Contenu du sommaire : France 2022
Revue | Hérodote |
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Numéro | no 187, 4ème trimestre 2022 |
Titre du numéro | France 2022 |
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- Éditorial. Une nouvelle géopolitique électorale ? - Béatrice Giblin p. 3-21 Le cycle électoral du printemps 2022 élections présidentielle et législatives, s'est achevé avec la réélection sans enthousiasme d'Emmanuel Macron et une majorité relative pour l'alliance présidentielle. En revanche, Marine Le Pen et son parti le Rassemblement national ont fortement amélioré leurs résultats de 2017, de même que Jean-Luc Mélenchon et son mouvement La France insoumise désormais leader incontesté des forces de gauche. Toutefois, la géographie électorale de la gauche radicale se limite à des territoires précis alors que celle de l'extrême droite couvre désormais l'ensemble du territoire. Ces deux forces politiques ont bénéficié de l'effondrement des deux partis de gouvernement le PS (très affaibli dès 2017) et Les Républicains (soixante-quatre sièges de députés). Qu'augurent ces nouveaux rapports de force politiques ? Une vie parlementaire plus animée qui pourrait contribuer à relancer l'intérêt pour le débat politique et réduire l'abstention ? La France insoumise saura-t-elle préserver son leadership sur l'ensemble des forces de gauche ? Le Rassemblement national, qui poursuit sa dédiabolisation, sera-t-il en mesure de l'emporter en 2027 ?The 2022 electoral season ended with Emmanuel Macron's unenthusiastic reelection and a relative majority for its coalition. On the other hand, Marine Le Pen and her party, the Rassemblement national, scored better than in 2017, as did Jean-Luc Mélenchon with La France insoumise, so much so that he is now the uncontested leader on the left. However, the electoral geography of the radical left is still limited to specific territories while the far right now covers the entire country. These two groups benefited from the fall of two historic government parties, the Socialist party (already weakened in 2017) and Les Républicains (only 64 seats at the National assembly). What to expect from this new political game ? Could a more dynamic parliamentary life contribute to renewed interest in the political debate and reduce abstention ? Will the France insoumise be able to keep its leadership on the left ? And will the Rassemblement national – who continues its normalization – be able to win in 2027 ?
- La Seine-Saint-Denis en 2022 : une gauche forte, une abstention aiguë, des inégalités croissantes - Wilfried Serisier p. 23-44 En Seine-Saint-Denis, dans ce territoire de la périphérie de la métropole francilienne, connue pour être la banlieue rouge à un moment de son histoire, à l'issue de la séquence présidentielle/législative 2022, l'hégémonie de la gauche est plus que confirmée avec des scores rarement atteints pour les candidatures de gauche au premier tour de l'élection présidentielle en France, confirmés par le « grand chelem » des législatives. Les résultats nationaux confirment une reconfiguration des rapports de force installés depuis des années et peuvent questionner sur l'avenir de la banlieue rouge. Ces dynamiques politiques s'inscrivent dans la montée encore forte de l'abstention et une question postcoloniale toujours aussi préoccupante. La réalité territoriale se modifie progressivement avec les chantiers du Grand Paris Express et des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 sans que pour autant les inégalités sociales et territoriales freinent et sans qu'un pouvoir métropolitain fort n'émerge malgré vingt ans de débat.In Seine-Saint-Denis, in this territory on the periphery of the metropolis of France, known for being the red suburb at a time in its history, at the end of the presidential/legislative sequence 2022, the hegemony of the Left is more than confirmed with scores rarely achieved for the left candidates in the 1 st round of the presidential election in France, confirmed by the “grand slam” of the legislative elections. The national results confirm a reconfiguration of the power relations installed for years and can question the future of the red suburbs. These political dynamics are part of the still strong rise of abstention and a post-colonial issue that is still so worrying. The territorial reality is gradually changing with the construction of the Grand Paris Express and the 2024 Olympic and Paralympic Games, without the social and territorial inequalities holding back and without a strong metropolitan power emerging despite twenty years of debate.
- Marseille : recomposition électorale toujours en cours - Sylvain Manternach p. 45-74 À Marseille, Jean-Luc Mélenchon a nettement dominé la concurrence lors du premier tour de l'élection présidentielle avec 31,1 % des suffrages. Emmanuel Macron a vu les électeurs de gauche se détourner de lui mais il a pu compter sur les voix des électeurs de droite pour se classer en deuxième position (22,6 %). Marine Le Pen finit troisième (20,9 %), en légère baisse, mais remporte largement son duel avec Éric Zemmour (11,1 %). La nette domination de la gauche (38,4 % des voix contre 25,6 % pour la droite libérale et 32 % pour l'extrême droite) ne s'est pourtant traduite que par la victoire dans trois circonscriptions sur sept à Marseille malgré l'union (Nupes) réalisée à l'initiative de La France insoumise. La très forte abstention, notamment dans les cités, mais également la très forte ségrégation territoriale à Marseille ont empêché la gauche de réaliser un meilleur résultat. L'extrême droite (RN) a profité de cette forte abstention et de reports de voix d'électeurs de la majorité présidentielle pour emporter sa première victoire législative à Marseille.In Marseille, Jean-Luc Mélenchon clearly dominated the competition during the first round of the presidential election with 31.1 % of the vote. Emmanuel Macron saw left-wing voters turn away from him, but he was able to count on the votes of right-wing voters to rank in 2nd position (22.6 %). Marine Le Pen finished third (20.9 %), down slightly but largely won her duel with Éric Zemmour (11.1 %). The clear domination of the left (38.4 % of the vote against 25.6 % for the liberal right and 32 % for the extreme right) however only resulted in victory in 3 out of 7 constituencies in Marseille despite the union (Nupes) carried out on the initiative of France insoumise. The very strong abstention, especially in the cities, but also the very strong territorial segregation in Marseille prevented the left from achieving a better result. The far right (RN) took advantage of this strong abstention and carryover votes from voters of the presidential majority to win its first legislative victory in Marseille.
- Guadeloupe : les élections présidentielle et législatives 2022, réalité des fractures, enjeux et perspectives géopolitiques - Rosan Monza p. 75-98 En Guadeloupe, un des trois départements français des Amériques (DFA), la question de l'évolution statutaire et donc de son affranchissement de la tutelle française est une vieille antienne qui faute d'adhésion populaire fait l'objet de procrastination de la part des acteurs locaux. Cela signe les contradictions qui traversent ces territoires mais surtout l'absence totale de projet géopolitique ambitieux partagé qui contribuerait à rendre plus lisible la nature des relations de cette supposée « rebelle Guadeloupe » avec la France. La Guadeloupe comme les autres DFA est écartelée entre le besoin d'une domiciliation de pouvoir et d'affirmation identitaire et le maintien d'un confortable niveau de vie qu'engendrent les transferts sociaux et budgétaires de l'État et autres avantages que lui confère son statut de département et de région ultrapériphérique européenne. Cet article tente d'appréhender l'irrationalisme apparent du comportement politique guadeloupéen. Tenter de saisir les enjeux de la géopolitique électorale guadeloupéenne c'est mettre à l'épreuve les contradictions et les forces centripètes qui agissent pour produire une territorialité atypique que l'on nomme « guadeloupéanité ». C'est surtout révéler la force, la prégnance des représentations historiques collectives qui nourrissent les discours démagogiques des syndicats anarcho-indépendantistes. Il en va de même du discours victimaire populiste que développe le Rassemblement national auprès d'une frange populaire de la population guadeloupéenne qui nourrit un ressentiment xénophobe de déclassé envers les populations étrangères. Ces dernières, loin de l'esprit d'assistanat en cours ici, entreprennent et réussissent pour faire vivre leurs communautés mais aussi maintenir des pans entiers de l'économie guadeloupéenne, notamment celle visant un minimum d'autonomie alimentaire et de production dans les filières que désertent les Guadeloupéens.In Guadeloupe, the question of the evolution of its status and so, of its emancipation from French supervision is an old song. Due to poor popular mobilization, local leaders procrastinate on the matter. This reveals the contradictions existing across the teritory but, more importantly, the lack of a shared and ambitious geopolitical project that could help understand the relationship between the so-called “rebellious Guadeloupe” and France. Like the other French departements of America, Guadeloupe is indeed torn between the need of a location affirming both power and identity, while hoping to maintain the comfortable standard of living generated by the State financial and social transfers. This article deals with the apparent unrealistic political behavior. To capture the electoral geopolitical stakes in Guadeloupe is to examine the contradictions and centripetal forces contributing to an atypical sense of belonging called “guadeloupénaité”. It also and foremost is to reveal the persistence of collective historical representations still feeding anarcho-independentist unions'demagogical discourses. The same goes for populist victim discourses developed by the Rassemblement national to a xenophobic fringe of the Guadeloupean population that attributes its relegation to foreigners. Foreigners who, far from a “welfare mentality”, undertake initiatives and start business to sustain their communities and entire sections of the Guadeloupean economy deserted by the locals, including the part aiming at food autonomy and production.
- Une géopolitique de la Corse : entre autonomisme « triomphant » et violences sociétales - Joseph Martinetti p. 99-128 Le cycle électoral de l'année 2022 consolide une nouvelle fois depuis 2015 l'hégémonie des partis nationalistes dans le paysage politique insulaire. La majorité absolue obtenue par Femu a Corsica aux élections territoriales de 2021 autour du charismatique Gilles Siméoni permet à l'exécutif et à l'Assemblée de Corse de négocier désormais avec le pouvoir central, mené par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, une autonomie institutionnelle. Pourtant cet « autonomisme triomphant », soucieux de négocier un statut proche des autres grandes îles de Méditerranée occidentale, dissimule mal les profondes fragilités de cette stabilisation du système politique corse. À la veille d'être une nouvelle fois le laboratoire d'une dévolution de pouvoirs « à la française », la Corse figure parmi les périphéries les plus contestataires du territoire français où le vote en faveur du Rassemblement national et l'abstentionnisme sont particulièrement élevés. Le malaise affiché par une partie importante de la jeunesse insulaire renouvelle les cycles de violence et il traduit les doutes identitaires d'une génération confrontée à une seule alternative entre une économie de la rente publique et celle moins sécurisée de l'économie résidentielle et touristique, et de moins en moins encline à s'intégrer dans la nouvelle société française des métropoles multiculturelles.The electoral cycle of the year 2022 consolidates once again since 2015 the hegemony of nationalist parties in the island political landscape. The absolute majority obtained by Femu a Corsica in the territorial elections of 2021 around the charismatic Gilles Siméoni allows the executive and the Assembly of Corsica to now negotiate an institutional autonomy with the central power, led by the Minister of the Interior Gérald Darmanin. However, this “triumphant autonomy”, anxious to negotiate a status close to these of the other islands of the western Mediterranean, does not hide the deep weaknesses of this stabilization of the Corsican political system. On the eve of being once again the laboratory for a “French-style” devolution of powers, Corsica is one of the most protesting outskirts of French territory where the vote in favor of the Rassemblement national and abstentionism are particularly high. The malaise displayed by a large part of the island's youth renews the cycles of violence and reflects the identity doubts of a generation faced with only one alternative between an economy of public rent and the less secure one of the residential and tourist economy and less and less inclined to integrate the new French society of multicultural metropolises.
- Les Pyrénées-Orientales : du territoire d'enracinement au territoire d'établissement du Rassemblement national - David Giband p. 129-149 Cet article interroge la portée stratégique du laboratoire perpignanais du Rassemblement national au regard de la vague RN aux élections présidentielles et aux législatives dans l'ancien Languedoc-Roussillon. Nous partons de l'hypothèse formulée par E. Négrier et J. Audemard que, dans l'ex-Languedoc-Roussillon, la stratégie du RN consiste désormais moins à consolider des territoires d'enracinement qu'à structurer des territoires d'établissement. Stratégie qui soulève de nombreuses interrogations quant à la portée effective du laboratoire perpignanais, aux formes d'adhésion au sein des différents territoires (urbain, périurbain, rural), à la banalisation du RN sur la scène institutionnelle et politique locale et régionale, aux compromis des élus LR et centristes mais aussi aux capacités et limites du RN à agir (base militante faible, appareil politique peu présent sur le territoire).This paper examines the strategic scope of the RN's Perpignan laboratory in the light of the RN wave in the presidential and legislative elections in the former Languedoc-Roussillon. We follow the hypothesis formulated by E. Négrier and J. Audemard (2022) that, in the former Languedoc-Roussillon, the RN's strategy now consists less in consolidating territories of rooting than in structuring territories of establishment. This strategy raises many questions about the effective scope of the so-called Perpignan laboratory, the forms of adhesion within the different territories (urban, suburban, rural), the trivialization of the RN on the local and regional institutional and political scenes, the compromises of LR and centrist elected officials, but also the capacities and limits of the RN to act (weak militant base, political apparatus with little presence on the territory).
- Ancienne région et nouvelle géopolitique : l'Auvergne des quatre départements - Fabien Conord p. 151-167 La géopolitique de l'ancienne région Auvergne présente une physionomie originale à l'issue des élections législatives de 2022 puisqu'elle ne compte aucun député du parti présidentiel et surreprésente certaines oppositions, notamment LR. Les quatre départements examinés (Allier, Cantal, Haute-Loire et Puy-de-Dôme) juxtaposent plus qu'ils n'associent parfois des territoires au profil sociologique contrasté, ce qui se traduit par des oppositions géographiques très visibles. Le principal changement est la progression du RN dans les anciennes villes ouvrières et les zones rurales.Geopolitics of the former Auvergne region presents an original physiognomy at the end of the legislative elections of 2022 since it does not include any deputy from the presidential party and over-represents certain oppositions, in particular LR. The four departments examined (Allier, Cantal, Haute-Loire and Puy-de-Dôme) juxtapose more than they sometimes associate territories with contrasting sociological profiles, which results in very visible geographical oppositions. The main change is the progression of RN in the former working towns and rural areas.
- La (re)configuration contemporaine des rapports de force politiques en Bretagne au miroir de la France et de l'histoire régionale - Thomas Frinault p. 169-192 Si la représentation historique de la Bretagne comme une terre conservatrice ressortait autant d'une réalité que d'une représentation simplificatrice, il en va de même aujourd'hui avec l'image d'une région macronienne. Certes, il y a là une réalité empirique évidente comme en attestent les rapports de force électoraux lorsqu'ils sont rapportés à la France entière. Mais il convient de faire simultanément état de tous les indicateurs susceptibles de relativiser cette puissance apparente du macronisme breton (exclusion du pouvoir local, moindre performance en 2022 qu'en 2017 avec un rebond – relatif – de la gauche) et de porter attention à d'autres types de reconfigurations politiques comme la poussée du Rassemblement national, aussi réelle que passée relativement inaperçue. Les conclusions sont contingentes du point de vue comparatiste adopté, selon qu'il s'agit de rapporter les rapports de force politique bretons à la France entière (comparaison synchronique) ou à l'évolution bretonne (comparaison diachronique).If the historical representation of Brittany as a conservative region was as much a reality as a simplifying representation, the same is true today with the image of a Macronian region. There is an obvious empirical reality here, as evidenced by the electoral results when compared to the whole of France. But it is appropriate to simultaneously report on all the indicators likely to relativize this apparent power of Macronism (exclusion from local power, declining resultats in 2022 with a rebound of the left) and to pay attention to other types of political reconfigurations such as the surge of the Rassemblement national, as real as it has gone relatively unnoticed. The conclusions are contingent on the comparative point of view adopted, depending on whether the Breton political balance of power is related to the rest of France (synchronic comparison) or to the Breton evolution (diachronic comparison).
- L'analyse géographique des résultats électoraux de 2022 dans le Grand Est : entre permanences et évolutions des rapports de force - Mark Bailoni p. 193-217 Cet article analyse les résultats des élections présidentielle et législatives de 2022 dans la région Grand Est, territoire marqué par de fortes disparités internes, en cherchant à déterminer les spécificités régionales et locales ou les points communs avec le reste du territoire français, en étudiant certaines situations exceptionnelles à l'échelle locale, et en essayant de comprendre les raisons de ces votes à travers plusieurs hypothèses. En effet, on y observe une nette montée du RN, puisque Marine Le Pen est arrivée en tête au premier tour de la présidentielle dans la région et en tête au second tour dans de nombreuses communes, et puisque les candidats RN se sont maintenus au second tour des législatives dans la majorité des circonscriptions de la région et neuf ont été élus députés. Cette progression s'explique par de nombreux facteurs. En revanche, les résultats dans certains territoires sont plus surprenants et ne répondent pas aux grandes tendances nationales.This paper analyzes the results of the presidential and legislative elections of 2022 in the Grand Est region, a territory characterised by significant internal disparities. It aims to determine the regional and local specificities or the points in common with the rest of the French territory, by studying few exceptional situations at the local scale, and trying to understand the reasons for these votes through several hypotheses. Indeed, a significant rise of the RN could be noticed, since Marine Le Pen came first in the first round of the presidential election in the region and even in the second round in many municipalities, and since the RN candidates were present in the second round of legislative elections in the majority of constituencies in the region, and 9 were elected deputies. This increase is due to many factors. On the other hand, the results in several territories are more surprising and do not correspond to the major national trends.
- Géographie du zemmourisme - Jérôme Fourquet, Sylvain Manternach p. 219-235 Candidat émergent dans le paysage politique, Éric Zemmour a dû se constituer un électorat en agrégeant différents segments sociologiques et idéologiques. L'analyse géographique permet de mettre au jour les contours de cet électorat composite. S'il a manifestement capté une partie de l'électorat lepeniste, ce phénomène s'est essentiellement cantonné sur le littoral méditerranéen alors que les bastions frontistes du nord et de l'est du pays demeuraient relativement imperméables à l'offre zemmouriste. À côté de cet électorat frontiste du Sud, le polémiste est parvenu à séduire un électorat bourgeois-conservateur, lui ayant ainsi assuré de bons résultats dans les arrondissements de l'Ouest parisien comme dans certaines zones de villégiature. Au total, la carte électorale nous montre que le candidat de Reconquête ! a réalisé une forme d'union de droites, mais en modèle réduit et sur les segments les plus radicalisés. Le phénomène Zemmour restera comme un symptôme supplémentaire du processus de décomposition/recomposition du paysage électoral enclenché depuis 2017.As a new figure in the political landscape, Éric Zemmour had to build an electorate by bringing together voters with different sociological and ideological convictions. A geographical analysis shows the outlines of this composite electorate. While he clearly attracted some Le Pen voters, this was mainly the case along the Mediterranean coast, while Le Pen traditional strongholds in the north and east of France remained relatively immune to Zemmour's policies. Alongside traditional Le Pen voters from the south, the polemist managed to gain some conservative upper middle class voters, which gave him good results in western Paris and some resort towns. Overall, the election results show that the Reconquête ! party leader achieved a kind of union of right wing voters, but on a small scale, and among the most radical segments. Zemmour rise will remain a further symptom of the breakdown and rebuilding of the French electoral landscape that began in 2017.
- Les élections françaises décryptées par les cartographes du journal Le Monde - Mathilde Costil, Sylvie Gittus-Pourrias, Delphine Papin p. 237-247 Au service infographie du Monde, huit personnes travaillent toute la nuit pour produire dix à douze cartes. Une élection présidentielle se prépare durant les quatre mois qui précèdent en réfléchissant aux cartes qui vont éclairer le résultat. Durant cette préparation, le lien avec les journalistes du service Politique est essentiel. Le choix des couleurs pour représenter les partis sur la carte est un enjeu. Pour montrer l'émergence de quelque chose de nouveau après discussion le choix du jaune a été fait pour représenter les circonscriptions remportées par Emmanuel Macron. Il faut savoir réaliser une carte simple et de lecture directe et l'associer avec d'autres cartes à d'autres échelles pour mieux faire comprendre la complexité des rapports de force électoraux. Cependant, la facilité qu'offrent les outils informatiques ne doit pas faire oublier que Le Monde est un quotidien grand public.Eight people of the infographic department of Le Monde work every night to produce ten to twelve maps. A presidential election needs four months of preparation to think about the maps that will help to understand the future result. During this preparation, the collaboration with the journalists of the politic department is essential. The choice of the different colors to depict the different political parties on a map is very important. To show the emergence of something new after a discussion, the choice of the yellow was made to represent the different districts won by Emmanuel Macron. It is essential to draw a simple map that can be easily understood and to associate it with other maps of different scales to get anyone to understand the complexity of the electoral balance of power. However, the easiness of using computers must not make people forget that Le Monde is a mainstream daily newspaper.
- Souveraineté et réindustrialisation dans un environnement géopolitique instable - Anaïs Voy-Gillis p. 249-263 Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les appels à réindustrialiser la France au nom du renforcement de la souveraineté se multiplient. Pourtant, l'évaluation de la dépendance de la France et les segments de marché dans lesquels il faut renforcer l'industrie pour atteindre ce but ne font pas consensus. Ainsi, le préalable à toutes politiques industrielles est de bâtir une vision commune de ce qu'est la dépendance de la France. De plus, l'enjeu n'est pas tant la réindustrialisation de la France qu'un affrontement entre des visions du monde et des modèles de société différents. Autrement dit, il s'agit de définir les buts que l'on entend servir en réindustrialisant le pays et en intégrant le fait que certaines ambitions peuvent être, si on n'y prend pas garde, antagonistes. La réindustrialisation de la France doit également s'articuler entre des ambitions européennes et des limites au regard des dépendances comme celle aux matières premières critiques.Since the beginning of the Covid-19 pandemic, calls to reindustrialise France in the name of strengthening sovereignty have been multiplied. However, there is no consensus on the definition of France's dependence and the market segments in which the industry should be strengthened. It is necessary to build a common vision of what France's dependence is. What is at stake is not really the reindustrialisation of France, but a confrontation between different visions of the world and different models of society. We need to define the goals that we want to serve by reindustrialising France and integrating the fact that certain ambitions can, if we are not careful, be antagonistic like environmental policies and industrial policies. Furthermore, the reindustrialisation of France must be articulated between European ambitions and the numerous limits as dependencies on critical raw materials.
- Après l'élection présidentielle : planification écologique, crise démocratique, faut-il plus de décentralisation ? - Simon Ronai p. 265-280 Le cycle électoral de 2022 a semblé opposer villes et campagnes. Cette opposition entre deux France efface leurs interdépendances et l'ampleur des flux de biens, d'idées, de personnes, d'argent public et privé, confortant l'idée de territoires isolés et oubliés alors qu'ils n'ont pas été abandonnés. Pour éviter l'apparente opposition villes/ruralité une nouvelle redistribution des pouvoirs et des ressources est-elle utile pour répondre aux besoins de rééquilibrage et de cohésion territoriaux ? Est-ce le moment d'engager un nouvel acte de décentralisation ? Dans la perspective d'arbitrages d'une grande technicité qu'imposent la planification écologique et la transition énergétique, faut-il laisser les mains plus libres aux diverses collectivités ou accompagner, voire imposer les mesures politiques et techniques qui seront le signal du changement de modèle de développement économique et la garantie de justice sociale ?The electoral cycle of 2022 seemed to oppose the cities and the countryside. This form of opposition between two France erase their interdependences and the scope of the flows of goods, ideas, people, public and personal funds, all this reinforcing the conception of isolated and forgotten territories even if they are not neglected. To avoid this apparent opposition between the cities and the countryside, is a new redistribution of the different powers and resources is necessary to rebalance and give a cohesion to the territorial needs ? Is it the right time for a new decentralization ? In the perspective of some arbitrations of a great technical nature imposed by the ecological planning and the energy transition, must we give more liberty to the different collectivities or must we support or impose the political and technical measures that will be the signal of a change of the economic development and the guarantee of a social justice?
- Ego-bibliographie - Yves Lacoste, Léo Lacoste p. 281-294 Yves Lacoste a choisi de classer ses publications depuis le début des années 1950 et de les ranger dans un ordre chronologique. Il a eu la surprise de voir que des questions qui le préoccupent depuis longtemps ont fait l'objet de publications, certes importantes, mais beaucoup plus tardives. Cette « ego-bibliographie exposition » lui a rappelé le rôle qu'a eu tel et tel grand éditeur, dans sa décision d'écrire, à un certain moment, tel ou tel ouvrage. En passant en revue tout ce qu'il a réfléchi et publié dans sa longue histoire personnelle, il a réalisé combien les histoires coloniales, puis postcoloniales, et le destin de la France lui importent grandement.Yves Lacoste has decided to file all his publications since he started to write in the beginning of the 50's and to sort them in a chronological order. He was surprised to discover that some questions which are a cause for concern to him for a long time have been the object of many important publications, but published much more later. This « egobibliography », this « exposition » has reminded him the role played by such and such publishers in his decision to write, at a certain moment, such and such books.By reviewing all his reflections and publications through his long personal history, he realized how much the colonial then post-colonial history, and the destiny of France are important to him.