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Titre Les œuvres de Gramsci en France : Enquête dans les labyrinthes de l'édition
Auteur Anthony Crézégut
Mir@bel Revue Mil neuf cent
Numéro no 40, 2022 Mettre en Œuvres
Rubrique / Thématique
Dossier
Page 122-142
Résumé L'édition intégrale par Gallimard des Cahiers de prison sur la base de la rigoureuse édition philologique de Robert Paris, achevée au milieu des années 1990, reste un monument. Elle fait même de la France un pionnier à l'échelle mondiale, face aux difficultés accumulées dans le monde anglophone ou germanophone par exemple. Toutefois, elle ne faillit jamais voir le jour après plusieurs décennies d'accrocs, entre échéances retardées, rivalités éditoriales et intérêt fluctuant pour un Gramsci vécu en France comme un phénomène de mode plus que comme un classique intemporel. Le sort d'anthologies plus accessibles fut encore plus tortueux. Dès les années 1950, une dizaine de projets éditoriaux échouèrent, laissant planer l'hypothèse de censures tant commerciales que politiques. Le double monopole sur les droits, acquis par Gallimard et les Éditions sociales – maison d'édition du PCF – dans les années 1970, freinèrent encore les entreprises de plusieurs éditeurs stimulés par le contexte favorable de l'après-Mai 1968. Ce furent finalement les Éditions sociales qui publièrent trois anthologies de qualité, mais la méfiance profonde au sein du monde communiste pour une œuvre jugée sulfureuse et hérétique en impliqua une diffusion confidentielle.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The complete publication by Gallimard of Prison Notebooks based on Robert Paris' thorough philological edition, achieved in the middle of the 1990s, remains a landmark to this day. It even marks France as an international pioneer, considering the difficulties faced by the English or German speaking worlds. However, it almost didn't see the light of day after years of struggles – delays, publishing rivalries, and a varying interest in Gramsci's work, which is often considered in France as a fad rather than a timeless classic. The fate of more accessible anthologies was even more fraught. From the 1950s onwards, a dozen of publishing projects failed, which left the idea of potential censorship in the air, whether commercial or political. The double monopoly held by Gallimard and the Editions sociales, the French Communist Party's publishing house, on the rights in the 1970s blocked even further the endeavors of several publishers who were encouraged by the favorable context of May 1968. The Editions sociales were eventually the ones to publish three qualitative anthologies, but the strong defiance among Communists against a work considered as inflammatory and iconoclastic meant that the books had to be distributed confidentially.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=MNC_040_0122 (accès réservé)