Titre | Pétrole : marée noire sur la croissance ? | |
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Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) | |
Numéro | no 91, octobre 2004 Revue de l'OFCE n°91 | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Perspectives pour 2004-2005 Études spéciales |
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Page | 203 | |
Résumé |
En pleine croissance, l'économie mondiale doit faire face à une flambée des prix du pétrole depuis plusieurs mois. Sur un an, les prix ont augmenté de 50 %, à 42,2 dollars le baril au troisième trimestre, et il est difficile de dire aujourd'hui jusqu'où cette envolée peut aller. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène : choc inattendu de la demande, fortes tensions sur les capacités productives et multiplicité des sources de perturbations, avérées ou potentielles, de la production.
Cette hausse se traduit par un transfert de richesse des pays importateurs nets vers les pays exportateurs nets de pétrole, qui avoisinerait quelques 100 milliards de dollars en 2004 (soit 0,3 % du PIB de l'OCDE) et dont l'impact sur l'économie mondiale est globalement récessif. Dans les pays importateurs nets, l'inflation s'accélère et les revenus des agents diminuent. En 2004, les ménages américains et européens devraient perdre respectivement 0,5 et 0,3 point de pouvoir d'achat de leur revenu et donc freiner leur consommation. À l'horizon 2005, compte tenu de notre prévision de prix du pétrole (détente vers 33 dollars le baril de Brent fin 2005), la croissance de la zone euro serait amputée de 0,4 point de croissance. L'impact reste limité car circonscrit, la forte crédibilité des autorités monétaires à respecter leurs objectifs d'inflation suffisant à éviter la mise en place d'une spirale prix-salaires.
Mi-octobre, les prix dépassaient 50 dollars le baril. Dans l'hypothèse où ils restent à ce niveau en 2005, l'impact serait alors un peu plus violent et amputerait dès la première année la croissance des pays développés de quelques dixièmes de points supplémentaires. En cas de resserrement monétaire, l'impact serait d'environ – 0,6 point de PIB. La zone euro serait autant, voire légèrement plus affectée que les États-Unis ou le Japon. Pourtant, certaines caractéristiques structurelles jouent en sa faveur : malgré une dépendance du PIB aux importations nettes de pétrole légèrement plus élevée qu'aux États-Unis, l'intensité pétrolière y est 30 % plus faible. Les pays en développement et en transition importateurs nets de pétrole seraient néanmoins les plus affectés, un choc pétrole pouvant faire réapparaître des déséquilibres sous-jacents : solvabilité insuffisante, sur-accumulation, secteur bancaire fragile... À l'inverse, les pays exportateurs de pétrole utiliseraient leurs pétrodollars pour accroître leurs dépenses et stimuler leurs importations. Une partie serait recyclée sur les marchés financiers internationaux. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Since early 2004, oil prices have increased by 50% as a combined result of a demand shock, tensions on production capacities and supply disruptions. The surplus of wealth from oil importing to exporting countries nears 100 bn dollars (0.3% of OECD GDP) in the whole year. Households' real income should decrease by 0.3 point in the euro zone and by 0.5 point in the US. According to our oil price forecasts (33 dollars a barrel by the end of 2005), GDP growth should be reduced by 0.4 point in 2004-2005.
Should prices remain at 50 dollars throughout 2005, growth in industrial countries will be further impaired (0.6 point with a monetary policy response), but developing economies will suffer more. Oil producing countries should increase their imports and the reintroduction of petro dollars on financial markets should hold international interest rates down. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=REOF_091_0203 |