Titre | Un syndicalisme bridé. Expériences ordinaires de délégué·es dans des mondes du travail précaires | |
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Auteur | Charles Berthonneau | |
Revue | Sociologie du travail | |
Numéro | vol. 64, no 4, octobre-décembre 2022 | |
Rubrique / Thématique | Articles |
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Résumé |
Alors que les travaux concernant les effets de la précarisation du salariat sur le syndicalisme s'intéressent surtout aux conditions d'émergence de mobilisations collectives, cet article s'intéresse plutôt aux dimensions ordinaires de l'activité de délégué·es issu·es de trois secteurs précarisés du marché de l'emploi (grande distribution, maisons de retraite, sous-traitance industrielle), rencontré·es au cours d'une enquête ethnographique menée dans deux unions locales de la Confédération générale du travail (CGT). Grâce au décentrement que nous proposons en nous focalisant sur les formes routinières de l'action syndicale, nous mettons tout d'abord en évidence l'importance des tâches à caractère scolaire qui constituent le travail militant, ce qui nous amène à souligner les difficultés que rencontrent ces délégué·es en raison de leur manque de capital culturel. Dans un second temps, nous expliquons que ces engagements s'avèrent relativement coûteux et faiblement rétribués, si bien qu'il est difficile pour les délégué·es de tenir leurs responsabilités. À travers ces différents axes d'analyse, nous montrons que des mondes du travail précaires sont synonymes de formes précaires d'engagement syndical, si bien que l'on assiste moins à un véritable renouveau syndical qu'à la constitution d'un syndicalisme bridé, en marge des lieux historiques d'implantation militante où évoluent d'abord les fractions stables des classes populaires. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
While studies on the effects of precariousness on trade unionism essentially examine the conditions for the emergence of collective mobilizations, this article focuses on the ordinary dimensions of the activity of shop stewards in three precarious sectors of the job market (supermarkets, residential institutions for the elderly, industrial subcontracting) who were interviewed over the course of an ethnographic study carried out in two local trade union branches. By means of the decentring that we propose, by focusing on the routine forms of trade union action, we first highlight the importance of the education-related tasks that make up activist work, which leads us to emphasize the difficulties these delegates face due to their lack of cultural capital. Secondly, we explain that these commitments are relatively costly and poorly remunerated, making it difficult for the delegates to fulfil their responsibilities. Through these different lines of analysis, we thus show how precarious workplaces are synonymous with precarious forms of trade union commitment. In this respect, they represent less of an actual trade union renewal than the development of a restrained unionism, on the fringes of historical union strongholds where stable fractions of the working classes are primarily found. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/sdt/42422 |