Titre | Du lubok à la « grosse revue » : le « millefeuille » de la littérature russe du dernier tiers du XIXe siècle | |
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Auteur | Abram Reitblat | |
Revue | Revue des Etudes Slaves | |
Numéro | vol. 93, no 2-3, 2022 L'histoire de la littérature russe : nouvelles perspectives | |
Rubrique / Thématique | États des lieux, nouvelles approches |
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Page | 255-270 | |
Résumé |
Cet article a pour objectif de démontrer, en prenant l'exemple de la littérature russe du dernier tiers du XIXe siècle et du début du XXe siècle, qu'employer les termes de « littérature de masse » dans l'étude scientifique de la littérature n'est pas méthodologiquement productif. Du point de vue du sociologue, dans le cadre de la littérature russe en tant qu'institution, il existait simultanément dans ces années-là plusieurs littératures. Chacune possédait ses auteurs, ses lecteurs, ses canaux de diffusion, sa poétique. La couche supérieure était la littérature des gens éduqués et plutôt aisés. Au-dessous se trouvait la couche des fines revues hebdomadaires illustrées. Encore au-dessous, on trouvait la couche des journaux populaires. Et la couche inférieure, celle de la littérature des lubki, était constituée par de petites brochures à la couverture illustrée, destinées principalement à un public paysan et diffusées par les marchands ambulants. La plupart des auteurs et des lecteurs existaient à l'intérieur du cadre de « leur » couche et n'en franchissaient pas les frontières, quoique de tels passages se soient parfois produits. L'existence de plusieurs « littératures » ne signifiait pas que l'une d'entre elles ait été de meilleure qualité ou plus parfaite que les autres, mais plutôt que chacune correspondait mieux à son propre public. Derrière chacune des couches se trouvait une vision du monde particulière, un complexe spécifique de valeurs et de normes. Ainsi, en raison de différences sociales et culturelles très marquées, la littérature de masse, c'est-à-dire une littérature répondant à une demande de masse, homogénéisée, et consommée par les représentants de différentes couches de la population, n'existait pas en Russie avant la révolution. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
Using the example of Russian literature from the last third of the 19th century and the early 20th centuries, this article aims to show the methodological impracticality of the term “mass literature” in the literary scholarship. From a sociological point of view, Russian literature, as a social institution, was comprised of several “literatures” simultaneously during this period. Each of them had its own authors, readers, channels of delivering texts to readers, and poetics. The upper layer of these simultaneous “literatures” was the literature of educated and people who were fairly well off. Below that was a literature published in thin illustrated weekly magazines. Below that was the layer of grassroots newspapers and the lowest layer consisted of the “lubok”, a small book with a graphic on the cover aimed at a peasant audience and distributed through travelling salesmen. Generally, most authors and readers existed within “their” respective stratum and did not cross over to another, but sometimes such transitions did occur. The existence of several “literatures” did not mean that any one of them was better or more perfect than the others, but merely that each of them was better suited to its audience. Behind each stratum stood a different way of seeing the world, a different set of values and norms. Therefore, as a result of very sharp social and cultural diffe rences, there was no mass literature in prerevolutionary Russia, i.e. literature designed for a mass of people, sought by the average person, and consumed by representatives of all societal strata. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/res/5530 |