Titre | Traduction littéraire comme vecteur de la civilité : la réception de Duras à Taïwan via la traduction de Hu Pin-Ching | |
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Auteur | Huang Shih-Hsien, Lin Te-Yu | |
Revue | Monde Chinois | |
Numéro | no 69, 2022/2 Civilité et société civile à Taïwan | |
Rubrique / Thématique | Dossier. Civilité et Société Civile à Taïwan : la littérature comme espace transitionnel |
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Page | 114-130 | |
Mots-clés (matière) | culture écrivain féminisme littérature livre | |
Mots-clés (géographie) | France Taiwan | |
Résumé |
Durant les années 1970-1980, Duras commence à acquérir un lectorat populaire à Taïwan grâce à la traduction de Hu Pin-Ching (胡品清). La notoriété de Duras atteint son paroxysme avec la publication de L'Amant en 1984. À une époque où la littérature taïwanaise cherche à se débarrasser de la forme stérile dictée par l'autorité officielle, l'œuvre de Duras coïncide avec la tentative de la littérature de Taïwan de se frayer un nouveau chemin en s'appropriant la littérature étrangère. L'écriture innovante, l'esprit rebelle et l'engagement social, qui font la singularité de l'œuvre de Duras semblent la préparer à une réception inespérée, du monde entier comme à Taïwan. La traductrice Hu Pin-Ching a rempli à cet égard le rôle de médiateur dans la transmission de Duras à Taïwan. Parmi les auteurs français qu'elle a traduits, le choix de Duras frappe par sa différence radicale avec les romans français traditionnels. On s'interrogera pour savoir comment la traductrice, par-delà cette opposition entre l'innovation et le conservatisme, s'adonne au plaisir de traduire et parvient à restituer de Duras une conscience féminine qui lui est propre. Duras incarne en effet une nouvelle façon de sentir la littérature. Non seulement elle a suscité un vif attrait auprès du grand public, mais encore elle exerce des influences sur la création romanesque de Taïwan. Toutefois, toute œuvre traduite fait l'objet d'une métamorphose idéologique en fonction du contexte socio-culturel qui l'accueille. L'œuvre de Duras, transférée à Taïwan, donne lieu à des interprétations exclusivement féministes, de même que l'auteure s'est érigée en figure emblématique du féminisme. L'œuvre durassienne est présentée comme intimement liée à l'exotisme et l'érotisme, tant est si bien que l'aspect anti-colonial, pourtant à l'œuvre dès les tout premiers romans de Duras, est sinon occulté, du moins relégué au second plan. On verra que, malgré la distorsion dans la réception – s'appuyer sur l'un des discours dominants au détriment des autres –, cette traduction littéraire peut servir de tremplin démocratique, dans la mesure où, en oscillant tour à tour entre telle ou telle lecture, elle résiste à l'hégémonie des opinions, et engendre une myriade de réécritures et d'intertextualités créatrices à Taïwan. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
During the 1970s and 1980s, Duras gained a popular readership in Taiwan because of the translation of Hu Pin-Ching. Duras reached the climax of her notoriety with the publication of L'Amant in 1984. At this time in Taiwanese literature, with the trend of seeking to get rid of the sterile form dictated by the official authority, Duras' work coincided with literary attempts to forge a new path by appropriating foreign literature. The innovative writing, rebellious spirit, and social engagement that made Duras' work unique seemed to prepare her for an unexpected reception, both from all over the world and in Taiwan. As a mediator of cultures, the translator Hu Pin-Ching plays a crucial role. Her choice of Duras struck for its radical difference from the other traditional French novels. The question is how the translator, beyond the opposition between innovation and conservatism, indulges in the pleasure of translating and manages to restore Duras' feminine consciousness of her own. Duras embodied a new way of sensibility in her literary work. Not only has it attracted a lot of attention from the general public, but it also exerts influences on Taiwan's novel creation. However, any translated work is subject to an ideological metamorphosis depending on the socio-cultural context that hosts it. Duras' work in Taiwan gave rise to exclusively feminist interpretations, just as the author has established herself as emblematic figure of feminism. The Durassian work translated in Taiwan was presented with features as exoticism and eroticism, so much so that the anti-colonial aspect, yet at work from the very first novels of Duras, was if not hidden, at least relegated to the background. It will be seen that, despite the distortion in reception – relying on one of the dominant discourses to the detriment of others – this literary translation can serve as a democratic springboard, insofar as, by oscillation in turn between this or that reading, it resists the hegemony of opinions, and generates a myriad of rewritings and creative intertextualities in Taiwan. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=MOCHI_069_0114 (accès réservé) |