Titre | Les limites de la mansuétude. Analyse du traitement de la faute dans une organisation humanitaire internationale | |
---|---|---|
Auteur | Ludovic Joxe, Stéphanie Meneghini | |
Revue | Sociologies pratiques | |
Numéro | no 46, avril 2023 Chercher la faute. La trame morale du travail | |
Rubrique / Thématique | Réponses sociologiques |
|
Page | 55-65 | |
Résumé |
Au sein du secteur humanitaire, voué à l'allègement de la souffrance d'autrui, comment caractériser une faute et infliger une sanction potentiellement douloureuse ? Comment juger, c'est-à-dire considérer que chacun est responsable de ses actes, dans un milieu fondé sur le fait que les inégalités sociales sont en partie dues à des déterminismes sociaux ? Dans quelle mesure la tolérance à la déviance y est-elle exacerbée et la condamnation atténuée, voire éliminée ? Où situer les frontières de l'acceptable ? Pour répondre à ces questions, nous nous intéressons à une organisation du secteur humanitaire, Médecins sans frontières ( msf), et nous nous appuyons sur des situations issues de la trentaine de missions que les auteurs de cet article ont, à eux deux, réalisées à travers le monde pour msf depuis 2010, et sur un corpus de matériel ethnographique recueilli entre 2014 et 2016. De ces éléments, il ressort que le traitement de la faute chez msf mène à une première mansuétude, au cœur même du principe de justice d'un collectif, la mansuétude rationnelle, fruit d'un calcul bénéfice/risque visant la protection du groupe. Cette première mansuétude est doublée d'une autre, davantage spécifique au secteur humanitaire, la mansuétude compassionnelle, préservant cette fois-ci l'individu. Nous montrons alors que, chez msf, la mansuétude s'efface et qu'une faute est néanmoins caractérisée lorsqu'un intérêt particulier prévaut sur l'intérêt collectif. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Résumé anglais |
In the humanitarian sector, dedicated to alleviating people's suffering, how to qualify a misconduct and impose a potentially painful sanction? How can one judge, i.e. consider that everyone is responsible for their act, in a working area based on the fact that human inequalities are partly due to social determinisms? To what extent tolerating deviance is exacerbated and sentences are attenuated if not lifted? Where do the limits of the acceptable stop? To answer these questions, we focus on an organization in the humanitarian sector, Doctors Without Borders ( msf), and draw on situations from the thirty missions that the authors of this article have, between them, carried out around the world for msf since 2010, and on a body of ethnographic material collected between 2014 and 2016. From these elements, it comes out that the treatment given to misconduct within msf leads to a first leniency, at the core of the principle of justice in a collective, the rational leniency, the result of a benefit/risk calculation aimed at protecting the group. This primary leniency is coupled with another, more specific to the humanitarian sector, the compassionate leniency, which protects the individual. We then give evidence that, at msf, this double leniency subsides and that a misconduct is eventually qualified where an individual interest prevails over the collective one. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Article en ligne | https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SOPR_046_0055 (accès réservé) |