Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°91
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 91, octobre 2004 |
Titre du numéro | Revue de l'OFCE n°91 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Perspectives pour 2004-2005
- Département analyse et prévision p. 7Prévisions
- Pressions dominées - Perspectives 2004-2005 pour l’économie mondiale p. 13
- France : reprise à bas régime ! - Perspectives 2004-2005 pour l'économie française p. 37 L'année 2004 est incontestablement une année de reprise. Alors que la croissance de l'économie française avait été pratiquement nulle en 2003 (0,5 % en moyenne annuelle), elle devrait atteindre, cette année, 2,5 %. Ce redémarrage de l'économie résulte pour l'essentiel de la croissance de la consommation des ménages, malgré un climat peu porteur — faiblesse du pouvoir d'achat due à un marché du travail peu dynamique et à une accélération de l'inflation. Pour consommer, les ménages ont réduit leur épargne et recouru à l'emprunt. Cette évolution a été favorisée par le faible niveau des taux d'intérêt. La première condition pour que la croissance dure en 2005 est donc le maintien des taux d'intérêt à un niveau faible. Mais il faut aussi, pour que la croissance soit durable, que s'enclenche une spirale vertueuse d'augmentation des investissements productifs et des créations d'emplois. La bonne situation financière des entreprises permet d'envisager la réalisation de ce scénario. La croissance devrait donc atteindre 2,6 % en 2005. Elle favoriserait, à terme, la baisse du chômage et la reprise de la hausse des salaires. Bien entendu, des risques existent qui pourraient conduire à une rechute de l'économie en 2005. Pour l'essentiel, ils émanent de l'environnement international : poursuite de la hausse des prix du pétrole, ralentissement marqué de la croissance dans le monde, etc. Les risques internes paraissent plus limités, même si le gouvernement prend le risque d'un retour trop rapide à l'équilibre des finances publiques, ce qui devrait peser sur la croissance de 2005 (– 0,4 %). L'éclatement éventuel de la bulle immobilière en cours pourrait également remettre en cause les perspectives positives de cette l'année prochaine.Following near zero growth in 2003, recovery has taken up in 2004 with an expected GDP increase of 2.5 %. Consumption constitutes the main engine for growth in a weak environment of low purchasing power - caused by a stagnant job market and accelerating inflation - where households, helped by low interest rates, resorted to borrowing and spending their previously accumulated savings. For growth to last over 2005, rates must therefore remain low, and investment and job creation need to finally catch up, thus fostering consumption. The present corporate financial health should allow 2.6 % GDP growth in 2005, which will in turn reduce unemployment and boost wages. Significant uncertainties remain though, both internationally (major oil crisis, global slowdown...) and, albeit to a lesser extent, internally (accelerated deficit-targeting fiscal crunch, already forecast to contribute – 0.4 % to growth; or house price bubble bust).
- Fiches thématiques et fiches pays - p. 85
Études spéciales
- La politique budgétaire inversée - p. 147 Depuis trois ans, le maintien d'un différentiel de croissance positif entre les États-Unis et la zone euro a été soutenu par une politique discrétionnaire franchement expansionniste aux États-Unis. En 2004, les États-Unis comptent encore sur une croissance supérieure au potentiel pour limiter la dégradation du solde public, alors qu'ils maintiennent une impulsion budgétaire largement positive. Cette politique dénote de celle de la zone euro, qui, avec un différentiel de croissance encore négatif par rapport aux États-Unis et une progression de l'activité à un rythme inférieur au potentiel, pratique une politique encore légèrement restrictive. Néanmoins, pour la première fois depuis sa création en 1999, la zone euro atteindrait en 2004 la limite de déficit de 3 % du PIB établie par le Pacte de stabilité et de croissance. La dégradation du solde public, entamée en 2001, s'est accentuée en 2003, notamment en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, en Grèce et en Italie. En 2004, aidé par un impact de la conjoncture moins négatif, le déficit agrégé des pays de la zone a évité de dépasser la limite de 3 % grâce à une impulsion négative de 0,1 point de PIB. La dégradation des finances européennes résulte de dynamiques divergentes. Si l'Allemagne, la France, les Pays-Bas et, dans une moindre mesure, l'Autriche ont su imprimer une amélioration à leur solde public, l'Italie, la Grèce et, dans une moindre mesure, le Portugal ont creusé davantage leurs déficits. Les pays qui partaient d'une position budgétaire excédentaire en 2003, tels que l'Espagne, la Belgique et l'Irlande, affichent des déficits en 2004. Tous les pays ayant amélioré leurs finances publiques ont obtenu ce résultat par une impulsion budgétaire négative. La contrainte du Pacte de stabilité et de croissance a donc été intégrée par les pays menacés de la procédure de déficit excessif en 2003, et la rigueur sur les dépenses a caractérisé encore en 2004 les restrictions budgétaires des pays européens. L'amélioration du solde public agrégé de la zone euro aurait lieu dès 2005. Suite à une réduction de 0,4 point, le déficit budgétaire reviendrait en deçà de la limite de Maastricht. Le retour à un taux de croissance supérieur à celui du produit potentiel y participerait marginalement. Le respect de la discipline budgétaire serait obtenu sans coûts supplémentaires, grâce à une restriction du même ordre qu'en 2004. Ce retour graduel à une politique plutôt neutre aurait lieu alors que les États-Unis auraient une impulsion plus négative. Le différentiel de croissance entre les deux zones pourrait alors, sinon s'inverser, au moins s'annuler.
In 2004 the positive growth differential between the United States and the euro zone is maintained through a more accommodating fiscal policy. Benefiting from a rate of growth above potential, the American fiscal authorities can afford carrying on a loose fiscal stance with a limited deterioration of the public deficit. In the euro zone, the weak increase in economic growth is accompanied by a slightly restrictive fiscal policy, which will not prevent the euro zone public deficit from breaching the 3% limit of the Stability and Growth Pact (SGP). An improvement in euro zone public finances will occur from 2005, sustained by faster growth, while the fiscal stance will remain slightly negative. An abrupt tightening of the fiscal stance carried out by the American authorities will reduce the growth differential with the euro zone in 2005. - Politiques monétaires : la marche à suivre - p. 163 Le principal changement dans la politique monétaire au cours des six derniers mois est le resserrement des taux directeurs américains, marquant la fin d'une longue période d'attentisme. Préparés à l'avance, les marchés obligataires ont bien réagi à ce changement. Cependant, la politique monétaire est à présent rendue délicate par la flambée des prix du pétrole. Celle-ci appellerait plutôt à une hausse des taux, peu souhaitable quand les ménages sont fortement endettés et le boom immobilier susceptible de se retourner violemment. La Réserve fédérale et la Banque centrale européenne (BCE) semblent avoir décidé de privilégier la voie de la croissance, tout en restant vigilantes à toute information venant remettre en cause leur diagnostic d'une accélération temporaire de l'inflation. La Banque d'Angleterre a moins de souci à se faire quant au risque inflationniste et reste focalisée sur le dégonflement de la bulle immobilière. Pour la Banque du Japon, toute source d'inflation est la bienvenue. Le scénario central retenu est celui d'une hausse du taux directeur de la Réserve fédérale d'au minimum 125 points de base, étalée sur toute la période de prévision ; d'une hausse du taux directeur de la Banque d'Angleterre d'au maximum 50 points de base d'ici le premier trimestre 2005, puis d'une stabilisation ; d'une hausse du taux directeur de la BCE de 25 points de base en début d'année prochaine ; et d'une absence de changement de la politique monétaire japonaise.
The tightening cycle has at last begun in the United States. Bond markets have joined this movement. The next step for central banks is to handle the huge rise of oil prices without derailing the still fragile recovery. Choosing to support growth rather than unnecessarily combat the temporary pick up of inflation should lead the Federal Reserve to a 125 bp increase of the federal funds rate (to 3%). The ECB should tighten its rate only once, by 25 bp. Counting on a softening of the housing bubble, the Bank of England should interrupt its tightening cycle after two additional moves. No move is expected from the Bank of Japan because the Japanese economy has not yet ended deflation. - Logement : toujours plus haut ? - p. 179 Depuis 1997, les prix immobiliers ont fortement augmenté (+ 135 % au Royaume-Uni, + 120 % en Espagne, + 60 % en France et aux États-Unis). Ce boom immobilier s'est appuyé sur un revenu des ménages dynamique et des conditions de financement particulièrement favorables (bas niveau des taux d'intérêt et concurrence accrue sur le marché du crédit). À l'exception des français, les ménages de ces pays sont aujourd'hui très endettés. L'exubérance du marché immobilier a soutenu la croissance, non seulement par le biais de l'investissement logement, mais aussi de la consommation. Par un effet richesse, la valorisation du patrimoine immobilier des ménages a incité ces derniers à réduire leur taux d'épargne. De plus, aux États-Unis et au Royaume-Uni, les ménages ont pu renégocier leurs prêts et dégager ainsi des liquidités qui leur ont permis d'accroître leur consommation. À l'automne 2004, les perspectives de ralentissement de la demande posent la question d'une surévaluation des prix et d'un excès d'offre. Selon des études empiriques, les prix de l'immobilier seraient surévalués de 10 à 20 % en Espagne et au Royaume-Uni, légèrement surévalués en France et en ligne avec les fondamentaux aux États-Unis. En revanche, il ne semble pas y avoir d'excès d'offre, sauf peut-être en Espagne, où des signes de ralentissement commencent à se faire sentir, comme c'est déjà le cas aux États-Unis. Nous faisons l'hypothèse que, face aux perspectives de ralentissement de la demande qui se profilent, l'offre s'ajusterait rapidement et donc que l'ajustement nécessaire des prix immobiliers serait progressif. À l'horizon 2005, le marché immobilier contribuerait moins à la croissance, mais ne remettrait pas en cause le mouvement de reprise de l'activité.
Since 1997, house prices haven risen strongly (+135% in the United Kingdom, + 120% in Spain, + 60% in France and in the United States). Demand has been sustained by a dynamic household income and easy financing (low interest rates and deregulation of the credit market). As of October 2004, the indebtedness of households is very high, except in France. Moreover, house prices seem overvalued by 10 to 20% in Spain and in the United Kingdom, less so in France, whereas they are in line with fundamentals in the United States.
We expect a slowdown of demand and an adjustment of supply, that has already begun in some countries. So prices would adjust progressively and then less boost consumption, but it wouldn't stop the recovery. - L'investissement joue à « cash-cash » - p. 193 La rentabilité des entreprises s'est nettement redressée en 2003 et 2004. Amorcée aux États-Unis l'année dernière, la croissance des profits a cependant gagné l'Europe avec un temps de retard. Alors que la rentabilité semble avoir atteint un pic outre-Atlantique au troisième trimestre 2004, elle se poursuit avec vigueur en Europe qui devrait rattraper, puis dépasser à la fin 2004, les États-Unis. L'effet du cycle de productivité, plus précoce aux États-Unis du fait d'une reprise antérieure à celle de l'Europe, explique ce ciseau. Le rebond du taux d'investissement productif entamé au début de l'année 2003 aux États-Unis n'est pas encore visible dans la zone euro. Cependant, même aux États-Unis, les profits augmentent plus rapidement que l'investissement. Les taux d'autofinancement s'améliorent donc de part et d'autre de l'Atlantique, ce qui explique le moindre recours des SNF au financement externe. Les entreprises utilisent une part importante de leurs liquidités au désendettement, à la distribution de dividendes ou au rachat d'actions. En contrepartie, la qualité de la dette des sociétés s'est fortement améliorée, réduisant les primes de risque et encourageant l'offre de crédit bancaire à des coûts de plus en plus faibles. Cette position attentiste des entreprises profite plus aux marchés obligataires, rassurés par la diminution des risques, qu'aux marchés d'actions pénalisés en 2004 par la hausse des prix du pétrole et le manque de projets d'investissements. La sous-évaluation des cours boursiers européens, au regard des profits dégagés par les entreprises, et l'abondance de liquidités pourraient conduire à des opérations de rachat et à une augmentation de la valorisation boursière des marchés. L'augmentation de la capitalisation boursière faciliterait alors la croissance de l'investissement.US corporate profit margins have recovered since 2003. It seems they reached a peak in the third quarter of 2004. In Europe, the upturn has been somewhat delayed, but profitability is likely to gather momentum over the next quarters. Corporate investment is still much tentative in Europe, whereas it bounced back in 2003 in the USA. However, in both regions, profit margins have been used to cut indebtedness, distribute dividends or buy shares back, rather than invest. In consequence, corporate balance sheets have strongly improved, thereby reducing risk premiums, and encouraging loans at low costs. Business' wait-and-see stance has benefited bond markets rather than share markets to date.
- Pétrole : marée noire sur la croissance ? - p. 203 En pleine croissance, l'économie mondiale doit faire face à une flambée des prix du pétrole depuis plusieurs mois. Sur un an, les prix ont augmenté de 50 %, à 42,2 dollars le baril au troisième trimestre, et il est difficile de dire aujourd'hui jusqu'où cette envolée peut aller. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène : choc inattendu de la demande, fortes tensions sur les capacités productives et multiplicité des sources de perturbations, avérées ou potentielles, de la production. Cette hausse se traduit par un transfert de richesse des pays importateurs nets vers les pays exportateurs nets de pétrole, qui avoisinerait quelques 100 milliards de dollars en 2004 (soit 0,3 % du PIB de l'OCDE) et dont l'impact sur l'économie mondiale est globalement récessif. Dans les pays importateurs nets, l'inflation s'accélère et les revenus des agents diminuent. En 2004, les ménages américains et européens devraient perdre respectivement 0,5 et 0,3 point de pouvoir d'achat de leur revenu et donc freiner leur consommation. À l'horizon 2005, compte tenu de notre prévision de prix du pétrole (détente vers 33 dollars le baril de Brent fin 2005), la croissance de la zone euro serait amputée de 0,4 point de croissance. L'impact reste limité car circonscrit, la forte crédibilité des autorités monétaires à respecter leurs objectifs d'inflation suffisant à éviter la mise en place d'une spirale prix-salaires. Mi-octobre, les prix dépassaient 50 dollars le baril. Dans l'hypothèse où ils restent à ce niveau en 2005, l'impact serait alors un peu plus violent et amputerait dès la première année la croissance des pays développés de quelques dixièmes de points supplémentaires. En cas de resserrement monétaire, l'impact serait d'environ – 0,6 point de PIB. La zone euro serait autant, voire légèrement plus affectée que les États-Unis ou le Japon. Pourtant, certaines caractéristiques structurelles jouent en sa faveur : malgré une dépendance du PIB aux importations nettes de pétrole légèrement plus élevée qu'aux États-Unis, l'intensité pétrolière y est 30 % plus faible. Les pays en développement et en transition importateurs nets de pétrole seraient néanmoins les plus affectés, un choc pétrole pouvant faire réapparaître des déséquilibres sous-jacents : solvabilité insuffisante, sur-accumulation, secteur bancaire fragile... À l'inverse, les pays exportateurs de pétrole utiliseraient leurs pétrodollars pour accroître leurs dépenses et stimuler leurs importations. Une partie serait recyclée sur les marchés financiers internationaux.Since early 2004, oil prices have increased by 50% as a combined result of a demand shock, tensions on production capacities and supply disruptions. The surplus of wealth from oil importing to exporting countries nears 100 bn dollars (0.3% of OECD GDP) in the whole year. Households' real income should decrease by 0.3 point in the euro zone and by 0.5 point in the US. According to our oil price forecasts (33 dollars a barrel by the end of 2005), GDP growth should be reduced by 0.4 point in 2004-2005. Should prices remain at 50 dollars throughout 2005, growth in industrial countries will be further impaired (0.6 point with a monetary policy response), but developing economies will suffer more. Oil producing countries should increase their imports and the reintroduction of petro dollars on financial markets should hold international interest rates down.
- Débat sur les perspectives économiques - p. 223
- La politique budgétaire inversée - p. 147
Dossier : l'assurance maladie
- Economie de la santé : avancées théoriques et opérationnelles - Sandrine Chambaretaud et Laurence Hartmann p. 237 Depuis les travaux de Arrow sur « l'économie des soins médicaux » en 1963, l'économie de la santé a connu un développement considérable. Trois grands axes de recherche sont présentés dans cet article : la nature de la demande, l'analyse de l'assurance maladie et les politiques de régulation. Le premier axe distingue notamment les « besoins » de santé qui traduisent une détérioration de l'état de santé, la transposition de ces besoins en demande de soins qui requiert l'intermédiation — délicate à évaluer — des offreurs de soins, et le lien entre l'état de santé et la consommation de soins — difficile à quantifier en général mais qui peut être appréhendé de manière plus ciblée grâce au développement de l'évaluation médico-économique. L'assurance maladie a été l'objet d'investigations importantes, notamment l'analyse des asymétries d'informations entre assureurs et assurés, source, d'une part d'anti-sélection, pouvant entraîner l'éviction du marché de l'assurance des individus présentant des niveaux de risque élevés ; d'autre part de risque moral, qui peut conduire à une consommation excessive de biens et services médicaux. L'impact de l'assurance sur les offreurs de soins peut aussi créer un biais technologique qui les amène à développer des innovations dont les bénéfices sociaux sont inférieurs au coût réel. Enfin, un dernier ensemble de travaux traite de la régulation du système de santé. Une première voie est celle de la responsabilisation financière de la demande, qui conduit à une baisse des dépenses de l'assurance maladie, mais qui suppose que les patients ont la capacité d'évaluer l'opportunité de leurs dépenses. Par ailleurs, concernant la rémunération des professionnels et des établissements de santé, les résultats théoriques montrent la supériorité — en termes d'incitation et de partage des risques — des systèmes de paiement mixtes sur les mécanismes de remboursement ex post et les budgets globaux définis ex ante. Enfin, en termes de maîtrise des dépenses, l'intégration des fonctions d'assurance et de production de soins est un mode d'organisation globalement performant, mais il est difficile de faire la part des bénéfices qui relèvent de la rationalisation de la consommation et ceux liés aux stratégies de sélection de la clientèle par les assureurs.Since Arrow's seminal paper in 1963, health economics has been highly investigated. This paper gives a brief overview of recent developments in health economics following three main directions. First, we analyze health care demand and the link between this demand, needs and health status. Second, a lot have been done on health insurance markets and the problems arising with information asymmetries, mainly moral hazard and adverse selection. Finally, health care system regulation analysis, including patients' responsabilisation, producers' payments and incentives, and managed care organization, has been extensively developed from a theoretical and an empirical point of view.
- Assurance maladie : soins de court terme et traitement à long terme - Gérard Cornilleau, Cyrille Hagneré et Bruno Ventelou p. 269 Le déficit de l'assurance maladie a conduit le gouvernement à réformer le système de santé afin de modérer la croissance des dépenses. Dans ce contexte, l'article a pour objet de présenter l'état des lieux du système de santé et les différentes réformes envisageables. Dans sa dernière partie, il présente une première analyse des mesures décidées en 2004. La France dépense beaucoup pour la santé, mais nettement moins que les États-Unis et à peu près autant que ses principaux partenaires européens. Au cours des années 1990, la croissance des dépenses y a été particulièrement faible. La reprise observée récemment vient ainsi compenser une évolution anormalement faible au cours de la période antérieure. Toutefois, l'assurance maladie connaît un déficit structurel dû au fait qu'en moyenne, sur longue période, la croissance des dépenses est supérieure à celle du PIB. Les facteurs de cette croissance sont connus : augmentation des revenus — qui s'accompagne d'exigences plus grandes en matière de qualité des soins —, vieillissement de la population et progrès des techniques médicales. En conséquence, il serait naturel de programmer à l'avance les hausses de prélèvements nécessaires au financement des dépenses. Des réformes microéconomiques sont, en outre, nécessaires pour améliorer, ou simplement maintenir, l'efficacité du système. Compte tenu des particularités du service rendu par le système de soins, il n'est pas souhaitable de remettre en cause le principe de sa mutualisation dans le cadre d'une assurance publique. Comme la « responsabilisation » des patients, par une contribution directe au paiement des soins, ne peut être que limitée, les réformes envisageables portent surtout sur la restructuration de l'offre. La réforme de 2004 comporte des mesures susceptibles de contribuer à cette restructuration : meilleure coordination par l'informatisation du dossier médical, obligation de passage par un médecin référent, etc. Mais elle ne modifie pas les modalités de rémunération des médecins. Les mesures de 2004 ne changent donc pas radicalement un système auquel les Français sont sincèrement attachés.Health spending as a share of GDP stands in France at the average level of industrial economies and much below than in the US. Recently, spending has rapidly accelerated leading to a rise in public health insurance accounts deficits. This paper analyses the factors behind these changes: ageing populations, rising incomes boosting the demand for high quality health care, medical progress. At the macro level the future increases in social contributions that will be needed to balance health accounts should be planned. But reforms are also needed at the micro level to improve the efficiency of the health care system. The reform decided in 2004 introduces some elements of managed care (computerised medical records; referent doctor in charge of care coordination) but does not alter the core structure of a system that performs well for the majority of the French.
- Assurance maladie : Redéfinir le partage entre couverture obligatoire et complémentaire ? - Christine Delvallée et Bruno Ventelou p. 333 L'article cherche à évaluer l'effet d'une modification du partage public/privé en matière d'assurance maladie, cette évolution étant toujours plausible compte tenu d'une certaine orientation du système de santé français vers le déremboursement public. Le travail est effectué à partir d'une base de données microéconomiques, permettant de lier conditions économiques (revenus déclarés), accès aux soins, consommation de soins et données de santé. On peut alors proposer des évaluations macroéconomiques — i.e. quelle réduction du déficit de l'assurance maladie ? — mais aussi microéconomiques : quels types de ménages et de malades risquent le plus de souffrir des déremboursements, quelle population cibler pour l'aide à l'achat d'une assurance complémentaire, quelle hausse peut-on prévoir pour les primes d'assurance ? On s'interroge enfin sur la rationalité d'une telle mesure, qui, pour être utile et efficace, devrait être accompagnée non seulement d'une politique de redistribution visant à compenser ses effets sur les personnes âgées et/ou les malades dénués d'assurances privées, mais aussi de mécanismes conduisant à un élargissement du pouvoir de régulation des assureurs maladie — notamment des assurances complémentaires — sur la demande et l'offre médicale : par exemple, une plus grande participation de celles-ci à la production de soins.The article intends to evaluate the consequences of changing the mix between private and public health insurance in France, knowing that this evolution is induced de facto by the tendency of the French Social Security to opt for de-reimbursement policies. The analysis is built on a microeconomic representative database which authorises at the same time: macroeconomic assessment - how much to gain for public finances? - and microeconomic results: who is affected, who has been to be compensated and how much? The study shows that this strategy of reform should be complemented by, at least, two measures: compensation policies for elderly or unhealthy people without private health insurance; incitements for complementary insurance companies to take in charge the regulation of health services.
- Economie de la santé : avancées théoriques et opérationnelles - Sandrine Chambaretaud et Laurence Hartmann p. 237
- Débat sur les politiques budgétaires dans l'Union Européenne - C.R. colloque organisé par EUROFRAME (4/06/04)-
B.Ducoudré,C. Mathieu, H. Sterdyniak p. 349 Le colloque organisé par EUROFRAME le 4 juin 2004 était consacré aux politiques budgétaires dans l'Union européenne. La question de l'organisation des politiques budgétaires est importante en Europe puisqu'il s'agit du seul instrument qui reste aux gouvernements qui ont abandonné l'arme des taux d'intérêt et du taux de change. Six thèmes ont été abordés : — Quel bilan peut-on tirer des politiques budgétaires mises en œuvre en Europe depuis 1990 ? Furent-elles trop, ou pas assez, restrictives ? Comment s'explique le relâchement des efforts budgétaires depuis 1997 ? — La politique budgétaire est-elle toujours efficace ou existe-t-il des arguments théoriques et des preuves empiriques qui montrent qu'elle a perdu son efficacité, voire même qu'elle a désormais des effets pervers ? — La politique budgétaire doit-elle rester discrétionnaire ? Faut-il des règles de politique budgétaire explicites ? Faut-il des conseils d'experts indépendants pour surveiller, ou même gérer, la politique budgétaire ? — Comment la politique budgétaire doit-elle être organisée dans le cadre de la zone euro ? Faut-il de nouvelles règles pour le Pacte de stabilité et de croissance, plus de pouvoir à la Commission, une meilleure coordination par le Conseil ou plus d'autonomie nationale ? — En quoi la réflexion sur l'organisation de la politique budgétaire est-elle modifiée par l'élargissement, qui augmente la disparité des situations en Europe ? — Faut-il uniformiser les systèmes fiscaux en Europe, faut-il les coordonner pour permettre aux pays de pratiquer effectivement des politiques fiscales autonomes ou faut-il laisser jouer librement la concurrence fiscale ?This paper provides an outline of the first EUROFRAME conference on fiscal policies in the European Union held in Paris, 4 June 2004. Seven topics were addressed: 1) Assessment of European fiscal policies since 1990. 2) Fiscal policy effectiveness: any evidence of anti-Keynesian effects? 3) Fiscal policy interdependences in Europe: any gains to be expected from policy coordination? 4) Does EU need fiscal coordination or competition? 5) Impact of the European enlargement on the policy framework 6) What fiscal framework should be preferred: explicit rules, independent experts committees or discretionary policies? 7) Reforming the Stability and Growth Pact: better rules, debt surveillance, more powers to the Commission, more coordination by the Eurogroup, more national autonomy? Finally, a round-table discussed the strategy needed in Europe: more active macroeconomic policies or structural reforms?