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Titre Des mères de famille au chevet des avortantes : une stigmatisation renouvelée dans les centres d'interruption volontaire de grossesse
Auteur Laurine Thizy
Mir@bel Revue Travail, genres et société
Numéro no 49, 2023 LGBTQ au travail
Rubrique / Thématique
Mutations
Page 141-160
Résumé Cet article s'intéresse à la prise en charge des interruptions volontaires de grossesses telle qu'elle s'effectue dans des centres d'orthogénie de l'hôpital public. L'objectif est de montrer que le contrôle social des avortantes est tributaire du recrutement genré des équipes médicales et soignantes. Les professionnelles de l'orthogénie, presque exclusivement des femmes déjà mères, choisissent cette spécialité délaissée moins par militantisme que pour se rendre davantage disponibles pour leur vie familiale, renonçant de fait à une activité professionnelle plus valorisée. Une telle organisation du travail amène ainsi auprès des avortantes des professionnelles ayant une conception plutôt essentialiste de la maternité et des rapports de genre. La prise en charge proposée se fonde sur un travail émotionnel de care, d'autant plus nécessaire qu'il constitue la principale source de reconnaissance au travail, en l'absence d'une importante technicité. Ce travail de care, faiblement politisé, performe cependant des attentes genrées envers les usagères et contribue paradoxalement à renouveler la stigmatisation de l'avortement.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This article focuses on the care for patients seeking abortions in public family planning centers. It aims to show that the social control of abortion seekers depends on the gendered recruitment of the medical and nursing staff. Family planning professionals are almost exclusively women and mothers who choose this neglected specialty less out of activism than to be more available for their family life, thus giving up a more prestigious occupation. Such a work organization puts professionals with a rather essentialist conception of gender relations and motherhood in contact with abortion seekers. The care offered is based on emotional work, which is all the more necessary as it constitutes the main source of the professionals' recognition at work, in the absence of significant technical skills. This weakly politicized form of care work nevertheless performs gendered expectations towards users and paradoxically contributes to renewing the stigmatization of abortion.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=TGS_049_0141