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Titre L'entreprise libérée et ses doubles : Mythe(s) et/ou réalité(s) ?
Auteur David Mélo
Mir@bel Revue Recherches Sociologiques et Anthropologiques
Numéro vol. 52, no 2, 2021
Page 91-113
Résumé Cet article examine une vague managériale ayant rencontré un certain écho dans la période récente : “l'entreprise libérée” et ses doubles. Dans un contexte où il est beaucoup question de souffrance au travail, cette vague semble avoir tout d'une vogue quelque peu exotique, sinon d'une mise en scène détachée de la réalité et la masquant. L'enquête conduite auprès d'une entreprise informatique et d'un entrepôt logistique nuance cette image, sans pour autant verser dans quel­que forme d'enchantement. Elle montre que “l'entreprise libérée” et ses doubles gagnent à être appréhendés comme de nouvelles épreuves de la responsabilisation au travail. Les terrains étudiés tentent de jouer le jeu de la “libération” par des actes organisationnels qui s'imposent aux salariés et que ces derniers s'approprient largement. À l'épreuve des faits, la “libération” se révèle sous les traits d'une métamorphose de l'individualisation au travail tentant à la fois d'aller plus loin dans la démarche de responsabilisation et de corriger certains excès des vagues antérieures. Dès lors, l'ascension de cette nouvelle vague managériale serait-elle rien moins qu'irrésistible ? Il n'en est rien en réalité. Les salariés s'avèrent en effet ambivalents, entre l'intériorisation partielle des catégories managériales et leur mise en cause souvent vive et elle-même paradoxale. En définitive, “l'entreprise libérée” permet aux managers de récupérer une demande démocratique, mais en en bornant par là même l'horizon, au risque de susciter un mécontentement grandissant.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais This article examines a trend in managerial practices that has had some success in recent times: the freedom-form company and its doubles. In a context where the question of discomfort at work is the focus, this trend appears to have all the characteristics of a somewhat exotic vogue, if it is not actually a sort of staging, detached from reality and masking it. The inquiry, conducted with a computer-related business fine-tunes this image, without however slipping into some form of enchantment. It shows that the freedom-form company and its doubles gain in being understood as ushering new accountability and responsibility assumption standards into the workplace. The areas studied try to play the game of “liberation” through organizational actions that are binding on employees who, for their part, more or less take them on board. In concrete terms, this “liberation” stands revealed in the form of a metamorphosis of individualization at work which, at one and the same time, tries to go further in terms of coupling accountability and empowerment processes, all in correcting some of the excesses of earlier trends. Given this, could it be the rise of this new managerial vogue is nothing short of irresistible? In reality, not at all. Employees turn out to be ambivalent, caught between a partial internalisation of managerial categories and their often lively – and in themselves paradoxical – challenges. Thus, finally, while the freedom-form company allows managers to recover a democratic demand – they, at the same time, in limiting themselves to that horizon – run the risk of arousing growing discontent.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/rsa/5059