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Titre Au tribunal des femmes enceintes. Enquête sur les pratiques d'interruption médicale de grossesse pour détresse psychosociale
Auteur Raphaël Perrin
Mir@bel Revue Revue française des Affaires sociales
Numéro no 2, avril-juin 2023 Les parentalités empêchées
Rubrique / Thématique
Qui sont les parents (il)légitimes ?
Page 107-129
Résumé Si jusqu'à 14 semaines de grossesse les femmes enceintes sont – en principe – seules décisionnaires de la poursuite ou de l'interruption d'une grossesse, au-delà de ce terme l'interruption est soumise à une autorisation médicale. Les femmes peuvent alors entrer dans une procédure complexe d'interruption médicale de grossesse (IMG) pour détresse psychosociale, qui leur impose d'objectiver et de défendre les raisons qui rendent la poursuite de leur grossesse impossible lors de consultations obligatoires avec un·e gynécologue, un·e psychologue, un·e assistant·e social·e et souvent un·e psychiatre. Pour le/la sociologue, c'est un contexte privilégié pour étudier les institutions et professionnel·les qui encadrent le devenir parent. Par la pathologisation des vies et des conduites procréatives des femmes en demande d'IMG, ils et elles construisent l'écart à la norme procréative – selon des critères de classe, de race, de santé, d'âge, de déviance par rapport aux normes sexuelles, conjugales et judiciaires – comme un problème médical. Les parentalités déviantes font ainsi l'objet d'un diagnostic justifiant non seulement l'avortement hors du délai de l'IVG, mais aussi la prévention de grossesses futures par l'imposition d'une contraception de longue durée d'action. Reléguant au second plan son rôle thérapeutique, l'institution médicale se fait garante de l'ordre reproductif, dessinant un droit – voire un devoir – différentiel à être mère ou à ne pas l'être.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais While women are, in theory, the only ones to decide whether to continue or end a pregnancy in the first 14 weeks, beyond this date ending a pregnancy requires a doctor's approval. Women can undergo the complex procedure of a medical termination of pregnancy (MTP) due to psychosocial distress, which requires them to express and defend their reasons why they cannot continue with the pregnancy during mandatory consultations with a gynaecologist, psychologist, social care worker and often a psychiatrist. For sociologists, it is an opportunity to analyse the institutions and professionals that oversee someone's future as a parent. By pathologising the lives and reproductive behaviour of women who want to have an MTP, these institutions and professionals present the deviation from the reproductive norm – which is rooted in criteria relating to social class, race, health, age and to deviations from sexual, marital and legal norms – as a medical problem. As a result, deviant parenthoods are given a diagnosis that justifies not only an abortion beyond the timeframe of a voluntary termination of a pregnancy but also preventing future pregnancies by imposing the norm of using contraception. The institution of medicine therefore relegates its therapeutic role to the sidelines and turns itself into a champion of reproductive order, laying down a differential right – obligation, even – to be or not to be a mother.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RFAS_232_0107 (accès réservé)