Contenu de l'article

Titre Quantifier la frugalité de la recherche ?
Auteur Antoine Hardy, Camille Noûs
Mir@bel Revue Socio
Numéro no 17, 2023 La frugalité de la recherche
Page 83-117
Résumé Au tournant des années 2000, des publications scientifiques ont commencé à s'interroger sur les gaz à effet de serre émis par les activités de recherche. Depuis la fin des années 2010, les travaux quantifiant l'« empreinte carbone » de la recherche se sont intensifiés et diversifiés. Plusieurs strates de temporalités distinctes doivent toutefois être identifiées afin de déplier le singulier du terme empreinte carbone. La première est celle qui renvoie à la filiation terminologique entre l'« empreinte environnementale » et l'empreinte carbone. La deuxième situe un processus de quantification carbone entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, qui s'inscrit lui-même dans l'histoire longue de la quantification. La troisième strate est l'utilisation de cette catégorie dans de nombreuses publications scientifiques, l'empreinte carbone de la recherche étant une partie d'un ensemble plus vaste. Se dessine alors un espace de commensurabilité scientifique : une fois sous la forme de cet équivalent dioxyde de carbone, des activités, ou des segments d'activités, sont rendus comparables par cette métrique commune. L'enquête de terrain menée dans le cadre d'une thèse de science politique permet de faire entendre la parole de personnels de recherche en France effectuant un travail d'estimation d'empreinte carbone de la recherche. Si ce processus de quantification aux motivations diverses conduit à interroger des pratiques ou des perceptions, ce qui est mis en nombre n'est pas seulement un « coût » de la recherche mais aussi différentes formes de temps de l'activité scientifique.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais At the turn of the millennium, scientific publications began to wonder about the greenhouse gases emitted by research activities, through the category of “carbon footprint”. Since the end of the 2010s, this quantification has intensified and diversified. However, several distinct layers of temporalities must be identified in order to unfold the singularity of the term carbon footprint. The first refers to the terminological filiation between the “ecological footprint” and the carbon footprint. The second situates the process of carbon quantification between the late 1990s and the early 2000s, which is itself part of the long history of quantification. The third layer is the use of this category in many scientific publications: the carbon footprint of research is part of a larger body of work. A space of scientific commensurability then emerges in the form of the carbon dioxide equivalent: activities, or segments of activities, are made comparable by this common metric. The fieldwork conducted as part of a political science dissertation allows us to hear the diverse motivations of research staff in France who are undertaking this carbon footprint estimation. If this process of quantification questions scientific practices or perceptions, what is quantified is not only a "cost" of research but also the different forms of time on scientific activity.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/socio/14157