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Titre Le corps des femmes : la place des filles-mères dans la « pyramide normative » chrétienne. Approche juridique et anthropologique des filles-mères dans la France médiévale (xiie-xve siècles)
Auteur Marjorie Coulas
Mir@bel Revue Droit et cultures
Numéro no 82, octobre 2021 Le corps en droit
Rubrique / Thématique
Dossier : Le corps en droit.
Résumé Les mères célibataires, autrefois appelées filles-mères, ont toujours tenu une place singulière dans la représentation féminine chrétienne. Depuis l'avènement du christianisme, les femmes se voient attribuer une place dans la société, en fonction de l'usage qu'elles font de leur corps : la vierge, la mère et la prostituée. La vierge est au sommet de la pyramide, encensée pour le contrôle qu'elle exerce sur son corps et sa vie, dévoués tous deux au Christ. La mère, rôle naturel de la femme, se place en seconde position de cette pyramide normative. Sa fonction, qui lui vient de la Genèse (1.28) « Croissez et multipliez-vous et remplissez la Terre », est encadrée par les lois canoniques. La prostituée, enfin, forme la base de cette pyramide. Mais si les Pères de l'Église considèrent la prostitution comme une abomination, les canonistes et la société, notamment celle du Moyen-Âge, voit en la prostituée une nécessité sociale. La prostituée est protégée, voire comprise. La fille-mère ne correspond à aucun de ces standards. Ce n'est ni Ève, la tentatrice, ni Marie, la vierge-mère. Si elle est mère, elle ne l'est pas selon les règles canoniques. Peu importe la raison qui l'a amenée à se retrouver mère, elle est nécessairement fautive. Sa faute : avoir succombé à la tentation suprême, l'appel du corps. La question est donc de savoir quelle place lui accorde les canonistes et les moralistes du Moyen-Âge dans la pyramide normative chrétienne.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Unmarried mothers, formerly known as damsels, have always held a special place in Christian feminine representation. Since the advent of Christianity, women have been assigned a place in society according to the use they make of their bodies: the virgin, the mother and the prostitute. The virgin is at the top of the pyramid, praised for her control over her body and her life, both of which are devoted to Christ. The mother, the natural role of the woman, is second in this normative pyramid. Her function, which comes from Genesis (1.28) "Grow and multiply and fill the earth", is framed by the canonical laws. The prostitute, finally, forms the base of this pyramid. But if the Fathers of the Church consider prostitution as an abomination, the canonists and the society, notably that of the Middle Ages, see the prostitute as a social necessity. The prostitute is protected, even understood. The girl-mother does not correspond to any of these standards. She is neither Eve, the temptress, nor Mary, the virgin mother. If she is a mother, she is not one according to the canonical rules. Whatever her reason for being a mother, she is necessarily at fault. Her fault: having succumbed to the supreme temptation, the call of the body. The question is therefore what place the canonists and moralists of the Middle Ages give her in the Christian normative pyramid.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/droitcultures/7455