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Titre Guadeloupe : les élections présidentielle et législatives 2022, réalité des fractures, enjeux et perspectives géopolitiques
Auteur Rosan Monza
Mir@bel Revue Hérodote
Numéro no 187, 4ème trimestre 2022 France 2022
Page 75-98
Résumé En Guadeloupe, un des trois départements français des Amériques (DFA), la question de l'évolution statutaire et donc de son affranchissement de la tutelle française est une vieille antienne qui faute d'adhésion populaire fait l'objet de procrastination de la part des acteurs locaux. Cela signe les contradictions qui traversent ces territoires mais surtout l'absence totale de projet géopolitique ambitieux partagé qui contribuerait à rendre plus lisible la nature des relations de cette supposée « rebelle Guadeloupe » avec la France. La Guadeloupe comme les autres DFA est écartelée entre le besoin d'une domiciliation de pouvoir et d'affirmation identitaire et le maintien d'un confortable niveau de vie qu'engendrent les transferts sociaux et budgétaires de l'État et autres avantages que lui confère son statut de département et de région ultrapériphérique européenne. Cet article tente d'appréhender l'irrationalisme apparent du comportement politique guadeloupéen. Tenter de saisir les enjeux de la géopolitique électorale guadeloupéenne c'est mettre à l'épreuve les contradictions et les forces centripètes qui agissent pour produire une territorialité atypique que l'on nomme « guadeloupéanité ». C'est surtout révéler la force, la prégnance des représentations historiques collectives qui nourrissent les discours démagogiques des syndicats anarcho-indépendantistes. Il en va de même du discours victimaire populiste que développe le Rassemblement national auprès d'une frange populaire de la population guadeloupéenne qui nourrit un ressentiment xénophobe de déclassé envers les populations étrangères. Ces dernières, loin de l'esprit d'assistanat en cours ici, entreprennent et réussissent pour faire vivre leurs communautés mais aussi maintenir des pans entiers de l'économie guadeloupéenne, notamment celle visant un minimum d'autonomie alimentaire et de production dans les filières que désertent les Guadeloupéens.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In Guadeloupe, the question of the evolution of its status and so, of its emancipation from French supervision is an old song. Due to poor popular mobilization, local leaders procrastinate on the matter. This reveals the contradictions existing across the teritory but, more importantly, the lack of a shared and ambitious geopolitical project that could help understand the relationship between the so-called “rebellious Guadeloupe” and France. Like the other French departements of America, Guadeloupe is indeed torn between the need of a location affirming both power and identity, while hoping to maintain the comfortable standard of living generated by the State financial and social transfers. This article deals with the apparent unrealistic political behavior. To capture the electoral geopolitical stakes in Guadeloupe is to examine the contradictions and centripetal forces contributing to an atypical sense of belonging called “guadeloupénaité”. It also and foremost is to reveal the persistence of collective historical representations still feeding anarcho-independentist unions'demagogical discourses. The same goes for populist victim discourses developed by the Rassemblement national to a xenophobic fringe of the Guadeloupean population that attributes its relegation to foreigners. Foreigners who, far from a “welfare mentality”, undertake initiatives and start business to sustain their communities and entire sections of the Guadeloupean economy deserted by the locals, including the part aiming at food autonomy and production.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=HER_187_0075 (accès réservé)