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Titre Mettre l'intime en bande dessinée. Un dialogue avec Léna Merhej et Noémie Honein
Auteur Michela De Giacometti, Laura Odasso
Mir@bel Revue L'année du Maghreb
Numéro no 29, 2023 Dossier : Intimités en tension
Rubrique / Thématique
Dossier : Intimités en tension
Page 137-162
Résumé Cet entretien rend compte de l'échange que nous avons eu avec Noémie Honein et Léna Merhej – deux artistes libanaises particulièrement connues pour leurs travaux en bande dessinée – au sujet de leurs trajectoires, ainsi que de leurs quêtes, interrogations et pratique artistiques. Leurs parcours, singuliers et témoignant de générations différentes, convergent dans leur volonté de mettre en récit et en dessin l'intimité. Dans De l'importance du poil de nez, Noémie Honein explore son expérience de la maladie, alors qu'à l'âge de vingt ans elle apprend être atteinte d'un cancer. La mise en récit de cette période de sa vie, sous forme de bande dessinée, s'apparente à un voyage à la découverte de ses relations intimes : celles qu'elle entretient avec sa famille et celles qu'elle développe avec son corps qui se métamorphose au fur et à mesure des thérapies. Elle interroge ainsi son rapport à la sexualité, également affectée par la maladie. Née d'une mère allemande et d'un père libanais, Léna Merhej consacre l'un de ses premiers travaux Laban et confiture, ou comment ma mère est devenue Libanaise à narrer une intimité familiale traversée par la guerre du Liban (1975-1990), la reconstruction du pays, et encore la guerre de l'été 2006. Elle y explore la question des identités plurielles dans la pratique du quotidien et joue habilement avec les stéréotypes d'une prétendue identité libanaise. En 2007, Léna Merhej fonde au Liban, avec trois autres artistes et dessinateurs, la revue Samandal (« salamandre » en arabe), dont la vocation est d'être, à l'image de cet amphibien, une entité hybride. Il s'agit, à l'origine, d'un projet expérimental destiné à soutenir la publication d'œuvres de ce premier groupe d'artistes. La revue se transforme rapidement en un collectif et élargit ses horizons pour inclure les bandes dessinées d'autres artistes du monde arabe et d'ailleurs. En 2016, Samandal publie en France, pour des raisons de censure, aux éditions Alifbata, le numéro intitulé Ça restera entre nous : un ouvrage sans fard sur le thème de la sexualité qui offre des planches illustrées, dans quatre langues (arabe, français, anglais et italien), de 27 artistes internationaux. Lever le voile sur les expériences singulières des corps – celles de la sexualité et celles de la maladie – invite à explorer les contextes dans lesquels celles-ci prennent forme : les vécus personnels de ces femmes sont en effet intimement mêlés à des conjonctures politiques et à l'expérience collective. Ces deux artistes – qui vivent désormais entre la France et le Liban – se racontent, parlent de leur famille et dressent aussi le portrait de leur pays d'origine, le Liban.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais In this interview, we talk with Lebanese artists Léna Merhej and Noémie Honein about their respective practices and trajectories as cartoonists, a craft for which they are particularly known. Issued from two different generations, Léna Merhej and Noémie Honein use of their singular experiences to draw and narrate the intimate, thus testifying of converging interests. In her De l'importance du poil de nez, Noémie Honein explores her experience of the disease, after discovering, at the age of twenty, that she had cancer. Translating this period of her life into comics represents to this artist a journey into the intimate relationships she maintains with her family, with a body submitted by therapies to radical transformations, and with sexuality. Born of a German mother and a Lebanese father, Léna Merhej devotes one of her first works, Laban and Jam, or how my mother became Lebanese to narrate domestic intimacy during the Lebanese war (1975-1990), the reconstruction of the country, and the 2006 summer's war. Here, she explores her and her mother's plural identities and family daily's practices, and skillfully plays with the stereotypes of an imaged Lebanese identity. In 2007, Léna Merhej founded, with three Lebanese artists and cartoonists, the magazine Samandal (“salamander” in Arabic), whose vocation is to be, like this amphibian, a hybrid entity. Originally born as a publishing platform to support works from this first group of artists, the magazine soon transformed into a collective and broadened its horizons to include comics made by artists from the Arab world and beyond. To avoid censorship, Samandal published in France, in 2016, the issue entitled Ça restera entre nous (It will remain between us), an unvarnished work about sexuality which includes the illustrated boards of 27 international artists in four different languages (Arabic, French, English and Italian). By lifting the veil on the body and its multiple experiences, such as sexuality and illness, Léna Merhej and Noémie Honein invites us to explore social and political contexts in which these experiences are embedded: these women's lives are indeed intimately intertwined with political conjunctures and the collective experience. These two artists – who now live between France and Lebanon – tell their own stories through the portrait they paint of their country of origin, Lebanon, and of their families.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne https://journals.openedition.org/anneemaghreb/11810