Titre | « Un temps étranger » : temps de crise et crise du temps | |
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Auteur | Alexis Nuselovici | |
Revue | Raisons Politiques | |
Numéro | no 86, mai 2022 Crises et migrations | |
Rubrique / Thématique | Dossier |
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Page | 29-41 | |
Résumé |
Il existe, selon l'expression du poète Paul Celan, un « temps étranger », différent de la temporalité gérée et gestionnaire des sociétés occidentales et d'une nature telle qu'il provoque une perturbation, une crise de l'ordre temporel, garant de l'ordre politique. Quand cela arrive, quel qu'en soit le motif, par exemple la migration, le temps de crise est avant tout une crise du temps.Pour Hans Blumenberg, une crise ne touche pas un contenu mais une fonction : lors d'une crise, il s'agit de « réinvestir » une fonction dont le contenu est obsolète, reposer une question dont la réponse est devenue périmée. Ainsi on parlera de fonction migratoire éclairant la pulsion de déplacement propre à l'espèce humaine, illustrée désormais par une nouvelle figure, sans visa et sans visage, débarquant du désert et de la mer, venant remplacer la figure du travailleur ou du réfugié politique dans l'histoire des migrations. L'irrégulier remplace le régulier et la règle ne l'accepte pas. Le système n'intègre pas cette nouvelle figure, cette nouvelle fonction, engendrant la crise tout en suggérant un nouveau pacte migratoire à élaborer, un droit d'exil en place du droit d'asile. Si la démocratie ne vaut que par un futur à toujours réinventer, le migrant lui offre un ethos de la venue qui rétablit l'économie brisée de la promesse Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
A poem of Paul Celan speaks of a “foreign time”, away from the managerial temporality of Western societies and powerful enough to cause a disruption, a crisis of the temporal order which supports the political order. When this happens, for whatever reason, such as migration, the time of crisis is above all a crisis of time.For Hans Blumenberg, a crisis does not affect a content but a function : during a crisis, it is a matter of “reinvesting” a function whose content is obsolete, of asking a question whose answer has become outdated. Thus, one should think of a migratory function, which sheds light on the impulse to move that is specific to the human species, illustrated from now on by a new figure, the illegal migrant coming to Europe from the desert and from the sea, replacing the figure of the worker or the political refugee in the history of migrations. The irregular migrant replaces the regular one and the rule does not accept it. The system does not integrate this new figure, this new function, generating the crisis while suggesting a new migratory pact to be elaborated, a right of exile in place of the right of asylum. If democracy is only worthwhile through a future that must always be reinvented, the migrant offers an ethos of the arrival that restores the broken economy of the promise. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RAI_086_0029 (accès réservé) |