadres Khmers rouges et membres des coopératives. Elle permet de voir que dans l'espace clos des coopératives se dessinent des logiques et mécanismes locaux, des stratégies qui réfléchissent ou infléchissent la politique du comité central engagé dans une « bataille par la faim ». Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
The Khmer Rouge, active between 1975 to 1979, committed Cambodia to an agrarian revolution which caused one of the deadliest famines in the twentieth century. This violence, which was produced by both forced labour and food shortages, must be understood as a form of state violence. However, famine cannot be comprehended solely through rational logic, in which starving the population to death comes down to a purely mechanical endeavour. We propose to study the 1975-1974 famine on a human scale, from a micro-historical perspective with a view to addressing it at “I” and “eye” level, enabling us to perceive the innermost dimension of this experience. A survey conducted at the Peam Ek cooperative, in the Battambang area, helps us to approach this experience of hunger and grasp the extreme vulnerability of a population engaged in a quest for food so obsessive it can be passed on to others. Particular attention is paid to the action of social workers and the interaction between Khmer Rouge executives and members of cooperatives. It allows us to see that, in the confined space of cooperatives, local logics and mechanisms were emerging, strategies that reflected or influenced the policy of the central committee, which at the time was engaged in “starvation warfare”. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/traces/12740 |