Titre | Du « service rebelle » aux rebelles « de service » : Des syndicalistes face à l'image critique de leur collectif | |
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Auteur | Bérénice Crunel | |
Revue | Sociétés contemporaines | |
Numéro | no 125, 2022/1 Le travail de la critique | |
Rubrique / Thématique | Le travail de la critique |
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Page | 91-115 | |
Résumé |
Au sein d'une prestigieuse institution culturelle se déroule une longue lutte de (dis)qualification de l'image ouvrière et contestataire des techniciens, notamment des machinistes. Aux côtés des porte-parole syndicaux de ces personnels subalternes, cet article questionne particulièrement le poids des routines institutionnelles, syndicales et managériales sur la mise en forme et les possibilités d'expression d'une critique à la fois professionnelle et sociale. Source de fierté collective et emblème d'une certaine autonomie culturelle, cette image rebelle entretient des logiques pratiques de politisation et de contestation d'un ordre institutionnel teinté de mépris de classe. Ces représentations, auxquelles les techniciens adhèrent plus ou moins selon leur trajectoire, soutiennent un syndicalisme de lutte délégitimé par les dirigeants de l'établissement qui retournent cette image contestataire en posture d'opposition systématique, traditionnelle et dépassée. Ce point de vue est renforcé dans les réunions de négociation, codifiées par les politiques d'incitation au « dialogue social » qui, jusque dans leur configuration matérielle, contribuent à encadrer, contourner ou disqualifier les revendications portées par ces syndicalistes hétérodoxes. À rebours de « l'horizontalité entre partenaires sociaux » affichée, ces dispositifs concourent surtout au rappel à l'ordre, indissociablement institutionnel et social, des travailleurs subalternes de cette « Maison ». Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Within a prestigious cultural institution, the rebellious reputation and working-class image of technicians – especially stage hands – is the subject of a long-lasting struggle. This article particularly questions how the logics of (dis)qualification depend upon institutional, union and managerial routines. On the one hand, this symbolic universe enables the reaffirmation of a collective sense of pride and dignity and maintains practical logics of politicization and contestation to face an institutional order tinged with class contempt. On the other hand, while these representations can legitimize a “class struggle” trade unionism in the subaltern staff, they are also stigmatized by the management of the institution as a systematic, traditional and outdated opposition. This symbolic disqualification is reinforced in the negotiation meetings, which are codified by « labour relations » policies. The material configuration of these meetings contributes to framing, restricting or disqualifying the claims made by these heterodox trade unionists. In contrast to the stated « horizontality » between « social partners », these mechanisms mainly contribute to maintaining both institutional and social order, and send back technicians to their subaltern position. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SOCO_125_0091 (accès réservé) |