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Titre Le rôle du commerce pour une adaptation résiliente au changement climatique dans l'agriculture africaine
Auteur Henri Casella, Jaime de Melo
Mir@bel Revue Revue d'économie du développement
Numéro vol. 32, no 4, décembre 2022 L'Afrique face au changement climatique : quels choix financiers ?
Page 41-88
Résumé Cette étude explore les connaissances scientifiques sur la manière dont le commerce peut aider l'Afrique à s'adapter au changement climatique (CC) dans trois domaines : (i) les événements à déclenchement rapide provenant d'événements extrêmes de courte durée (inondations, températures extrêmes) ; (ii) les événements à évolution lente (augmentation des températures moyennes et élévation du niveau de la mer) ; et enfin (iii) les politiques de facilitation du commerce. Événements à déclenchement rapide. Le commerce réduit l'amplitude des dommages liés aux événements extrêmes, par exemple, les sécheresses. Mais certaines réactions de politiques économiques peuvent augmenter l'amplitude de ces chocs. Lors de la sécheresse sud-africaine de 2015-2016, les politiques ont eu des retombées dans les pays voisins. Après la crise financière de 2008-2009, les restrictions à l'exportation imposées par les principaux exportateurs de denrées alimentaires et la réduction des droits de douane par les importateurs ont amplifié le choc. La coordination des politiques est donc nécessaire pour en contrôler les retombées négatives. Événements à évolution lente. Les efforts de modélisation relevés dans la littérature se sont concentrés sur l'exploration des « marges » d'ajustement au changement climatique : changements dans les niveaux de production des cultures existantes ; changements dans les denrées alimentaires ; changements dans l'utilisation des terres ; délocalisation de la main-d'œuvre vers les zones urbaines/migration ; ajustements du volume des échanges à différentes échelles (régionales ou internationales). L'ensemble des modèles examinés montre que l'élargissement des canaux d'ajustement atténue l'amplitude de la perte de bien-être due au changement climatique attendue au cours du 21e siècle. La décomposition des changements de bien-être suggère deux conclusions. Premièrement, les ajustements dans la sélection des cultures et dans les partenariats commerciaux bilatéraux contribuent à peu près également à réduire le coût des ajustements. Deuxièmement, la forte augmentation attendue des prix des denrées alimentaires résultant du réchauffement climatique est susceptible de toucher plus durement l'Afrique subsaharienne. Facilitation des échanges. Un système commercial mondial opérationnel est un bien public dont la valeur augmentera avec le changement climatique. L'accès libre et sans entrave à l'approvisionnement mondial en denrées alimentaires (et autres produits essentiels) doit être garanti, en particulier pour l'Afrique. Cela requiert un rapprochement entre les régimes commerciaux et climatiques. Pour commencer, outre l'élimination des subventions néfastes (combustibles fossiles, pêche), les pays développés pourraient conclure un Accord plurilatéral sur les Biens Environnementaux (ABE). Un tel accord serait une triple victoire pour le commerce, pour l'environnement et pour l'agriculture africaine qui nécessite un accès sans droits de douane aux Biens Environnementaux ciblés à l'Adaptation (BEA) au changement climatique. L'étude étudie les droits de douane portant sur les biens environnementaux en les comparant aux autres biens. Ensuite, des provisions sur la préservation de l'environnement devraient figurer dans l'architecture des traités sur le commerce en Afrique. L'étude conclut que les pays africains pourraient améliorer le fonctionnement de l'architecture politique continentale par plusieurs mesures. Tout d'abord, en intégrant des provisions environnementales dans le traité de la ZLECAf (Zone de Libre-Échange Continentale Africaine). Ensuite, en retirant les BEA des listes d'exclusion de la ZLECAf, en réduisant simultanément leurs barrières commerciales sur les BEA et sur les Produits Préférables Écologiquement (PPE).
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The paper reports on evidence on how trade can help Africa adapt to Climate Change (CC) along three dimensions: (i) fast-onset events from short-lived extreme occurrences (floods, extreme temperatures); (ii) slow-onset events (rise in average temperatures and sea-level rise); (iii) trade facilitation policies. Fast-onset events. Trade reduces the amplitude of extreme events like a drought. But policy reactions to large shocks can increase the amplitude of the shock. During the South African drought of 2015-6, policies had spillovers in neighboring countries. Following the 2008-09 financial crisis, export restrictions by major crop exporters and reduction in tariffs by importers amplified the shock. Policy coordination is needed to control spillover effects. Slow-onset events. Modelling efforts have concentrated on exploring the ‘margins' of adjustment to CC: changes in production levels of existing crops; switches in crops; changes in land utilization; labor relocating to urban areas/migration; adjustments in the volume of trade at different scales (regional or international). All reviewed models show that enlarging the channels of adjustment mitigate the amplitude of the loss in welfare from expected CC over the 21st Century. Decomposing the welfare changes suggests two conclusions. First adjustments in crop selection and in bilateral trade partners contribute approximately equally to reducing the costs of adjustments. Second, the expected sharp increase in food prices resulting from warming is likely to hit SSA most strongly. Trade facilitation. A functioning global trading system is a public good to become more valuable under CC. Free and unfettered access to global food (and other key) supplies must be ensured, especially for Africa. This requires a rapprochement between the trade and climate regimes. As an entry point, besides dealing with harmful subsidies (fossil fuels, fisheries), developed countries could conclude a plurilateral Environmental Goods Agreement (EGA) that would be a triple win for trade, for the environment, and for African agriculture that needs tariff-free access to climate-Adaptation related EGs (AEGs). The paper documents the magnitude of tariffs on Environmental Goods. The paper concludes that African countries could improve the functioning of the continental policy architecture by several measures. First, by excluding AEGs from exclusion lists on the AfCFTA while simultaneously reducing their barriers to trade on AEGs and EPPs. Second, preserving the environment should be mainstreamed in the African trade architecture by including environmental provisions. Codes JEL : Q50, Q56, F18, F64.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=EDD_363_0041 (accès réservé)