Titre | La production individuelle et collective des bonnes pratiques dans une activité non encadrée. Étude de cas d'un conflit entre praticien·nes de la cartomancie en ligne | |
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Auteur | Quentin Gilliotte, Emmanuelle Guittet | |
Revue | Sociologies pratiques | |
Numéro | no 46, avril 2023 Chercher la faute. La trame morale du travail | |
Rubrique / Thématique | Réponses sociologiques |
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Page | 31-41 | |
Résumé |
À partir d'une polémique observée dans le domaine des activités de cartomancie menées en ligne, nous interrogeons la construction individuelle et collective de la responsabilité et des bonnes pratiques professionnelles dans un milieu marqué par l'informalité et par l'absence d'instances officielles d'encadrement ou de régulation. Nous nous appuyons sur une vingtaine d'entretiens menés auprès de productrices de vidéos de « taroscopes » publiées sur YouTube (des vidéos de prédiction montrant des tirages de cartes de tarot ou d'oracles effectués à partir des signes astrologiques pour une période donnée), qui pratiquent également des consultations individuelles.Nous montrons que l'enjeu principal pour les praticien·nes est de légitimer leur pratique individuelle de la cartomancie, en produisant individuellement et collectivement des normes éthiques. Ces normes sont construites en opposition à la figure du charlatan, qu'elles contribuent à construire comme figure repoussoir tout en cherchant à ne pas discréditer l'ensemble de la profession. Pour mettre à distance la faute professionnelle, et avec des variations selon que leur activité relève d'un pôle de médiumnité ou de développement personnel, les cartomancien·nes mettent individuellement en avant de façon ostensible un code éthique mis en place pour protéger les audiences. Enfin c'est la faute qui est déplacée, à la fois sur le caractère magique de leur pratique (ils et elles ne font que « transmettre les messages »), mais également sur les audiences qui sont rendues responsables de leur consommation. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Based on a controversy observed in the field of online fortune-telling activities, we investigate the individual and collective construction of accountability and professional ethics in an environment characterized by informality and by the absence of official regulatory bodies. We rely on twenty interviews conducted with producers of “taroscopes” videos published on YouTube (prediction videos depicting the drawing of tarot cards or oracles based on astrological signs, for a given period), who also provide personal consultations.We show that the main challenge for practitioners is to legitimize their individual practice of fortune-telling, by individually and collectively producing ethical standards. These norms are constructed in opposition to the charlatan figure, which they contribute to build as a repulsive figure, while trying not to discredit the whole profession. In order to distance themselves from professional malpractice, and with variations according to whether their activity is directed towards mediumship or personal development, the fortune-tellers individually and ostensibly put forward a code of ethics set up to protect their audiences. Finally, the blame is transferred, both to the magical character of their practice (they only “transmit messages”), but also to the audiences who are held responsible for their own consumption. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SOPR_046_0031 (accès réservé) |