Titre | Des espaces de crise(s) ? Camps de réfugiés en Jordanie et structures d'accueil pour demandeurs d'asile au Luxembourg | |
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Auteur | Léa Lemaire, Lucas Oesch | |
Revue | Raisons Politiques | |
Numéro | no 86, mai 2022 Crises et migrations | |
Rubrique / Thématique | Dossier |
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Page | 69-92 | |
Résumé |
Dans cet article, nous proposons une réflexion sur la manière dont les « crises » contemporaines sont gouvernées. En prenant le parti pris épistémologique de mettre en perspective des contextes radicalement différents, nos cas d'étude sont la Jordanie au Moyen-Orient et le Luxembourg en Europe. Dans les deux cas, cette dernière décennie, des camps de réfugiés ou des structures d'accueil pour demandeurs d'asile ont été conçus comme des espaces visant à « mettre de l'ordre » dans ce qui a été perçu comme des crises migratoires. Ces espaces sont pensés comme étant temporaires et destinés à répondre à une situation d'urgence, mais paradoxalement, leur utilisation se prolonge. Notre article montre, qu'au fil du temps, ces espaces servent aussi à modérer les effets d'autres « crises » : crise économique et infrastructurelle en Jordanie, voire aussi politique et sécuritaire, et crise du logement au Luxembourg. Enfin, nous montrons comment ces espaces de crises s'inscrivent dans la durée et évoluent à travers ce qui est présenté comme des « améliorations ». Ils deviennent des lieux d'improvisation, où la gestion de certaines catégories de populations est expérimentée, mais tout en restant des espaces dont l'horizon temporel et les finalités demeurent incertaines. En élargissant le regard à un niveau « global » au travers d'une analyse croisant pays dits du Nord et du Sud, notre article montre que les crises sont gouvernées par des improvisations et permet en cela de penser les crises au-delà de la dialectique entre rupture et continuité. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
In this article, we study how contemporary “crises” are governed. Following an epistemological approach putting radically different contexts into perspective, our case studies are Jordan in the Middle East and Luxembourg in Europe. In both countries, in the last decade, refugee camps or reception facilities for asylum seekers have been set up in order to “put some order” to what have been perceived as migration crises. These spaces were intended to be temporary and to respond to an emergency situation, but paradoxically their use is prolonged. Our article shows that, over time, these spaces also serve to mitigate the effects of other “crises”: an economic and infrastructural crisis, as well as a political and security crisis in Jordan, and a housing crisis in Luxembourg. Finally, we show how these “spaces of crisis” evolve over time through what are called “improvements”. They become places of improvisation, where the management of certain categories of populations is experimented. However, at the same time, they remain spaces whose time horizon and finalities remain uncertain. Through a “global” focus encompassing so-called Northern and Southern countries, our article shows how crises are governed by improvisations, allowing rethinking crises beyond the dialectical opposition between disruption and continuity. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RAI_086_0069 (accès réservé) |