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Titre Politiser le travail ou l'entreprise ? Trois registres de citoyenneté industrielle
Auteur Karel Yon
Mir@bel Revue Sociologie du travail
Numéro vol. 64, no 4, octobre-décembre 2022
Rubrique / Thématique
Articles
Résumé Les réflexions contemporaines sur la démocratisation du travail mettent souvent l'accent sur un champ du « gouvernement de l'entreprise » composé d'institutions et de pratiques qui sont pensées en analogie avec la politique légitime dans les démocraties libérales. Plutôt que de circonscrire a priori la politique à la définition d'un bien commun de l'entreprise, l'analyse proposée ici tente de saisir comment le travail se politise en situation. Prenant comme point de départ l'étude sociohistorique d'une expérience de relance et de démocratisation d'une petite entreprise industrielle du Nord de la France, à la fin des années 1970, l'article identifie trois registres de « citoyenneté industrielle », montrant ainsi que la démocratisation du travail est un enjeu de luttes. Après avoir distingué, dans la dynamique de l'occupation et de la relance de l'entreprise, deux registres « classiste » et « gestionnaire » qui s'appuient différemment sur les institutions du mouvement ouvrier et de l'entreprise, il souligne l'importance des conflits autour du salaire, révélant celui-ci comme un troisième support matériel et symbolique de subjectivation politique. In fine, cette démarche permet aussi d'attirer l'attention sur le lien étroit entre nos façons d'observer le travail et nos conceptions de la politique et de la démocratie.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Contemporary debates on the democratisation of work often focus on a field of “corporate governance” composed of institutions and practices that are thought of in analogy with the legitimate politics of liberal democracies. Rather than assuming that politics refers necessarily to the definition of a corporate common good, I suggest observing how work is politicised in situ. Taking as a starting point the socio-historical study of an experience of recovery and democratisation at a small industrial company in the North of France in the late 1970s, the article identifies three registers of “industrial citizenship”, thus showing the democratisation of work to be a conflict issue. After distinguishing, throughout the sit-ins and the recovery of the company, between a “classist” and a “managerial” register, which rely respectively on the institutions of the labour movement and the company, it underlines the importance of conflicts over pay, revealing the latter to be a third material and symbolic support of political subjectivation. Ultimately, this approach also draws attention to the close link between our ways of observing work and our conceptions of politics and democracy.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/sdt/42310