Titre | Judiciariser le mariage : L'introduction des « crimes de mode de vie » dans les républiques soviétiques d'Asie centrale (années 1920-1930) | |
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Auteur | Aude-Cécile Monnot | |
Revue | Genèses | |
Numéro | no 128, 2022/3 Profanes en justice | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Profanes en justice |
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Page | 78-99 | |
Résumé |
Entre 1924 et 1935, le Code pénal soviétique condamne des pratiques matrimoniales, régulières dans le droit coutumier et musulman d'Asie centrale. La criminalisation de ces pratiques ouvre un conflit social d'ampleur opposant des acteurs aux visions incompatibles du droit et de la modernité et questionnant la légitimité de l'État à intervenir dans le champ matrimonial. À partir d'archives de procès, l'article analyse le processus de socialisation des justiciables à ce droit pénal. Informés par les dispositifs d'éducation populaire des juges et des activistes politiques, les justiciables contournent le droit pour échapper à la répression ; d'autres saisissent le juge pour s'opposer aux coutumes ou instrumentalisent le recours judiciaire afin d'asseoir leurs intérêts lors de transactions matrimoniales. Ce décalage entre le pays légal et le pays réel souligne la relative fluidité des pratiques judiciaires à l'échelle des cours locales. Les juges offrent alternativement une ressource aux justiciables ou s'illustrent par des décisions s'accommodant aux exigences déterminées par le politique. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Between 1924 and 1935, the Soviet Penal Code condemned marriage practices that were considered legal under Muslim customary law in Central Asia. The criminalization of these practices triggered a major social conflict involving actors with incompatible views of the Law and modernity, and raised questions about the legitimacy of State intervention in the area of marriage. Based on a review of court archives, the article analyses the process of socialization of litigants to this penal law. Informed by the popular educational programs of judges and political activists, the litigants circumvented the law in order to escape repression; others called on the court to oppose the customary law or they instrumentalized the legal recourse in order to secure their interests in the context of marriage transactions. This gap between the legal landscape and the real world underlines the relative fluidity of judicial practices at the scale of the local courts. At times the judges acted as an asset to the litigants while at others they marked themselves out with decisions that accommodated demands dictated by politics. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=GEN_128_0078 (accès réservé) |